Alors que des fous furieux menacent de déchaîner le feu nucléaire pour servir leurs intérêts, et qu'une partie de la presse reprend par erreur une image de Fallout 76 pour illustrer la chose, on ne peut s'empêcher de penser au parallèle avec le tout premier jeu Fallout, qui souffle sa 25ème bougie. Sorti initialement le 30 septembre 1997 (ou le 10 octobre d'après certaines sources), le jeu proposait une vision profondément pessimiste d'un avenir rétro-futuriste dévasté par un conflit nucléaire global : il est inspiré de la vision optimiste de l’Amérique des années 50 et de son esthétique particulière appliquée à un univers de science-fiction.
Le 13 de la malchance
La longue cinématique d'ouverture du jeu donnait le ton, avec une chanson nostalgique qui entonne les "Maybe", avec une télévision qui alterne entre des exécutions brutales en pleine rue, et des publicités pour des voitures de luxe, alors qu'il n'y a plus que des ruines aux alentours. On enchaîne ensuite sur une petite leçon d'histoire, avec le conflit nucléaire qui a mené à la destruction de la civilisation, et son fameux "War never changes". Pour finir, on a droit à une cinématique en image de synthèse de l'ouverture de l’abri numéro 13, ainsi que de notre départ à l'aventure dans les terres désolées afin de trouver une puce de purification d'eau, dont les survivants ont besoin pour continuer à survivre isolés du monde. Ici, pas de grand drame, ni de sauvetage du monde, et être l'élu se limite à être le pauvre loser sacrifié par le dirigeant de l'abri, envoyé dans un environnement inconnu et hostile quasiment sans équipement, pendant que les autres se la coulent douce à l'intérieur. L'aventure peut alors prendre différentes directions, mais il n'y a pas de fin heureuse en vue pour "l'habitant de l’abri".
Pip-Boy et le Vault Boy
Un des points communs des jeux Fallout est l'utilisation d'un bracelet électronique intégrant un ordinateur avec de multiples fonctionnalités, et qui ne pèse que quelques kilos de plus que l'Apple Watch. C'est dans celui-ci qu'on peut découvrir la mascotte officielle de l'entreprise Vault-Tech, qui est devenue par extension celle de la série : le Vault Boy. Ce souriant garçon sert à illustrer les différentes compétences, caractéristiques et capacités. Un détail amusant est la source d'inspiration derrière le personnage, puisque c'est "Rich Uncle Pennybags", la mascotte du Monopoly.
Entre austérité et innovation
Considéré comme l'héritier spirituel de Wasteland (et non l'inverse, ironiquement), le premier Fallout a été développé et édité par Interplay, en collaboration avec Black Isle, auquel on doit aussi Baldur's Gate. Mais l'ambiance et le gameplay sont radicalement différents, même si ce sont deux jeux de rôle sur PC de la même époque. Fallout a fait le choix de combats au tour par tour avec un système de points d'action, et des mégatonnes de compétences et de statistiques. Tout est en nuances de brun et de gris dans l'univers de Fallout. Ici, pas d'éléments naturels, ni d'héroïsme, et encore moins de magie. Les personnages sont souvent horriblement défigurés ou mutés, et même les menus sont couverts d'une peinture écaillée.
De son côté, le gameplay des combats est relativement simple, les choses se jouent en grande partie avant le début de l'affrontement, ou avec la prise d'initiative, afin d'éliminer un ennemi dangereux avant qu'il n'ait pu agir, ou en engageant le combat de loin. On en retient surtout la possibilité de choisir entre plusieurs modes de tir pour les armes, et surtout, celle de viser une partie précise du corps de l'adversaire. Théoriquement, viser une jambe peut faire tomber l'adversaire, et toucher sa main pour le désarmer est une bonne idée. Mais en pratique, il suffisait presque toujours de viser les yeux pour tuer la cible aussi rapidement que possible. Les petits vicelards pouvaient aussi s'amuser à viser l'entrejambe de leur adversaire afin de rire un coup devant tant de cruauté, d'autant que les cadavres étaient déchiquetés avant de s'effondrer dans une mare de sang.
On retient davantage Fallout pour ses dialogues à choix multiples, avec des portraits animés qui s'ouvrent en grand à l'écran, ce qui permettait de voir le visage de son interlocuteur, ainsi que de jauger ses réactions. Pour un jeu en 2D isométrique de 1997, c'était très impressionnant. Un autre élément qui nous a marqué est l'immense carte de la côte Ouest américaine à explorer librement. Théoriquement, il était possible de tomber par hasard sur la base militaire dès le début du jeu, alors que c'est censé être une zone cachée, à explorer peu de temps avant de finir le jeu. Même si le nombre de destinations à visiter était assez limité, de nombreux événements pouvaient se dérouler durant les voyages, et certains d'entre eux étaient liés à vos statistiques. Avoir un personnage avec 10 de chance et des talents d'exploration permettait par exemple de trouver l'épave d'un OVNI avec un pistolet énergétique tout droit sorti de Mars Attacks!. Sans ça, vous ne seriez jamais tombés dessus. Combiné aux plusieurs fins possibles et aux nombreux builds jouables, cela donnait une bonne rejouabilité à Fallout.
Fallout of love
Riche de 6 titres principaux et d'une poignée de spin-offs, la saga Fallout a connu des hauts et des bas (surtout dernièrement). Si vous souhaitez les découvrir individuellement, on vous invite à jeter un œil à notre dossier dédié, très complet.
Quel avenir pour la licence ?
Officiellement, aucun nouveau titre Fallout n'a été annoncé à l'heure actuelle. Le MMORPG Fallout a été avorté il y a plus d'une décennie, et Bethesda propose encore du contenu pour Fallout 76. Le studio se concentre sur The Elder Scrolls 6 à l'heure actuelle, mais d'après les propos de Todd Howard, le producteur exécutif de Bethesda, Fallout viendrait ensuite, et un projet serait déjà à l'étude. Il ne faut néanmoins pas s'attendre à le voir arriver avant de très longues années. Beaucoup de fans espèrent plutôt qu'Obsidian Entertainment remette la main à la patte, puisqu'on lui doit celui qui est considéré comme le dernier bon jeu de la licence, Fallout: New Vegas. Comme les deux studios sont à présent sous la houlette de Xbox Game Studios, ce n'est pas impossible.
En attendant, si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez découvrir (ou redécouvrir) Fallout à petit prix sur Steam et GoG.