Test de The Evil Within 2 sur PC
Après une première preview des plus concluantes il y a quelques semaines, nous avons enfin pu éventrer The Evil Within 2 afin de lui mettre les tripes à l’air et voir ce qu’il avait dans le bide. Le sang risque de ne pas être le seul fluide corporel à couler à flots si vos nerfs ne sont pas bien accrochés. En effet, presque trois ans après la sortie du premier opus, Mikami s’est à nouveau allié à Bethesda et Tango Gameworks et il semble décidé une nouvelle fois à prouver qui est le maître de l’horreur. À la sortie de son prédécesseur, le fruit de cette union était parvenu à détrôner FIFA 2015 dans les charts France. Pas mal pour un jeu soumis au PEGI 18. Le 13 octobre 2017, tant attendu par les fans de survival horror, est enfin arrivé et le jeu est désormais disponible sur PS4, Xbox One et PC. Mais après tant d’années à torturer les joueurs, se mourant lentement dans l’attente de voir une suite arrivée, que vaut-elle vraiment ? Voici notre compte-rendu de la longue autopsie qu’a subie The Evil Within 2. Préparez les bassines et autres dessous absorbants, les trailers tout aussi alléchants les uns que les autres ne sont rien au regard de ce qui vous attend.
Genre : Survival horror
Date de sortie : 13 octobre 2017
Plateforme : PS4, Xbox One, PC
Développeur : Bethesda
Prix : 59,99€
Sebastian, retour au pays de la folie !
Trois ans après The Evil Within, Shinji Mikami, Bethesda et Tango Gameworks sont de retour pour vous jouer un mauvais tour. Et autant vous dire qu’une fois encore, ils n’ont pas fait dans la demi-mesure : c’est morbide et glauque comme on aime ! Marchant dans les traces de son prédécesseur, le jeu n’a de cesse de nous entraîner au plus profond de la démence et de la noirceur des esprits les plus torturés. Tout est fait pour que le joueur sente la folie s’insinuer dans son cerveau, des frissons lui parcourir le dos et aie en permanence la sensation d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, même quand il n’y a aucune raison.
The Evil Within 2 prend place trois ans après la fin des derniers événements et l’on se retrouve à nouveau aux commandes de Sebastian Castellanos, le héros du premier opus en pleine déchéance. Déjà bien abîmé et rongé par la culpabilité suite à la mort de sa fille et la disparition de sa femme, son premier séjour dans le STEM n’a rien arrangé. Suite à une révélation aussi insensée que miraculeuse, lui qui s’était promis de ne jamais y remettre ne serait-ce qu’un orteil, se voit contraint d’y retourner. Il s’allonge donc dans les fameuses baignoires, où il se fait aspirer tout entier dans l’univers cauchemardesque auquel la licence nous a habitués. Pour mener à bien sa mission, il ne sera pas seul. Juli Kidman, sa coéquipière dans ses précédentes aventures aura la lourde tâche de le guider malgré le fait que leur relation ne soit pas au beau fixe. Malgré une certaine inimitié entre les deux et l’impression qu’elle en sait plus qu’elle ne le dit, l’inspecteur n’aura pas d’autre choix que de se fier à elle. D’autres individus feront leur apparition tout au long de l’aventure, mais en dehors d'un ou deux quidams qui sortent du lot, la plupart ne seront là que pour servir l’histoire.
Sebastian ainsi que quelques rares personnages secondaires peuvent en revanche se targuer d’avoir une personnalité travaillée et brossée les rendant au besoin attachants ou détestables. Le héros, critiqué lors de la sortie de The Evil Within pour son manque de sentiments et d’empathie, a gagné en profondeur et cela lui va bien. Tous n’ont pas eu cette chance et feront davantage penser à des coquilles vides et sans réel intérêt. S’il est possible de communiquer avec eux, la plupart des discussions se limitent d’ailleurs à demander des informations sur la situation leur donnant plus un rôle de pion sur un échiquier que d’ennemi ou d’allié. Il sera d’ailleurs parfois difficile de savoir qui est qui tant le STEM permet de liberté au scénario, qui prend d’ailleurs un malin plaisir à nous perdre en cours de route. À l’image de la structure globale de l’univers même de The Evil Within 2, rien n’est vraiment ce qu’il semble être, tout paraît décousu et incohérent, mais prend soudain tout son sens une fois les pièces du puzzle assemblées.
Qui tue par le feu, périra par le feu...
Le jeu est prenant et sent bon le carton plein, cependant lorsque l’on se penche sur les graphismes et le côté technique, c’est là qu’apparaissent les premiers défauts. The Evil Within 2 est beau, très beau, du moins tout autant que peuvent l’être les murs couverts de sang et les créatures tout droit sorties de l’imagination de Mikami. Les cut-scenes sont splendides, on voit jusqu’au moindre point noir sur le nez, au moindre poil mal rasé sur les joues, le moindre pore de peau. Cependant, en dehors de Sebastian qui a été légèrement épargné, la synchro labiale est complètement aux fraises et les expressions faciales sonnent faux, ou sont presque inexistantes. Les cheveux des personnages semblent gélifiés et donnent davantage l’impression de danser autour des visages que celui de remuer naturellement. Un petit up du moteur graphique à ce niveau ne serait pas de refus.
