C'est à partir du 24 juillet 2019 que Iratus: Lord of the Dead sortira en accès anticipé sur PC. Développé par Unfrozen, un petit studio indépendant russe de Saint-Pétersbourg, ce RPG tactique nous met dans la peau d'un nécromancien maléfique malencontreusement libéré de sa prison et bien décidé à en découdre. Financé par Kickstarter avec une livraison initialement prévue en juillet 2018 avant d'être repoussée en octobre 2018, Iratus, édité par Daedalic Entertainment, arrive donc enfin et s'avère être un rogue-like inspiré du Darkest Dungeon de Red Hook sorti en 2016, dont il prend le contre-pied. Se situant lui aussi dans un univers dark fantasy où de sombres donjons nous attendent avec des combats au tour par tour, il nous met dans la peau du méchant de service, avec mort permanente à la clé en cas d'échec. Avant d'arriver au menu principal, dès le lancement du jeu, le ton est d'ailleurs donné : le titre se veut un rogue-like tactique hardcore où l'on doit accepter de voir mourir nos serviteurs et où les ressources sont limitées pour affronter des ennemis sans cesse plus coriaces nous obligeant à recommencer et à consacrer de nombreuses heures à peaufiner notre stratégie avant d'espérer l'emporter. En attendant, voici déjà notre avis sur la question.
La Vengeance est un plat qui se mange froid comme la mort
Iratus est un puissant nécromancien qui envisageait de conquérir le monde des mortels avant d'être vaincu par un héros et emmuré dans une tombe pour l'empêcher de commettre de nouveaux méfaits. Mais, bien des années plus tard, la recherche de ressources rares par les humains, aidés du savoir-faire nain en matière d'excavation, les amena à creuser toujours plus profond et à tomber sur la stèle scellée d'Iratus. Ignorant le danger qui se terrait à l'intérieur, ils l'ouvrirent, laissant s'échapper le nécromancien maléfique et lui permettant d'assouvir sa vengeance en relançant ses plans de conquête du monde des vivants.
Capable de créer des serviteurs à partir des dépouilles de ses ennemis tombés au combat, celui-ci peut sans cesse faire grossir son armée afin de devenir plus puissant. Il lui importe donc peu de les voir périr en cours de route, si ce n'est que la rareté des ressources limite tout de même les possibilités et oblige à les gérer avec parcimonie. Au-delà de ses minions, Iratus possède lui-même des pouvoirs qu'il recouvre petit à petit en gagnant de l'expérience et il peut aussi utiliser les artefacts qu'il récupère en cours de route pour se renforcer ou faire gagner en puissance ses serviteurs. C'est ainsi à la tête de squelettes, zombies, spectres, banshees, liches, vampires et toute sorte de guerriers non vivants que nous devons affronter humains, nains et elfes jusqu'à atteindre la sortie après avoir traversé les mines, les tunnels nains, la caserne de mercenaires, et deux autres étages qui ne paraîtront qu'après la sortie du jeu de la phase d'accès anticipé planifiée entre avril et juin 2020.
Blesser et Effrayer : les deux mamelles de la guerre
Si les serviteurs comme les ennemis possèdent un niveau de vitalité à ne pas laisser devenir nul à défaut de trépasser, que ce soit à coup d'attaques physiques ou magiques, les adversaires d'Iratus, sauf, bien entendu, les golems et autres pylônes créés par les nains, possèdent également un niveau de santé mentale (effroi) que nos revenants sauront mettre à mal notamment à coup d'attaques de stress, jusqu'à les pousser à la démence, à la trahison, à prendre la fuite ou à littéralement mourir de peur. Certains dégâts peuvent aussi s'étaler sur plusieurs tours grâce à la combustion (physique) et la malédiction (effroi).
La difficulté va crescendo et il sera difficile d'arriver au bout avec suffisamment de ressources et de minions pour espérer remporter la victoire, surtout lorsque l'on doit faire face aux troupes d'élite et aux boss bien retors qui se trouvent au bout de chaque étape. Trois niveaux de difficultés sont toutefois proposés, chaque niveau supérieur n'étant accessible qu'une fois réussi le précédent. Et il faudra s'y reprendre à plusieurs fois avant d'y arriver, histoire de bien connaître les forces et les faiblesses de chacun et les exploiter à bon escient.
Les graphismes du jeu, sans rien proposer d'exceptionnel, sont d'assez bonne qualité, appuyés par une bande son de bonne facture, tout juste peut-on reprocher des animations parfois un peu rigides, mais là n'est pas l'essentiel sur ce genre de production où deux équipes de 4 adversaires s'affrontent au tour par tour. Les lettres accentuées ont également pour l'instant encore du mal à s'afficher, mais le jeu est entièrement traduit en français (textes et voix d'Iratus), et n'oublions pas que le titre n'en est qu'à sa phase d'accès anticipé et évoluera certainement encore d'ici sa sortie définitive. À noter qu'en version anglaise c'est Stephan Weyte, l'acteur interprétant Caleb dans Blood, que l'on retrouve derrière Iratus et que celui-ci laisse place à José Luccioni, le doubleur officiel d'Al Pacino, en version française.
