Photo : LoL Esports
Cette année encore le mercato est cruel pour les fans européens. Luka "Perkz" Perković, Andrei "Xerxe" Dragomir ou Finn "Finn" Wiestål sont allés grossir les rangs des talents made-in Europe en LCS. La région n'est pas vraiment plus compétitive si l'on se base sur les derniers résultats internationaux. Cette année encore, les NA n'ont pas réussi à sortir une seule équipe des groupes lors des Worlds de League of Legends. Mais la région est plus attractive financièrement. Avec de gros moyens, elle peut se permettre de sortir des contrats en or massif.
Nous ne sommes pas en position de juger la motivation des joueurs qui font leur propres choix de carrière en leur âme et conscience. Mais, nous avons quand même le droit, à posteriori, de faire leur bilan en LCS. Depuis le début de ces vagues d'exile, certains ont mieux réussi que d'autres. Aujourd'hui, nous mettrons à l'honneur les 5 Européens qui ont le plus brillé en Amérique du Nord.
1. Søren "Bjergsen" Bjerg : la référence
TSM (2013-2020)
Bjergsen a pris sa retraite à l'issue des Worlds 2020 de League of Legends. Il reste cependant chez TSM en devenant le nouveau head coach de l'équipe. Après 8 ans de bons et loyaux services, le midlaner danois mérite de manière assez évidente sa place de numéro 1. Ce n'était pas le premier européen à jouer en LCS, mais c'est le premier a avoir autant réussi. En plus, sa réussite s'est étalée dans la durée. De 2013 à 2020, il a remporté 6 fois les LCS, a été élu 4 fois MVP, gagné 1 IEM et participé à 5 championnats du monde. En terme de palmarès, difficile de faire mieux. Mais au-delà des chiffres, Bjergsen reste un symbole inégalé. Il représente une structure, une dynastie. Pendant très longtemps, c'était le visage de sa nouvelle région d'adoption. Aujourd'hui, il serait d'ailleurs plus juste de considérer Bjergsen comme un talent américain plutôt qu'un talent européen. Il le dit lui même, en arrivant en Amérique, ce n'était qu'un jeune gameur dépressif. Il est maintenant une icône de League of Legends.
En Europe, le petit prince danois n'a pas vraiment eu le temps de s'illustrer. Il a joué un peu moins d'un an chez Copenhaguen Wolves. Son talent était si précoce qu'il a raté le début de saison parce qu'il était trop jeune pour participer à la compétition. Il a quand même eu le temps de qualifier son équipe pour deux playoffs. Beaucoup voyaient en lui à l'époque un futur grand... Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a réussi à satisfaire toutes les attentes. Malheureusement, le dimant brut s'est poli en NA plutôt qu'en Europe. Ce qui n'enlève rien à sa grande carrière.
2. Nicolaj "Jensen" Jensen : l'éternel numéro 2
Cloud9 (2015-2018)
Team Liquid (2018- )
À la première place de notre classement, on trouvait un midlaneur danois. C'est également le cas sur la deuxième marche du podium avec Jensen, anciennement connu sous le nom d'Incarnati0n. Jensen a tous les arguments du monde pour être numéro 1 : il a une histoire, il a des titres, il a des tonnes de highlights... Le problème, c'est qu'il a tout fait après Bjergsen. Eternel numéro 2, il a même plus souvent perdu que gagné face à son compatriote. Il n'a d'ailleurs jamais été élu MVP d'un segment jusqu'à présent. Mais maintenant que ce dernier est retraité, rien ne se dresse entre Jensen et le trône.
Il a porté les couleurs de C9 avant de rejoindre la super-équipe Team Liquid. Chez C9, il n'a pas remporté de titre mais s'est affirmé comme un joueur de premier plan, avec de bonnes performances lors des Worlds. Il a passé un cap chez TL avec qui il a remporté deux titres des LCS. Cependant, tout n'est pas parfait puisqu'à l'international, les résultats ont péché. Cette année, il a obtenu une prolongation de contrat avec un très joli salaire à la clef. Surpayé ? Peut-être, mais ce salaire stratosphérique est à la hauteur de sa valeur marchande. En Amérique du Nord, Jensen a petit à petit conquis les fans en s'affirmant comme l'un des tout meilleurs midlaner de la région.
Jensen n'a jamais vraiment joué en Europe. Pour la simple et mauvaise raison qu'il a été banni. Comportements toxiques, DDOS et actes abusifs, il a fait la totale pendant sa jeunesse et a reçu une sanction pour une durée indéfinie. Alors qu'il aurait pu tout arrêter, Jensen a fait amende honorable et a prouvé qu'il était devenu avec l'âge un être humain respectable. Son ban levé, il a tenté sa chance en NA et au vu du résultat, il a eu raison.
3. Dennis "Svenskeren" Johnsen : taille MVP
TSM (2015-2017)
Cloud9 (2017-2019)
Evil Geniuses (2019- )
Svenskeren est actuellement dans sa troisième équipe nord-américaine. Expérimenté et efficace, sa présence est un gage de qualité pour ses équipes. En NA il a remporté 3 fois les LCS avec TSM, où il a reformé l'ancien duo Copenhaguen Wolves avec son compatriote Bjergsen. Pendant son temps chez C9, il n'a pas gagné de trophée, mais il fut peut-être le plus fort individuellement, étant élu MVP du split au summer 2019. En ce moment, il joue chez Evil Geniuses. 2020 ne fut pas à la hauteur des attentes, mais Svenskeren continue à jouer le haut du classement et espère bien retrouver les sommets la saison prochaine. Son équipe lui fait en tout cas confiance et il reste au cœur de ce projet sportif ambitieux.
