TWD : Saison 3 - Saga The Walking Dead

The Walking Dead : A New Frontier

Les fans de la série durent sacrément ronger leur frein, car la troisième saison ne pointa le bout de son nez qu’à partir du 20 décembre 2016. Le temps aux joueurs de se remettre de leurs émotions et aux développeurs d’apprendre de leurs erreurs et de les corriger… Ou pas ! Toujours jouable sur les mêmes plateformes, encore sous le coup d’un PEGI 18, et de nouveau accompagné d’un sous-titrage français, peu de choses ont changé d’un point de vue marketing. La licence qui a fait les beaux jours de Telltale Games connait la recette pour réussir un jeu et marquer les esprits. Cependant, au bout de trois saisons, toujours manger la même chose peut finir par coller aux dents et devenir très indigeste. Les personnages emblématiques de Lee et Clementine ont laissé un souvenir impérissable, mais que vaut vraiment la saison 3 ? Entre l’entrain provoqué par la découverte de la suite de l’aventure et la lassitude occasionnée par un petit goût de réchauffé, A new Frontiere laisse sur sa faim.

Les liens familiaux peuvent-ils résister à tout ?

Après Lee et Clementine, place à Javier García ! Cet ancien joueur de baseball tombé en disgrâce est le nouveau supplicié de Telltale Games. Lui et ce qu’il reste de sa famille, Kate, sa belle-sœur, ainsi que Gabe et Mariana, ses neveux, survivent comme ils le peuvent depuis 4 ans. Avant l’apocalypse, Javi était loin d’être un homme fiable, mais se retrouver à la place du patriarche après la disparation de son frère, lui a forgé le caractère. Auparavant, frivole et égoïste, il est devenu un repère, la voix de la raison et il a pris les choses en mains avec un seul objectif en tête : protéger les siens. Conscient que leur survie dépend en grande partie de lui, il fait de son mieux pour maintenir un semblant de normalité et de cohésion. Le nombre limité de survivants ainsi que la promiscuité engendrée par une arrivée massive de zombies a resserré les liens. Peut-être même un peu trop… Cependant même si ce clan parait soudé, il existe des divergences entre les protagonistes et il faudra manœuvrer habilement pour éviter de les brusquer. Le studio a toujours tenu à mettre les relations et le lien étroit entre les personnages en avant durant le développement de The Walking Dead. Dans cette troisième saison, plus que l’amitié, l’amour et la haine, ce sont la famille et ses valeurs qui seront mises à l’épreuve et examinées à la loupe.

Globalement, le nouveau groupe est très réussi et Javi, le héros, est un juste milieu entre un archétype du bon gars attachant et une complexité très bien dosée. Changer de peau est rafraîchissant, néanmoins abandonner Clementine a été un véritable déchirement. Ignorant complètement ce qu’il lui est arrivé depuis la fin de la saison 2, les joueurs nagent en plein désarroi. L’adolescente a été pour beaucoup ce qui a fait la réussite de la franchise et il est impossible de s’imaginer ressentir tant de choses et vibrer de la sorte avec un autre personnage. Heureusement, afin de ne pas traumatiser encore davantage les fans, les développeurs ont fait en sorte que sa route croise rapidement celle de Javi. Dans la saison 3, il ne sera pas uniquement question de côtoyer Clementine. En effet, de nombreux flashbacks, offrant une nouvelle perspective et donnant davantage de profondeur aux personnages, permettront également de renfiler les baskets de la jeune fille. Le choix de déloger la mascotte de sa place d’héroïne était risqué, néanmoins il permet de reprendre à zéro, avec de nouveaux personnages et d’attiser le mystère autour de Clem. Désormais reléguée au second plan, l’ex-gamine trouillarde s'est transformée en une adolescente badass sans peur et sans reproche, enfin presque… Avec le lourd vécu qu’elle a derrière elle, ainsi que les décisions qu’on lui a fait prendre, on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine défiance face à celle qu’on a vu grandir. Devenue spectatrice de sa propre histoire, elle est dans le même temps devenue une inconnue. Perturbant à souhait… L’idée est remarquable, mais n’empêche pas un petit pincement au cœur et un certain agacement à voir ce personnage auquel on s’est tant attaché et qu’on a façonné, se faire « dicter » sa conduite.