Iratus, un stratège nécromancien
Le jeu est avant tout tactique. Il faut commencer par placer ses minions dans le bon ordre puisque les 6 compétences qu'ils possèdent (dont une ultime nécessitant suffisamment de rage acquise au combat) ne peuvent, comme dans Darkest Dungeon, être utilisées qu'à partir d'un certain placement et atteindre, de même, que les ennemis se trouvant en certaines positions. Avant de frapper, il faut aussi surveiller les protections contre les attaques physiques ou magiques ainsi que les éventuels bonus et parfois même savoir exécuter les adversaires dans un ordre donné, ce qui demande une bonne connaissance de chaque combattant et donc un temps d'apprentissage conséquent passant par plusieurs parties puisque toute défaite est définitive.
Reconstituer de nouveaux serviteurs nécessite des pièces (plus ou moins rare et donc efficaces) que l'on récupère suite aux victoires, mais qui se trouvent être en quantité limitée et dont on sera vite à cours si l'on doit recomposer nos troupes trop souvent. La mort d'un serviteur est, en effet, irrévocable, ce qui peut faire rager lorsque celui-ci avait acquis un peu d'expérience et était équipé d'artefacts durement acquis. Iratus gagne également de l'expérience et peut ainsi obtenir des pouvoirs en affectant les points acquis dans 4 arbres de talent (alchimie, magie, courroux et destruction). Mais attention, l'utilisation des pouvoirs nécessite parfois de consommer de la mana que l'on doit aussi gérer avec précaution pour ne pas se retrouver à court. Il y a bien moyen de reconstituer, au choix, notre stock de mana ou la vitalité de nos troupes via des fontaines de restauration, mais celles-ci ne sont pas non plus légion sur la carte qui propose également des hôtels sacrificiels ou encore des cercueils ou des coffres à fouiller à la recherche d'artefacts rares.
Autre élément améliorable, Iratus peut, comme dans Darkest Dungeon toujours, se construire son petit chez lui dans le cimetière afin de bénéficier d'avantages, mais uniquement en affectant des serviteurs qui pourront ensuite faire défaut sur le terrain. Il maîtrise aussi l'alchimie, ce qui lui permet de transformer les pièces en d'autres types lui faisant défaut (transmutation), d'en produire de meilleure qualité (distillation) ou encore de les transformer en objets bien utiles au combat (extraction) ou en mana (calcination). Même si la chance entre aussi en ligne de compte (chance de toucher, d'esquive ou de coup critique), la diversité des options tactiques que propose Iratus en font un jeu très intéressant qui n'a pas à rougir face au modèle dont il s'inspire.
Son aspect rogue-like reste toutefois à prendre en considération, la défaite nous renvoyant inexorablement au début de l'aventure à tout devoir recommencer de zéro, si ce n'est les serviteurs débloqués, pas de sauvegarde à l'horizon, contrairement à Darkest Dungeon. Et il faut savoir aller chercher la moindre petite information pas toujours très bien mise en avant par le jeu, mais dont l'importance peut parfois se révéler cruciale, à défaut de quoi nous nous retrouvons alors rapidement à mordre la poussière à la moindre erreur tactique. Et comme la carte propose certes des embranchements à choisir, mais ne permet pas ensuite de changer de direction ou de rebrousser chemin, une fois vos troupes bien entraînées éliminées, il faudra alors envoyer le menu fretin, annihilant alors bien souvent tout espoir de s'en sortir, surtout face aux boss dont les combats se relancent à chaque fois depuis le début.
Mais ceci ne nous empêche pas ensuite, après avoir bien ragé, de relancer une partie dans l'espoir d'aller toujours plus loin, en se promettant cette fois-ci de ne pas se laisser surprendre, d'autant plus que nous disposons à chaque fois de plus en plus de types de combattants accessibles dès le départ, de quoi motiver une nouvelle tentative. Et l'on finit effectivement par trouver la solution avec l'expérience, enchaînant les combats les uns après les autres sans toujours s'apercevoir du temps qui passe. Mais après tout, quelle importance quand on a l'éternité devant soi ?
Iratus: Lord of the Dead s'avère être une bonne surprise dont on attend avec impatience de voir le résultat final. L'aspect tactique proposé par ce RPG stratégique au tour par tour a su nous charmer, même si la difficulté s'avère être au rendez-vous avec certains choix parfois discutables. Digne descendant de Darkest Dungeon, il propose un panel de combattants conséquent. Et même si leur animation n'est pas toujours un exemple du genre, on enchaîne les combats à leurs côtés avec plaisir dans l'espoir souvent vain de remporter la victoire. D'ailleurs, il faut y retourner, nous avons un voile de mort à étendre sur le monde des vivants.
Avec une centaine d'heures passées sur FE3H, nous vous livrons ici notre premier ressenti du jeu, en attendant le test. Dans ce premier pas de la licence Fire Emblem sur Switch, il vous faudra faire office de professeur à l'académie avant de vous aventurer sur le champ de bataille avec vos élèves.
