Atlus nous a habitué aux histoires un peu étranges avec les Persona et les Shin Megami Tensei, mais Catherine allait beaucoup plus loin. Bien qu'il n'ait clairement pas fait l'unanimité, il avait certainement marqué les esprits avec son approche bien particulière de thèmes clairement matures, une dose non négligeable de nudité, et son histoire étrange, voire dérangeante. Le moment est venu d'ouvrir une nouvelle bouteille et de découvrir, ou redécouvrir, ce vintage avec Catherine: Full Body.
- Genre : Puzzles, Dating Sim
- Date de sortie : 3 septembre 2019
- Plateforme : PS4
- Développeur : Atlus
- Éditeur : Deep Silver
- Prix : 59,99€
- Testé sur : PS4 Pro
Nice buddy Catherine
Commençons par ouvrir une petite parenthèse sur le remaster du jeu, qui est correct. Les textures et modèles sont généralement propres et sans aliasing, et en dehors de quelques cutscenes et gros plans sur le mobilier qui montrent de bien vilains angles, il n'y a pas grand chose à en redire. La direction artistique similaire aux Persona fait passer le tout sans problème, même si c'est loin d'être très soigné graphiquement. Les nombreuses cinématiques façon "anime" n'ont pas trop mal vieilli, et de nouvelles vous attendent.
Au niveau du son, le choix de musiques a également été enrichi avec de nouveaux titres propres à Catherine: Full Body, ainsi qu'à différents titres Atlus comme Persona 5, Dancing All Night et même Persona Q. Il n'y a pas de doublage français, mais le doublage anglais est d'excellente facture, et les sous-titres en français parviennent à capturer l'humour et le ton des conversations sans être trop littéraux.
J'aime le cube
Si vous êtes un des rares adeptes des puzzles particulièrement retors de Catherine, à base de déplacements de cubes, vous devriez être particulièrement intéressé par cette nouvelle édition, qui propose des options multijoueur améliorées. Indépendants de l'histoire, ces modes proposent d'escalader les niveaux de Babel, que ce soit en mode solo, en duo, ou en mode versus. Vous pouvez participer au classement en ligne si vous êtes particulièrement bon. Ce sont des centaines de nouveaux puzzles qui vous attendent.
L'histoire principale, de son côté, vous proposera plusieurs modes de difficulté. Le mode Normal est cependant affreusement difficile et a traumatisé la majorité des joueurs du titre original, avec ses casse-têtes en temps limité qui demandent de calculer et d'anticiper le bon parcours. Le mode Facile, lui, l'est un peu trop et donne trop souvent l'impression d'avoir une route toute tracée en plus d'avoir un nombre de vies infinies et des outils comme la progression automatique. Il manque clairement un juste milieu. Signalons aussi qu'un nouveau mode de jeu va changer la façon dont sont construits les labyrinthes de l'histoire principale. Les cubes seront fusionnés pour former des formes diverses qu'il faudra déplacer de la bonne manière, ce qui offre une touche de fraîcheur bienvenue aux habitués, mais qui laissera probablement de marbre ceux qui jouent pour l'histoire.
Le beauf gelé nouveau
Pour en revenir à nos moutons, l'histoire principale vous permettra de suivre Vincent, un trentenaire paumé en pleine crise existentielle. Il vient d'entamer un nouveau job, et il est effrayé de faire progresser sa relation de longue date avec sa petite amie Katherine (avec un K). Qui plus est, il n'a pas d'argent, il fume comme un pompier et il passe ses soirées au bar avec ses amis du lycée. On pourrait le prendre pour une version ratée de Joker de Persona 5, un protagoniste de harem devenu adulte. Pour compliquer les choses, il semble être affligé d'une malédiction : chaque nuit il est plongé en caleçon dans un cauchemar qui le force à escalader une tour infernale à base de cubes à déplacer, poursuivi par un monstre hideux qui incarne ses traumatismes et troubles du moment. S'il tombe ou s'il est rattrapé, c'est une mort bien réelle qui l'attend. Pour couronner le tout, après une soirée bien arrosée, il a couché avec une femme fatale du nom de Catherine (avec un C cette fois), ce qui va affliger sa conscience. Ce sera à vous de le sortir de ses doutes, de sa culpabilité et son incapacité à prendre une décision afin qu'il ait une chance d'atteindre le bout de son aventure en vie avec une fin heureuse (ou non).
Après chaque nuit de cauchemars mortels et une journée de travail éreintant, vous pourrez guider Vincent au bar, le Stray Sheep, afin d’interagir avec ses amis et les clients. C'est ici que la partie dating sim entre en jeu. Il faudra gérer votre temps, donner les bonnes réponses, choisir comment orienter votre karma, et répondre aux sms de vos petites amies entre autres. En fonction de vos réponses, elles seront susceptibles ou non de vous appeler ou de vous envoyer des images coquines par SMS, que vous pourrez aller visionner aux toilettes. Mentionnons aussi la possibilité de consommer différents alcools afin d'oublier vos problèmes, pendant que le narrateur vous raconte des anecdotes sur différents breuvages. Et si vous aimez vraiment les puzzles, vous pourrez aussi résoudre les centaines de niveaux de la borne d'arcade, qui propose une vision rétro et alternative de l'escalade de cubes.
Les clients du bar ont tous leurs soucis, leur histoire et leurs drames personnels, et vous aurez l'occasion de les aider dans le monde réel, ou dans votre cauchemar commun. C'est ici qu'entre en scène le nouveau personnage majeur de cette édition, Rin (pour QatheRINe), qui semble être une jeune fille amnésique, poursuivie par quelqu'un. Vincent a beau être un loser, il a aussi bon cœur, et il l'a aidée à s'échapper, à trouver un logement à côté du sien, ainsi qu'un travail en tant que pianiste au Stray Sheep. Douce et innocente, voire apaisante, Rin se démarque significativement de ses 2 homonymes, mais elle a de toute évidence son lot de secrets et de mystères.
Rin apparaît rapidement dans le cauchemar, en tant qu'entité salvatrice des moutons condamnés à grimper à la tour. Le fait de jouer du piano permet de ralentir la chute des cubes ou les monstres qui poursuivent Vincent entre autres. Ce sera à vous de faire les bons choix lors des confessions pour choisir ou non d'emprunter sa voie et les nouvelles fins disponibles. Sans spoiler, disons simplement qu'une fois encore, des surprises vous attendent. Le jeu de base est volontairement plein de clichés et de philosophie de comptoir à prendre au second degré, et même si cette nouvelle histoire a sans aucun doute son charme, elle n'est probablement pas pour tout le monde. Précisons au passage que trouver les bons choix à faire par vous-même s'avérera difficile, entre la jauge de karma et des questions existentielles au résultat obscur, il vous faudra sortir un walkthrough, utiliser des sauvegardes ou refaire le jeu plusieurs fois pour débloquer les fins souhaitées, qui peuvent être heureuses ou tragiques, ce qui a tendance à briser l'immersion.
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