Titre légendaire sorti en fin de vie de la Wii, Xenoblade Chronicles revient le 29 mai prochain sur Switch avec une Definitive Edition aux doux embruns de remaster. Voici ce que nous avons pensé de la troisième version de ce RPG japonais massif.
- Genre : RPG japonais
- Date de sortie : 29/05/2020
- Plateforme : Nintendo Switch
- Développeur : Monolith
- Éditeur : Nintendo
- Prix : 49,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : Nintendo Switch
Stéphanie de Monado
Ecriture, scénario
Dans des temps immémoriaux, deux titans se livrent une bataille interminable sur une étendue d'eau à l'horizon infinie. Après des échanges de coups particulièrement violents, les deux colosses, Bionis et Mékonis, se figent dans un repos éternel, alors que la vie commence à fleurir sur leurs corps. Deux peuples voient le jour : les homz de Bionis et les mékons de Mékonis. Ces deux civilisations vont alors perpétrer le combat de leurs Dieux monde en se livrant une guerre aux innombrables victimes. De ces effusions de sang et d'étincelles, l'Histoire retiendra Monado, l'épée rouge capable de fendre la carcasse des mékons et Dunban, son porteur, héros de la Colonie 6 gravement touché au bras au cours de la "bataille de l'épée". Plusieurs années plus tard, Shulk, jeune scientifique de la colonie 6 va, bien malgré lui, entrer en possession de l'épée de légende et en libérer ses pouvoirs de divination. La suite de l'histoire, on vous laisse la découvrir, on ne va pas aller plus avant dans la description de ce dernier, tout simplement parce que les rebondissements sont légions. On est face à du JRPG "shonen" pur jus, avec tout ce que cela implique en menaces de plus en plus puissantes et en pouvoirs craqués.
Une histoire très rythmée donc, portée par un groupe de héros aux aspirations distinctes : tous vont avoir le droit à leur quart d'heure de gloire au cours de l'épopée, même si le traitement de certains d'entre eux est un peu en retrait. Reyn, par exemple, ne sort jamais vraiment de son rôle de meilleur pote pataud de Shulk et même si c'est une armoire à glace au grand coeur, on aurait apprécié que le personnage gagne davantage en épaisseur au fil du temps. Quelques soucis d'écriture sont également à relever dans certains arcs, notamment dans celui de Mélia, trop vite expédié et surement moins passionnant qu'il n'aurait dû l'être. Attention, on chipote là, Xenoblade Chronicles propose un voyage aux proportions colossales, avec des enjeux épiques et des moments de bravoure appuyés par des cutscenes superbement mises en scène. Dix ans plus tard, la puissance de cette aventure qui s'étale sur plus de 80 heures n'a rien perdue de sa superbe et malgré quelques sorties de route, il s'agit d'un classique intemporel, définitivement. Enfin ça c'est pour la trame principale, tout ce qui est contenu secondaire est beaucoup moins enthousiasmant et la palanquée de quêtes annexes proposée n'est qu'un prétexte au farm et à l'exploration approfondie des zones, dommage.
Risk of Reyn
Gameplay, contenu
Souvent taxé de "MMO offline", le gameplay de XC propose un système de combat qui partage effectivement de nombreux points communs avec World of Warcraft et consorts, mais il réussit aussi à s'éloigner de ces exemples avec quelques mécaniques plutôt bien trouvées. Pendant la baston, le personnage que vous contrôlez va lancer des attaques automatiques à intervalles réguliers, remplissant sa jauge de spécial et augmentant la "menace" que l'on peut tout bonnement comparé à "l'aggro" dans les titres massivement multijoueurs. Autour de ces assauts constants, chaque protagoniste dispose d'une ceinture de compétences à cooldown nommés arts qu'il va falloir déclencher sur le bon flanc d'un monstre pour jouir d'effets bonus très pratiques. Tout cet arsenal contribue également à remplir une jauge de symbiose entre tous les membres du groupe : divisée en trois segments, cette barre a plusieurs fonctions, dont celle de réanimer un allié en échange d'un segment, ou de déclencher un combo surpuissant gelant le temps et permettant au trio de lancer une compétence à tour de rôle. Le but ultime est de passer votre opposant à l'état d'hébètement, ce qui n'est pas si évident, puisque grâce à vos arts et à ceux de vos collègues, vous allez devoir faire vaciller l'ennemi, puis le faire tomber, et enfin l'hébéter, sachant qu'il n'est possible de contrôler qu'un seul héros à la fois. A ce sujet, l'IA allié ne fait pas franchement de miracle et il arrive bien souvent qu'elle n'enchaine pas les attaques nécessaires à la chute ou à l'étourdissement dans le bon timing, assez rageant.
Enfin, le plus gros élément différenciant du gameplay est associé à Monado elle-même, puisqu'elle permet tout simplement à Shulk de voir l'avenir et donc de prévenir certaines attaques surpuissantes grâce aux techniques spéciales de l'épée. En dernier recours, le blondinet peut aussi prévenir un membre de l'équipe contre un segment de la barre de groupe, une action qui aura elle aussi pour effet de geler le temps en vous laissant le choix de la réponse au danger à venir. Dans l'ensemble, les combats fonctionnent et sont source de nombreux rebondissements : certaines rixes désespérées finissent par passer grâce à une résurrection ou à une bonne anticipation des attaques ennemies. Par contre, l'ensemble est beaucoup trop chargé en informations, avec des scores d'attaque ennemis et alliés qui explosent de partout, couplé à un ciblage loin d'être sans reproche, oui, Xenoblade est brouillon. De même, si vous jouez Shulk tout du long, une certaine redondance peut s'installer, puisque son nombre d'arts normaux est plutôt faible, ce qui ne laisse finalement que peu de place à la créativité. Sur ce point, XC2 et son extension Torna ont réussi à fournir les efforts nécessaires pour améliorer les bases de ce système plaisant, mais bourré d'imperfections.
