Cela fait déjà un peu plus d'un an que nous accompagnons les frères Diaz dans leur road trip en direction du Mexique. Tout n'a pas été simple jusque-là pour eux, mais il est temps de mettre un terme à leur aventure avec le dernier épisode de la série de Dontnod et Square Enix qui vient de sortir, même si cela risque d'être un déchire-cœur de se séparer des deux frangins. Intitulé Wolves, ce cinquième et dernier épisode de Life is Strange 2 fait donc respectivement suite à Roads, Rules, Wastelands et Faith. La saison complète est désormais disponible pour ceux qui n'auraient pas encore succombé à la tentation ou qui préfèrent attendre que la saison soit achevée pour la faire d'une traite. On rappellera d'ailleurs à nouveau, si cela est nécessaire, que si vous voulez éviter les spoilers des épisodes précédents, mieux vaut sauter le premier paragraphe. Quoi qu'il en soit, après le Nevada de l'épisode précédent, place à l'Arizona et à son désert, dernière étape avant le bout de l'Amérique et la frontière mexicaine.
- Genre : Aventure narrative épisodique
- Date de sortie : 3 décembre 2019 (27 septembre 2018, 24 janvier, 9 mai 2019 et 22 août 2019 pour les autres épisodes)
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One
- Développeur : Dontnod
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 39,99 € (saison complète) disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Mexico, Mexiiiiiiiiiiiico
Sept semaines se sont écoulées depuis les événements de Haven Point. Sean et Daniel sont désormais à nouveau réunis aux côtés de leur mère dans le désert de l'Arizona où elle réside en compagnie d'une trentaine d'autres personnes au sein d'AWAY, une communauté vivant en quasi-autarcie. Composée à la base des hippies et autres artistes l'ayant fondé en 1975, elle accueille désormais différents types d'individus ayant tous une bonne raison de se trouver ici. Joan, l'amie de Karen, par exemple, est une artiste reconnue ayant décidé de fuir le monde des requins dans lequel elle se trouvait. Arthur et Stanley, eux, ont préféré s'isoler pour échapper à l'homophobie.
Malgré une communauté vieillissante, Daniel et Sean ont tout de même trouvé leur place et se sentent bien à AWAY, même si Daniel a encore du mal à se remettre des événements passés. Il s'en veut toujours pour l’œil de Sean et est régulièrement sujet à des cauchemars sur Haven Point et Lisbeth. Mais il reste un enfant et tout est prétexte au jeu. Et il maîtrise désormais d'autant plus son pouvoir qu'il n'a pas à le cacher à AWAY. Il leur faudra toutefois bientôt se résigner à partir car le FBI est plus que jamais sur leurs traces. Les adieux seront difficiles mais c'est la fin de leur voyage qui s'annonce et une nouvelle vie à Puerto Lobos, comme en rêvait leur père, à condition bien sûr que rien ne vienne à nouveau entraver leur périple et qu'ils parviennent à traverser la frontière.
Arizona Dream
Dès les premières images de ce dernier épisode, la magie opère. Partis camper au sommet d'un canyon pour admirer les étoiles à la fraîche, après une longue randonnée, Sean et Daniel jouissent ici d'une vue magnifique baignée des couleurs rougeâtres et violacées du soleil levant. Une fois redescendus au campement, le style graphique continue de faire son effet, la direction artistique reste l'un des gros points positifs du titre. On retrouve également la bande-son envoûtante de celui-ci et le doublage aux petits oignons des acteurs, toujours en VO sous-titrée bien entendu. Et à part des propos qui se déclenchent parfois en même temps et empêchent de bien tout comprendre en se mélangeant, ainsi que quelques freezes sur la fin, le jeu est techniquement au point. On pourrait juste aussi reprocher la difficulté parfois rencontrée à sélectionner l'objet désiré, notamment dans les endroits étroits.
Le titre joue comme à son habitude sur les sentiments humains et les émotions, tout particulièrement lors des phases contemplatives sur fond de guitare sèche nostalgique ou autre musique mettant du vague à l'âme. Il met également en place des situations permettant de mener une réflexion sur des phénomènes sociaux, comme la complexité des liens familiaux, et lie ses propos à l'actualité. On note par exemple la présence de ce mur qui se dresse le long de la frontière sud des États-Unis et tout l'espoir qui réside dans la migration mexicaine, bien qu'elle soit aussi source de haine et de rejet de la part de certains américains qui vivent cela comme une invasion avec pour seul objectif de venir profiter de leur système et voler tout ce qui leur appartient. Enfin, comme à l'accoutumée, des références sont régulièrement faites aux personnages précédemment croisés comme Brody, Jacob, Cassidy, Chris ou Lyla bien sûr. Un parallèle bien amené est même opéré avec l'histoire de Max et Chloé à Arcadia Bay.
See you dudes
Au niveau du gameplay, là aussi on reste bien entendu en terrain connu avec les choix de réponses dont il faudra parfois assumer les conséquences, tout particulièrement sur le comportement de Daniel. Celui-ci a en effet mûri au cours du temps et se fait de plus en plus sa propre opinion en prenant ses propres décisions qui pourront très bien parfois aller à l'encontre des vôtres. À ce sujet, il y a dans cet épisode très peu de décisions charnières comme on a pu être habitué au cours des épisodes précédents. À vrai dire, il n'y en a même qu'une seule qui ait une réelle importance pour la suite, à la fin de l'épisode. Et elle n'est pas simple à prendre, même si, de toute façon, Daniel n'acceptera pas forcément de s'y plier, cela dépend de la moralité que vous avez développé en lui par vos actions et vos décisions, et de la confiance qu'il vous accorde. Il y a en tout 7 fins possibles dont 2 seulement à partir de ce que vous avez construit. Il faudra donc tout recommencer le jeu sous un autre angle pour pouvoir appréheder les autres fins.
De même, nous retrouvons beaucoup moins de phases où l'on s'assoit pour admirer le paysage ou pour dessiner. À part regarder les divers objets et documents du décor, ainsi que rechercher au passage les 6 objets de collection classiques, on est davantage spectateur qu'acteur dans Wolves. Ce n'est pas dramatique en soi, car il faut bien conclure l'histoire qui nous est contée depuis septembre 2018, mais il faut le savoir. Après, tous les sentiments et toutes les émotions qu'il parvient à soulever en nous et le portrait de la société américaine qu'il dresse compensent largement ce petit bémol. Qu'il est dur de se dire que l'aventure est terminée.
Voir la suite