Disponible le 14 mai prochain sur PC, Xbox One et PS4, Rage 2 conjugue les talents des créateurs de Doom et de Just Cause dans un FPS en monde ouvert post-apocalyptique survolté. Plutôt alléchant sur le papier, et pourtant...
- Genre : FPS / Monde ouvert
- Date de sortie : 14/05/2019
- Plateforme : PC, Xbox One, PS4
- Développeur : Id Software / Avalanche Studios
- Éditeur : Bethesda
- Prix : 59,99€
- Testé sur : PC
Wasteworld
Sur une planète désertique en proie à une guerre constante, seuls les Rangers parviennent à maintenir l'ordre et à résister à l'armée maléfique de l'Autorité. Malheureusement, le retour du Général Cross, présumé mort, va remettre l'équilibre des forces en question, en s'en prenant directement au village des rangers et en les anéantissant tous. Tous ? Non, puisqu'un irréductible héros va s'extirper du chaos et continuer l’œuvre de ses pairs, en menant à bien le Projet Dague visant à rayer définitivement Cross et ses sbires de la carte. Voilà pour le pitch de Rage 2 : comme on pouvait s'y attendre, il s'agit simplement d'un prétexte à de la grosse baston en continu, cependant, nous n'avions peut-être pas mesuré à quel point la "campagne" du jeu serait reléguée au second plan. En ligne droite, le jeu se termine en 6 à 8 heures, en comptant 4 bonnes heures de remplissage afin d'augmenter des niveaux de réputation des factions : en tout et pour tout, R2 ne propose que 8 missions scénarisées, dont certaines réussissent l'exploit de se répéter, avec des boss "copier-coller" et un bestiaire qui manque cruellement de variété. Alors certes, le titre propose un contenu secondaire conséquent, permettant d'améliorer Walker encore et encore, mais le manque d'enjeu concret stoppe net l'envie de progresser. Il faut donc davantage appréhender le fruit du travail d'Id et d'Avalanche comme un bac à sable rempli de micro-objectifs façon Ubisoft : on va à un point de la carte, on dézingue tout, on remplit des checklists de coffres à trouver, puis on passe au point suivant...
Cela reste amusant quelques heures grâce aux gunfights pêchus (on y reviendra), mais l'impression de tourner en rond sur les mêmes routes poussiéreuses se fait rapidement sentir. Quant à la promesse de personnages hauts en couleur, elle n'est tenue que par un ou deux rôles secondaires que vous ne croiserez que trop rarement au cours de votre mini-aventure. Un constat d'autant plus regrettable que l'univers proposé par les deux studios a vraiment un joli potentiel, avec ses factions de tordus et son monde ouvert aux biomes plutôt variés : tout cela est sous-exploité et pour en apprendre davantage, il faudra, comme d'habitude, se tourner vers les nombreux journaux disséminés à travers le monde. Un refrain que les amateurs de monde ouvert ne connaissent que trop bien.
Du sans-plomb dans l'aile
Titre Id Software oblige, toute la partie combat au sol propose des affrontements nerveux et jouissifs... Du moins après quelques heures d'exploration. Au début de l'aventure, Walker ne disposera que d'un arsenal limité et d'un dash, qui lui sera cependant utile pendant toute la durée de la partie. Concrètement, après avoir passé l'introduction du jeu, vous serez libres de faire ce que bon vous semble et rien ne viendra limiter votre progression si ce n'est les quelques paliers cités plus hauts, liés aux 3 factions principales. Les façons de gagner en puissance ne manquent pas dans les contrées malfamées de Rage 2 : tout d'abord, les Arches, promettant de nouveaux super-pouvoirs ou de nouvelles armes. La Feltrite ensuite, une ressource plutôt commune qui va vous servir à débloquer les nombreux niveaux d'amélioration des pétoires et des compétences du héros. Une fois débloqués, ces derniers proposeront de petits arbres de passifs, là aussi à compléter, mais avec des matériaux bien plus rares à dénicher sur des monstres ou dans les coffres archéoniques de la carte. Bref, si vous souhaitez "tout avoir à fond", il va falloir se lever de bonne heure. Comme mentionné plus haut, cette course constante à la puissance ne sert finalement pas à grand chose, puisque liberté totale oblige, tous les défis du jeu ont été pensés pour être accompli par un joueur ne disposant pas de toutes les upgrades. Comprenez par là qu'il est tout à fait envisageable de réduire le boss final en cendres, seulement avec le pistolet obtenu lors des premières minutes de jeu.