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Quand la survie et la guerre se confrontent

L’histoire reprend 4 ans après la fin des évènements de la saison 2 et d’emblée le cadre est posé. Efficace, la scène de prise de bec violente entre Javi, le héros, et David, son frère permet de comprendre où l’on met les pieds. La relation qu’entretiennent les deux hommes va avoir une grande importance dans le reste du scénario. En effet, alors que David est porté disparu depuis le début de l’épidémie, Javi se retrouve « responsable » de Kate, sa belle-sœur, ainsi que de Gabe et Mariana, ses neveux. Malgré l’apocalypse, une routine s’est installée et chacun tente de survivre et de reconstruire un semblant de normalité. Cependant, vivre comme une véritable famille rapproche et peu à peu Javi a pris la place d’un père pour les petits et d’un compagnon pour Kate. Et oui, vous voyez de loin se profiler la suite : une relation ambiguë avec la jolie brune, un triangle amoureux dangereux et des scènes parfois un brin ridicule tant elles regorgent de clichés... Toujours bien écrit, on sent néanmoins que la plume des scénaristes s’assèche. Ils tentent de recycler des ficelles sûres, mais au bout de la dixième fois, cela fonctionne moins bien. Alors que Telltale Games nous avait habitués à faire les montagnes russes avec nos sentiments, on est ici surpris par la prévisibilité de l’histoire et l’aspect téléphoné de nombreux évènements. Bien sûr, les retrouvailles avec Clementine sont émouvantes, cependant on ne peut s’empêcher de constater que nonobstant une trame narrative bien conçue, cette dernière peine à se renouveler. Le fait que la fillette ait salement dégusté durant ces dernières années et soit devenue une survivante aguerrie sauve tout de même un peu les meubles. Les instincts protecteurs qu’elle avait éveillés en nous ont disparu pour être remplacés par la fierté d’un parent qui voit sa fille devenir une femme forte et courageuse.

Dans la lignée de sa mascotte, la licence devient plus mature, intégrant blagues vaseuses, allusions sexuelles et scènes très violentes. À noter, c’est également la première fois où le héros se confrontera et tuera des humains, non plus uniquement pour rester en vie, mais également pour augmenter son confort. Se retrouver face à la friabilité de sa morale et de ses valeurs et devoir l’assumer, c’est aussi cela qu’être un adulte… Le rythme est bien dosé, malgré une petite baisse de régime à l’épisode 4, et on retrouve rapidement ses marques dans l’univers impitoyable et macabre de The Walking Dead. En dépit de la lassitude due aux rengaines scénaristiques, les incohérences dans les réactions des personnages et le manque de crédibilité se dégageant de l’aventure, cette dernière reste prenante et on se laisse facilement embarquer. Difficile d’ailleurs de faire autrement quand on se retrouve avec le destin des siens entre les mains. Dans cette saison 3, il faudra encore se battre entre sa culpabilité et ses instincts primaires, le tout en essayant de survivre. Telltale Games n’a pas abandonné son idée de créer des dilemmes et d’impliquer émotionnellement le joueur. Pour le coup, c’est plutôt réussi puisque la loyauté et les sentiments du héros seront mis à l’épreuve régulièrement durant une dizaine d’heures et certains moments particulièrement poignants pourront nous hérisser le poil ou faire couler quelques larmes. Un peu simpliste et moins percutant que ses aînés, The Walking Dead : A New Frontiere n’est finalement pas si mauvais...

Saison 3 - Episode 2 de The Walking Dead:Season 2. Attention Spoiler !

Une recette qui prend la poussière...

« On prend les mêmes et on recommence » semble être la rengaine de Telltale Games. On retrouve des QTE saisissantes, des puzzles simplissimes et surtout l’habituel système de dialogue et son chrono. Alors que des franchises comme Tales from the Borderlands et Batman : The Telltale Series gardaient une base commune, mais avaient un gameplay ajusté, pour The Walking Dead il n’y a que du réchauffé. À l’instar de la saison 2, les phases d’explorations sont quasi inexistantes et force est de constater que c’est encore sur le système de choix et de conversations que repose le sel du jeu. L’histoire, les personnages, leur caractère et attitude seront impactés par vos décisions et cela se fera sentir quelques épisodes plus tard. Si encore une fois le scénario n’est pas chamboulé par vos partis pris, Telltale s’est amélioré et cela donne un réel effet d’incidence sur l’histoire.

D’un point de vue graphisme, les choses non plus ne changent pas. On retrouve la patte Cel-shadding familière du studio de développement, et qui sied à merveille à l’univers de The Walking Dead. Perfectionnée depuis les deux dernières saisons, la direction artistique se bonifie et les effets de lumières sont admirables. Cependant, comme à son habitude, Telltale retrouve ses anciens travers en laissant l’aspect technique en berne. L’ensemble des graphismes est daté, les animations faciales assez médiocres, les environnements manquent de détail, quant aux textures, elles sont souvent floues. Les développeurs ont décidé de ne rien changer à la recette du dernier né de la franchise, y compris de garder ses défauts. Freeze et autres bugs sont d’ailleurs de la partie, avec notamment des « personnages fantômes », des sous-titres variant, de leur propre initiative du français à l’anglais, ou bien des mouvements saccadés, brisant quelque peu l’immersion. Ce manque de finition démontre le désintérêt des concepteurs pour le côté technique au profit du scénario. Néanmoins, améliorer le premier aurait d’optimiser l’effet du deuxième en renforçant la plongée dans l’univers ainsi qu’en augmentant l’implication et les répercussions émotionnelles pour le joueur. Dommage que le studio ne daigne pas à corriger les soucis techniques qui lui sont régulièrement reprochés, en dépoussiérant le moteur du jeu...