Alors que Stellar Blade connaît un engouement certain depuis plusieurs semaines, et encore plus depuis le déploiement de sa démo jouable le 29 mars dernier, la polémique à l'égard de ce titre coréen signé Shift Up ne désenfle pas. Pourtant, le directeur du studio est loin d'en ignorer l'existence, il s'est même exprimé tout récemment à ce sujet dans une interview accordée au média coréen Ruliweb.
La force de Stellar Blade ? Sa polémique principale !
Difficile de mentionner Stellar Blade, ce jeu d'action-aventure et de combat dont la sortie officielle est fixée au vendredi 26 avril 2024, sans en mentionner la principale polémique. C'est même simple : la plupart des joueuses et joueurs ne connaissent ce titre que par ce biais, aussi absurde et désolant que cela puisse sembler.
Ce qui est reproché à ce jeu de Shift Up est plutôt simple : sa protagoniste, Eve, serait tout simplement trop sexualisée. Beaucoup, beaucoup trop même selon certains. Et on en voit déjà certains lever les yeux au ciel en lisant cela, pourtant le sujet est très sérieux et même revendiqué par l'éditeur qui a révélé avoir volontairement mis le paquet en matière de budget sur "le dos" d'Eve, incarnée par la modèle coréenne Shin Jae-eun.
Le problème c'est que les mœurs tendent à évoluer et qu'il n'est plus vraiment très bien perçu de publier un jeu dont le marketing repose presque exclusivement sur le corps exagérément sexualisé d'un personnage, et encore moins lorsqu'il s'agit d'une femme puisqu'elles ont souvent été sujet à une objectivisation compulsive de la part des éditeurs (et pas que) depuis des années. De ce fait, les vues en contreplongée plaçant le postérieur d'Eve au centre de l'écran pour satisfaire les supposés pulsions des joueuses et joueurs, les postures exagérément sexualisées en quasi-permanence et les tenues très légères du personnage ont eu tendance à faire s'agacer une partie du public occidental.
Les mêmes débats houleux reviennent ainsi en boucle depuis que Stellar Blade a gagné en popularité. Chacun y va de son commentaire souvent très extrême et frôlant l'indécence en oubliant au final le fond du problème : pourquoi Diable publier un jeu pareil en 2024 ? D'après les retours de celles et ceux ayant testé la démo le jeu serait même plutôt très bon, alors pourquoi ne pas tout miser sur son gameplay plus que la plastique de sa protagoniste principale ?
Une histoire de mœurs selon Hyung-Tae Kim
Personne ne peut sans doute mieux parler de ces raisons que Hyung-Tae Kim, le directeur de Shift Up, le studio à l'origine de Stellar Blade. Interviewé par le média coréen Ruliweb, celui-ci a brièvement évoqué la polémique majoritairement occidentalo-centrée qui entoure Eve depuis plusieurs semaines maintenant par le biais d'une question pour le moins directe : "Certains médias occidentaux ont exprimé leur malaise face à la représentation de personnages féminins dans Stellar Blade. Êtes-vous conscient de ces problèmes ?".
En réponse, Hyung-Tae Kim s'est contenté de rappeler que Stellar Blade n'avait vocation qu'à être un "produit culturel" et qu'il espère que les médias comme les joueuses et joueurs garderont cela à l'esprit en y jouant. Il a d'ailleurs rappelé que les mœurs occidentales modernes ont évoluées et ont eu tendance à davantage pousser les studios de jeux à faire refléter ces évolutions dans les personnages existant dans les jeux qu'ils produisent. Sous-entendu : ce n'est pas le cas en Corée du Sud, ou pas autant, d'où l'existence d'un personnage tel qu'Eve !
Le sujet est vaste et il y aurait sans doute un petit peu plus à dire que la simple réponse donnée par Hyung-Tae Kim à Ruliweb. Eve nous invite, malgré elle, à nous interroger une nouvelle fois sur la représentation des femmes dans les jeux vidéo mais aussi l'objectivisation de leur corps dès lors qu'il correspond aux supposés canons de beauté modernes. En clair et pour résumer, est-ce normal que l'éditeur choisisse de zoomer sur les parties communément considérées comme sexualisées d'un personnage féminin sous prétexte qu'il est supposé plaire ? Ne peut-on pas simplement incarner une femme sans qu'on nous impose les arrière-pensées de l'éditeur ?
Il s'agit là d'un véritable sujet d'actualité auquel Stellar Blade a malgré lui contribué... pas forcément de la meilleure des manières, certes, mais tout de même. Dommage que la question eût été éludée par la seule existence de mœurs variables d'une région à une autre, il y aurait tant à dire, et pas forcément qu'à la charge de Stellar Blade et Shit Up !