Lors du dernier Forum Innovation Défense, centré sur les nouvelles technologies militaires, une annonce plutôt surprenante a été faite. Florence Parly, ministre des armées, a déclaré : "Je suis très fière de vous annoncer le lancement du projet d’esport LNX". Silence dans l'audience, qui n'aurait pas cru que le monde des jeux vidéos et celui de l'armée puissent un jour collaborer autrement que dans Call Of Duty. D'après la ministre, le secteur de l'esport et du gaming en général possède "un potentiel d'attractivité et de rayonnement considérable".
Le parallèle entre l'armée et les jeux-vidéos ? D'après la ministre des armées : "Demain, piloter un char de combat comme le Griffon, ce ne sera pas si différent que de s’orienter dans un jeu vidéo à l’aide d’un joystick". Donc tout "simplement" la ressemblance entre le maniement de véhicules blindés dans la vraie vie et en jeu.
Qu'est ce que LNX ?
C'est un projet mené par l’AID (Agence de l’Innovation de Défense), Les Jeunes IHEDN (association d’élèves militaires de l’Institut des hautes études de défense nationale) et le club d’esport montpelliérain MTP Esport. Le but principal du projet ? Il reste encore assez flou. Nicolas Besombes, fondateur de l’Association pour la recherche et les études francophones sur l’esport, identifie le but du recrutement de jeunes talents… ou de jeunes tout court. "L’armée cherche constamment à recruter des jeunes et veut utiliser l’esport comme levier d’adhésion et outil de recrutement", a-t-il déclaré au Monde.
Du côté de Dorian Petey, coordinateur du projet LNX, "le but n’est pas du tout d’embrigader les jeunes". Le but serait donc plutôt celui d'explorer de nouveaux horizons, pour le coup très lointains. Toutefois, l'armée française s'est fixée pour 2025 de très gros objectifs de recrutement, que (fort heureusement) l'esport et l'arrivée de nouvelles jeunes personnes pourront aider à atteindre.
Quels seront les jeux streamés par l'armée française ?
Les sessions esport de l'armée française seront diffusées directement sur Twitch. Au programme, toutes sortes de jeux et pas seulement (comme on aurait pu s'y attendre) des jeux de guerre ou de tir. Un des premiers jeux joués par l'armée sera sans doute le célèbre jeu Rocket League. Le jeu, mêlant football et courses de voitures, a rassemblé plus de 75 millions de joueurs depuis sa sortie et continue d'attirer l'attention du public.
Et ça tombe bien ! S'il y a bien une chose dont l'armée aura besoin pour ses streams c'est de la visibilité. En effet, la ministre des armées n'a pas donné plus de précision quant aux streamers de l'armée, mais sans grands noms de Twitch à leur coté ou de gameplay réellement intéressant, il est bien possible que l'engouement autour de la chaine retombe assez vite.
Les Français ne sont pas les premiers
En effet, l'armée Américaine l'a déjà fait. Elle possède une équipe esport officielle et organise elle même des tournois entre les différentes bases du pays. Le Pentagone avait même financé un jeu appelé America's Army, développé par Ubisoft et retraçant les aventures d'un soldat des Etats-Unis qui, comme on pourrait s'en douter, part à la guerre. Le but de ce jeu de tir a avant tout été d'informer, d'éduquer et de recruter de potentiels soldats. Il a été créé en 2022 mais ses serveurs fermeront en mai prochain car le jeu est la source de beaucoup de débats.
En Europe, les armées britannique et néerlandaise ont leur propre équipe esport qu'ils utilisent principalement afin de recruter des jeunes talents pour leur "cyber force", une unité de défense numérique du pays. Comme quoi, forces militaires et esport font bon ménage depuis plusieurs années, et le choc entre ces deux mondes peut des fois être très bénéfique pour les armées.
Le projet surprenant est toujours en phase de structuration et nous devrions sûrement en apprendre bientôt plus sur les futurs streams de l'armée française. Le directeur de l'AID a annoncé vouloir organiser le premier évènement esport d'ici 2024. Il s'appellera Eurodefense Battle et promet d'être… étonnant !