Nous y voilà : la page de la saison 1 du chapitre 3 de Fortnite va se tourner ce week-end, et il va être difficile de nier qu'elle aura eu un léger goût amer. Pour les compétiteurs d'une part, mais aussi pour les joueurs beaucoup plus occasionnels, qui attendaient un peu plus qu'un retour de Tilted, pour renouer avec le Battle Royale de Epic Games. Qu'on se le dise : le Chapitre 3 (et par conséquent sa saison inaugurale) devait apporter un nouveau souffle à Fortnite, qui surfait depuis près de deux ans sur une routine relativement peu entraînante, à des années lumière de son Age d'Or.
Mais ni Spider-Man, ni Tilted, ni les dinos géants n'ont su raviver la flamme. Et pourtant, cette saison était littéralement réussie ; du contenu frais toutes les semaines, un arsenal cool, des partenariats originaux... Alors où est-ce que ça cloche ?
Saturés de collabs'
A ses débuts, Fortnite est apparu comme l'un des premiers jeux grand public à se lier constamment à la pop culture. L'insertion de skins de personnages de Comics, de séries TV ou même d'autres jeux vidéos était très suivie par la communauté. Il n'y a qu'à se rappeler de l'effet qu'avait produit l'arrivée de Thanos sur Fortnite. Le Battle Royale, alors à son apogée, faisait équipe avec les Avengers, eux aussi à leur prime.
Aujourd'hui, le rythme des partenariats cosmétiques s'est presque trop intensifié. C'est simple : les 3/4 des personnages de la pop culture sont devenus des avatars jouables sur le BR. C'est toujours cool, mais les joueurs sont tellement accoutumés aux crossovers en tout sens que ça ne les fait plus rêver. Cette saison inaugurale du chapitre 3 avait pourtant un très bon filon, avec le skin Spider-Man, et surtout son lance-toile, superbement retranscrit en jeu. Malheureusement, un tel invité de marque ne suffit plus à maintenir les joueurs en haleine sur une saison complète.
L'esport Fortnite sur la sellette
Depuis deux ans maintenant, les pros demandent à Epic Games de s'investir davantage dans l'esport de leur jeu. Au delà d'une deuxième World Cup, qui pourrait certainement relancer la machine et la hype sur les compétitions Fortnite, le jeu a grandement besoin d'un circuit pro mieux encadré. Les joueurs professionnels, encore et toujours victimes de triche et de bugs, y compris dans les plus hautes instances compétitives, se sentent délaissés par l'éditeur. Et ça s'est vu au cours de cette saison pour les francophones, puisque Nikof, Skite ou encore Airwaks, trois superstars de la scène, ont tiré leur révérence définitive.
Il est clair désormais que l'eSport n'est pas la clé de voûte de Fortnite selon Epic Games. L'éditeur mise davantage sur l'expérience de jeu des utilisateurs plus occasionnels. Mais il est évident que l'effritement de la scène compétitive aura des répercussions à long terme sur la popularité du jeu.
Des chiffres qui pourraient piquer
Il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions sur l'état de santé global de Fortnite. Epic Games n'a toujours pas publié les résultats financiers du jeu pour ce premier trimestre 2022 (et c'est bien normal), et les dernières stats étaient, de manière assez surprenante, toujours dans le vert. En 2021, Fortnite totalisait 350 millions de joueurs inscrits, contre seulement 250 millions en 2019. Seule l'audience Twitch a accusé au fil des années une sévère baisse (389 millions d'heures consommées au premier trimestre 2021 contre 560 millions au second trimestre 2020).
Les dernières batteries de données publiées par Epic, même si elle ne datent pas d'hier, n'ont donc rien d'alarmant. En toute honnêteté, cette saison 1 était d'ailleurs objectivement un très bon cru, même si la forte hype qu'elle a générée n'a pas dépassé son lancement.
Reste qu'on se fait un peu de mouron pour notre BR chéri, car il ne dégage plus la même aura qu'auparavant, et qu'on sait qu'il va falloir plus que des nouvelles armes et des nouveaux skins pour faire redécoller la machine.