D’un point de vue gameplay, les développeurs sont restés sur le même schéma que pour le premier opus de la licence. Pas de gros changements pour l’HUD ou les menus, Sebastian a toujours l’endurance d’un asthmatique en fin de vie, marche toujours très lentement en dehors des sprints et les miroirs servent toujours de portoloin. Vous pourrez toujours améliorer vos compétences ou votre équipement auprès de Tatiana, qui se fera d’ailleurs un plaisir de vous faire découvrir un stand d’entrainement, où vous pourrez gagner de précieuses récompenses. Au vu du peu de munitions que vous aurez, ainsi que la sensation que celles-ci disparaissent aussi vite que les vêtements de Mélisandre d’Asshaï, cela n’est pas facultatif. Les statuettes cachant des clés à utiliser sur les casiers du « Safe Haven » afin de récupérer des ressources seront aussi de la partie.
Sont également conservés le système de perception de menace, symbolisé par un œil en haut de l’écran et représentant le niveau d’alerte des ennemis, ainsi que d’attaque discrète. Cela n’a l’air de rien, mais il offre aux joueurs la possibilité d’adapter leur mode de jeu à leur style et aux situations choisissant selon leurs envies de rester discret ou de foncer dans le tas. Attention néanmoins, lorsque vous êtes cachés dans les fourrés, si les ennemis ne vous voient pas, vous non plus ! Bref, gros bras un peu suicidaire ou ninja de l’ombre, chacun y trouvera son compte, à condition que le dispositif ne se montre pas trop capricieux et qu’un monstre ne vous fonce pas dessus sans raison valable. En effet, il arrivera parfois, alors que vous êtes bien à l’abri, complètement invisible et immobile, qu'un ennemi vous attaque. Sachez tout de même que cela n’est pas le défaut le plus agaçant de l’IA. Imaginez-vous, cinq balles dans le chargeur, deux ennemis à tuer et chacun nécessitant trois tirs. Afin de ne pas gâcher de munition, vous attendez qu’ils se figent pour crier ou qu’ils soient en mêlée pour tirer… Mauvaise idée, dans les deux cas, il s’avère que les zombies lambda auront une immunité à ce moment précis et que tout projectile arrivant au niveau de leur boîte crânienne passera au travers sans l’impacter. Résultat : une manette cassée et un chat réveillé en sursaut.
The Evil Within 2 a conservé le plus gros des caractéristiques de son prédécesseur dont la qualité n’est plus à prouver. Cependant, aussi bon soit-il, il souffrait de quelques défauts que l’on retrouve ici également. La rigidité du mouvement est moins marquée, mais se ressent toujours, et bien que l’on apprécie l’abandon de la linéarité de son grand frère, les murs invisibles sont légion dans cet univers pourtant semi-ouvert. En revanche, le jeu est bien optimisé et les temps de chargement sont habilement masqués par une téléportation dans un espèce de vide stylisé. Bien que le combo clavier/souris permette une meilleure précision, tout n’est pas toujours très intuitif et The Evil Within 2 semble avoir été davantage pensé pour être joué à la manette. Un brin tatillon sur le placement du personnage afin d’avoir la possibilité d’interagir avec des objets, il faudra se montrer patient et accepter certaines morts avec le sourire.
Recycler du vieux, pour faire du neuf ? Oui, mais pas seulement. En effet grâce à sa « radio-GPS », Sebastian pourra se régler sur certaines fréquences afin de trouver des indices pour ses missions principales et secondaires, ainsi que pour retracer des bribes de moments passés grâce à un système de souvenirs résiduels. D’autres petits changements comme l’apparition dans les safe zones d’une machine à café restaurant la vie, l’absence d’allumette pour brûler les cadavres, ou le système de pause sont à déclarer. Nous avons également été surpris de constater qu’à l’inverse de The Evil Within, sa suite souffrait un bestiaire peu varié et que certains monstres ont même été réutilisés. Dommage, le fond est là, la forme un peu moins.
Pour la partie sonore, rien à redire, comme à l’accoutumée pour la licence, elle est très immersive et stressante. Un simple couloir obscur peut paraître insurmontable si l’ambiance phonique est bien utilisée. Souvent en retrait et minimaliste, les musiques du jeu deviendraient les pires ennemis de votre cardiologue s’il prenait votre tension durant les 20 heures de jeu que vous propose The Evil Within 2. Autres points à noter : les doublures francophones sont à la hauteur et la franchise ne nous fait pas l’affront de changer de voix pour ses personnages principaux entre deux opus. Et ça, on apprécie.
Let's play du 6e chapitre
En conclusion
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Les plus et les moins |
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Univers immersif et stressant à souhait | Techniquement un peu faiblard | ||||
Scénario ubuesque mais prenant | Inégalité de rythme et de niveau | ||||
Bande sonore de très bonne facture | Prise en main clavier/souris peu intuitive | ||||
Temps de vie appréciable | Un petit goût de réchauffé |