Avons-nous encore besoin de présenter Francis Ford Coppola ? Non seulement le réalisateur du Parrain n'a plus rien à prouver, mais il a déjà démontré que son talent ne s'arrête pas à la réalisation. Il a su aider sa fille Sofia à nous proposer certains des plus beaux films du début des années 2000 (Virgin Suicides, Lost in Translation). Lorsqu'il a annoncé préparer Megalopolis, le réalisateur a déclaré qu'il avait accepté de faire plusieurs films juste pour amasser de l'argent dans le but de pouvoir un jour donner naissance à ce long métrage. Au final, Francis Ford Coppola a investi plus de 120 millions de dollars de sa poche pour ce film. Megalopolis n'est cependant pas le seul film à avoir mûri dans l'esprit d'un artiste pendant des décennies.
Mad God, le film qui a mis 30 ans à sortir à cause de Jurassic Park
Des fois, patienter des années avant de sortir un film est un choix artistique. L'exemple le plus connu du cinéma est sans doute Boyhood, où le réalisateur Richard Linklater a choisi d'étaler le tournage de son film sur 12 années, afin de laisser le temps à l'acteur du personnage central Ellar Coltrane le temps de grandir. Casté à l'âge de 7 ans, l'acteur en avait 18 lors du clap de fin de tournage (l'année supplémentaire c'était pour le montage, l'acteur avait bien 19 ans lors de la sortie du film). Boyhood a été acclamé par les spectateurs et la critique, qui ont été ému par cet enfant, puis cet adolescent qui essaie de se construire et de donner du sens au divorce de ses parents.
Cependant Mad God n'est pas un film qui a été long à produire pour des raisons artistiques. Cela peut sembler bizarre, mais la première raison pour laquelle son réalisateur Phil Tippett a mis du temps à essayer de le tourner, est tout simplement parce qu'il ne croyait plus au projet. Mad God est un film d'animation en stop-motion, et il n'a jamais été question de l'adapter autrement dans l'esprit de Tippett. Ce n'est pas par son travail de réalisateur que Tippett s'est fait un nom à Hollywood, mais pour son travail sur les effets visuels. Si Jurassic Park est aussi beau, et se laisse encore regarder sans trop piquer les yeux 30 ans plus tard, c'est en grande partie grâce à lui. Seulement lors de son travail sur ce film, Tippett s'est rendu compte que la stop-motion (technique courante à l'époque) appartenait au passé, et que le futur prenait un chemin bien différent. Il a donc rangé le projet dans un coin de sa tête, et est passé à autre chose.
La résurrection
Si il a finalement décidé de produire Mad God des années plus tard, c'est grâce à la nouvelle génération avec laquelle il travaille. Certains d'entre eux ont grandi avec un autre des films sur lequel Tippett a travaillé : Robocop. Bien que le personnage principal soit effectivement un acteur dans un costume, les robots ED-209 sont eux des maquettes animées en stop-motion. Ses nouveaux partenaires ont convaincu l'artiste que même aujourd'hui, Mad God pourrait apporter quelque chose au cinéma. Tippett reconnaît d'ailleurs que ce film est autant le leur que le sien, car ce sont eux qui ont fait la plus grosse part de travail.
"Une cloche de plongée totalement corrodée plonge dans les profondeurs d'une ville en ruines. Un assassin en sort et va explorer la ville à travers un labyrinthe de paysages habités par d'étranges personnages", nous dit le synopsis du film. Mad God a pu voir le jour grâce à un financement participatif sur Kickstarter, et sa version finale a été présentée pour la première fois en 2021. Le film est aujourd'hui trouvable en version physique sur Amazon, ou en streaming sur la plateforme Shudder, spécialisée dans les films d'horreur. Mad God a été acclamé autant par les critiques que par les spectateurs, et pourrait bien devenir un classique du genre, un peu comme l'Étrange Noël de Mr. Jack.