De fait, tout est "lisse", et si la liste des micro-objectifs de la carte propose tout de même une jolie variété, on finit par se lasser de croiser encore et toujours le même titan Abadon à dézinguer encore et toujours de la même manière. Attention, tout n'est pas à jeter et le mélange armes Doom-esques / super-pouvoirs est très fun à prendre en main une fois quelques Arches explorées, mais le manque cruel de diversité dans le bestiaire et de feedback des armes fait chuter le plaisir d'un bon cran une fois le plaisir de la découverte passé. L'autre facette de Rage 2, ce sont ses phases en véhicules et donc cette fois, davantage le domaine d'Avalanche grâce à leur expertise en la matière sur la série Just Cause et sur le Mad Max de 2015. On retrouve d'ailleurs les espèces de dash dignes d'auto-tamponneuses de ce dernier, avec des combats sur route sympathiques mais bien loin d'être inoubliables. A noter qu'aucune phase en véhicules ne vous est imposée, si ce n'est au cours de la mission finale (et encore) ou lors d'une petite course dans le scénario. Globalement, trajets et bastons se passent sans heurts, sauf quand le jeu décide de n'en faire qu'à sa tête en "aimantant" la voiture lors de certains virages des circuits, parce que pourquoi pas après tout. Une bonne quinzaine de véhicules (dont un volant) sont à débloquer, chacun avec leurs propres statistiques et leurs propres armes, et il est même possible de les invoquer quand bon vous semble contre une somme modique en dollars, renforçant le petit côté sandbox du jeu. Mais attention, seule votre caisse de Ranger pourra être améliorée, de la même manière que Walker avec (encore) des ressources à trouver sur les ennemis ou dans des coffres. En conclusion, le gameplay de Rage 2 s'apparente à celui d'un Doom avec moins de patate, dans un monde-ouvert "à la Ubisoft", les nombreuses missions scénarisées en moins. Là encore, il y avait du potentiel, mais le titre ne parvient jamais vraiment à décoller.
Walker Texas Ranger
Basé sur le moteur d'Avalanche Studios, Rage 2 propose un monde à la direction artistique charmante, mais à la technique chancelante. Disons que le bougre oscille constamment entre panoramas somptueux et textures floues. Globalement, le constat reste tout de même très positif (testé sur PC) : le jeu tourne comme une horloge malgré la profusion d'explosions et d'effets pyrotechniques et l'ensemble des skybox du jeu finissent de poser un univers post-apocalyptique classe, mais sous-exploité. Les zones étant constituées à 80% de routes sinueuses et de dénivelés, le vagabondage cède bien vite la place à des tracés plus balisés, avec des destinations marquées depuis la carte afin de trouver son chemin plus aisément. L'exploration s'en trouve alors réduite à sa plus simple expression, pour ne laisser que des points A à relier à des points B et toujours sans véritable but si ce n'est celui de devenir plus puissant. Enfin, côté bande-son, ce n'est pas trop ça non plus : malgré une promotion assurée par des groupes en vogue comme Eskimo Callboy, l'OST du jeu est tout à fait oubliable, avec des pistes sans mélodie et quelconques au possible. Qu'ils sont loin les morceaux de Mick Gordon pour Doom 2016. Ici, la musique tente maladroitement d'accompagner l'action, en vain.