Contrairement aux autres membres du podium, le jungler a eu une vraie vie en Europe avant de traverser l'Atlantique. Après avoir débuté en LCS EU avec CW, il s'est surtout illustré pendant plusieurs saisons chez SK Gaming. Avec l'équipe il a connu des très hauts mais aussi des très bas. Il a ainsi fini deux fois à la première place de la saison régulière, mais n'a jamais réussi à concrétiser en playoffs. Il s'est aussi qualifié pour les Worlds en 2014 mais s'est fait reléguer des LCS EU en 2016, perdant au tournoi de promotion. À 24 ans, Svenskeren n'a pas l'aura de Bjergsen ou de Jensen, mais sa carrière en NA reste plus qu'honorable.
4. Lucas "Santorin" Tao Kilmer Larsen : de zéro à héros
Team Coast : (2014)
TSM : (2014-2015)
NRG Esports : (2016)
Gold Coin United : (2016-2017)
FlyQuest : (2018-2020)
Team Liquid : (2020- )
Décidemment, il n'y a que des danois dans ce top. Santorin n'est pas le joueur qui a eu la trajectoire la plus linéaire. Il a commencé son aventure américaine en jouant en challenger series (ligue 2) du côté de Team Coast. Après des résultats convaincants, il tape dans l'œil de TSM, la grosse structure de l'époque qui recherche un nouveau jungler. Il fait donc son entrée aux LCS par la grande porte et réussit des débuts en fanfare. Il gagne un IEM et remporte dès son premier split le titre régional. Élu rookie du split, le conte de fées est réel. Malheureusement, la seconde moitié de 2015 est terrible. TSM balbutie au MSI, perd son titre aux LCS et fait n'importe quoi aux Worlds. Pointé du doigt, Santorin est sous le feu des critiques. Le rookie ambitieux est devenu la tête de turc. Trop passif, trop peu influent, trop peu de personnalité... C'est la descente aux enfers. TSM décide alors de le mettre à la porte... Andy "Reginald" Dinh lui signifie même qu'il n'a pas le niveau ou le mental pour être un top joueur. Cette prédiction a sûrement hanté Santorin pendant de longues années. Traînant sa peine, il a galéré en Europe comme en NA en traversant dans l'anonymat les saisons (NRG, Gold Coin United, H2K...)
Mais l'ancien espoir n'a rien lâché. Il a continué à travailler et ça a fini par payer. Santorin a retrouvé la lumière chez FlyQuest et reste sur une année 2020 brillante. Oui, il n'a pas remporté de titre. Mais avec un effectif limité, il finit deux fois vice-champion et a retrouvé les Worlds, 5 ans après les avoir quittés. De zéro, il est devenu héros. Pendant ce mercato, c'était même le jungler le plus convoité du marché américain. Aujourd'hui chez Team Liquid, il pourrait bien ajouter quelques lignes à son palmarès et pourquoi pas gratter quelques places dans notre classement à l'avenir.
En Europe, Santorin n'a joué qu'un petit split au plus haut niveau, avec H2K. Celui-ci n'est pas resté dans les annales, et le joueur reste très méconnu sur le vieux continent. Il possède aujourd'hui le statut de résident NA et on a très peu de chance de revenir en LEC avant la fin de sa carrière. Si l'Amérique du Nord l'a beaucoup critiqué, c'est aussi elle qui lui a tout donné.
5. Yasin "Nisqy" Dinçer : le premier emploi
2017 : Team EnVyUs
2018-2020 : Cloud9
Enfin, un joueur européen qui n'est pas danois se glisse dans notre top ! Le midlaner belge devrait rentrer en Europe durant ce mercato. Pour autant, son deuxième passage en Amérique du Nord est loin d'être un échec. Le marché du travail n'est pas le plus ouvert sur League of Legends. Ce n'est donc pas toujours facile de se faire une place au soleil. Pour Nisqy, les NA resteront la région qui lui a tendu la main en premier. Lors de son premier passage chez Team EnVyUs (2017) il n'avait jamais joué dans une ligue majeure. Il ne connaissait que les équipes académiques ou les LANs françaises. Chez Envy, il a eu sa chance et a pris de l'expérience, connaissant pour la première fois le frisson des playoffs. Il n'est resté que 6 mois, mais cela a été suffisant pour convaincre une équipe européenne de l'élite, Splyce, de lui donner sa chance.
Mais Nisqy a la bougeotte. Après une année pleine en LCS EU, il a décidé de retourner en Amérique du Nord. Il faut dire, qu'il est compliqué de dire non à Cloud9. Il intégrait ainsi pour la première fois une top équipe. Il a continué sa progression et a ainsi découvert les Worlds en 2019 avant de remporter son premier titre majeur au spring split 2020. Il a fait partie cette année de l'équipe C9 si dominante qui faisait peur à ses adversaires. La saison s'est mal terminée, Nisqy a perdu sa place au profit de Luka "Perkz" Perković, mais le Belge n'a pas à rougir. Ses deux passages en NA sont réussis et il en ressort plus fort.
Un top a, par nature, sa part de subjectivité. D'autres Européens ont réussi par moment de belles choses en LCS. On pense notamment à des joueurs comme Jesper "Zven" Svenningsen, Maurice "Amazing" Stückenschneider ou encore Tristan "PowerOfEvil" Schrage. Mais nous les avons jugé trop irréguliers. De plus, on peut se demander si leurs plus gros succès ne datent pas plutôt de leur passage en Europe. Le débat est ouvert en commentaire.
Enfin, n'ont pas été considérés dans ce classement les talents "européens" (LCS EU/LEC) qui n'avaient pas la nationalité. Les joueurs coréens comme Heo "Huni" Seung-hoon ou Kim "Reignover" Yeu-jin sont hors catégorie. Ils n'auraient de toute façon sûrement pas intégré notre top 5.