XC brille davantage côté exploration, avec des zones véritablement gigantesques, construites avec un grand sois et dont la générosité transpire tous les 10 mètres. Il y a toujours quelque chose à faire, à voir, ou à débloquer, de simples succès internes aux recoins cachés abritant moult récompenses et le tout sans aucune frustration, puisque les morts ne ramènent que quelques mètres avant, tandis qu'il est possible de changer l'heure ou de vous téléporter aux 4 coins du monde en quelques instants : côté confort de jeu, Xenoblade est toujours un exemple dont on aimerait que plus de studios s'inspire, à une exception près. En effet, chaque ennemi déglingué est susceptible de laisser tomber un coffre qui force à marquer un temps d'arrêt de quelques secondes à chaque ouverture, sur de gros groupes d'ennemis, on vous laisse deviner où est le problème.
Enfin ça ne pèse pas bien lourd dans la balance et globalement Chronicles conjugue voyage et progression sans fausse note : le loot tombe régulièrement, le système de gemmes propose des effets bonus très pratiques et l'encyclopédie, tout à fait accessoire, assure des petits cadeaux supplémentaires. Avec les dizaines de quêtes annexes dans chaque zone et le sociogramme à compléter, vous avez au bas mot de quoi passer plus de 150 heures dans le monde de Xenoblade, facile. D'autant que cette Definitive Edition en rajoute une couche avec des défis chronométrés (pas forcément très intéressants), mais aussi un mode expert fonctionnant comme les auberges de Xenoblade Chronicles 2 : cette fonction ouvre une banque de points d'expérience qui va mettre de côté les points reçus sur les quêtes annexes, les découvertes de lieux-dits, etc. Après, libre à vous de distribuer les niveaux en réserve sur vos personnages, ou de rester en leveling limité afin d'apprécier le jeu avec un challenge plus corsé : il s'agit d'un ajout très intéressant, puisque cela permet d'adapter la difficulté des affrontements en fonction de son humeur ou de ses envies, finalement plutôt raccord avec la générosité du titre et l'envie de limiter la frustration autant que possible.
Beau mékon
Technique, direction artistique
Les débats font rage depuis quelques jours sur les réseaux : le jeu ne serait pas à une résolution convenable, en docké comme en nomade. Et pourtant, il s'agit bien d'une version grandement améliorée du jeu Wii, quant au mode portable, Monolith a fait d'énormes efforts pour rendre son interface plus claire et pour que l'ensemble du jeu soit le plus agréable possible à prendre en main et ça fonctionne, le jeu est à des années lumière devant Xenoblade Chronicles 2 pour ce type d'usage. Il ne faut pas non plus s'attendre à une refonte magique qui va faire disparaitre tous les problèmes techniques inhérents aux productions Monolith : le clipping fait tâche et dans l'ensemble, même si les textures sont retravaillées, ne vous attendez pas à retrouver un jeu transfiguré à la Final Fantasy 7 Remake. Dans le même ordre d'idée, les démarches et les animations des cutscenes de dialogues semblent directement reprises de la version Wii, pour un retour 10 ans en arrière qu'on se serait épargné volontiers.
Toutefois, la taille gargantuesque des zones et le soin apporté aux modèles de personnages font rapidement oublier ces quelques écueils techniques, d'autant que le jeu tient ses 30fps dans à peu près tous les cas de figure, seules les régions les plus vastes de Bionis ont raison de quelques fps dans des conditions bien spécifiques. En tout cas le constat est assez clair, avec ses temps de chargement réduits à peau de chagrin, ses musiques réorchestrées avec finesse et une expérience de jeu très agréable en docké comme en mode portable, il s'agit de la meilleure manière de découvrir ce gros morceau du RPG japonais, quoiqu'en pensent les amateurs de "haute résolution". Cerise sur le gâteau, la possibilité d'équiper des pièces "d'apparat" pour le cosmétique, une excellente nouvelle pour ceux qui trouvaient ridicules d'avoir un set d'armure craqué représenté par un slip de bain.
Futur intérieur
Chapitre Un Avenir Commun
Disponible dès le menu principal, ce chapitre additionnel se déroule sur l'épaule de Bionis, une zone légendaire pour de nombreux fans de Xeno, puisque cette zone était déjà présente dans les fichiers du jeu à l'époque de la sortie du jeu Wii. Aujourd'hui, elle est le théâtre d'un épisode "filler" centré sur Melia, avec une histoire originale pas franchement convaincante entre deux camps hayenthes. Alors que l'on s'attendait à des révélations un peu plus juteuses et un possible renforcement du lien avec Chronicles, eh bien que nenni, vous pouvez vous la mettre derrière l'oreille, on est sur un bonus qui n'est finalement que ça, un bonus.
Pour l'occasion quelques mécaniques de gameplay changent et le trio habituel des combats est renforcé par des petits nopons qui vont vous assister automatiquement. Les bestioles sont aussi à l'origine d'une attaque spéciale avec 3 QTE à enchainer : tout cela est loin, très loin d'être passionnant. il n'y a donc finalement pas grand chose à tirer de ce chapitre supplémentaire, si ce n'est plus d'exploration dans une zone de bonne taille et une énième fournée de contenus annexes à explorer, c'est déjà ça de pris.