Réflexions sur la méta et la RNG
En tant que rédacteurs, nous suivons de près les avis et humeurs des joueurs, qu'il soient pros ou non. Et il faut le dire, depuis quelques temps, une grogne, un mécontentement général se fait ressentir. Sont installés sur le banc des accusés une soi-disant RNG dominante sur le jeu et une domination de certains decks qui rendent le Ladder injouable voire même toxique. Mais est-ce réellement le cas ? Ou les joueurs se sont ils créés une raison pour expliquer leur manque de performances ? Décryptage.
L'aléatoire dans Hearthstone
Déjà, petit aparté sur l'aléatoire. S'en plaindre, cela n'a aucun sens. L'aléatoire est le même pour tout le monde, de fait il s'équilibre sur le long terme. De plus, comme nous le prouve le poker depuis des années, l'aléatoire, ça se calcule, ça se maîtrise. Celui qui pense que le poker n'est dû qu'à la chance peut retourner jouer aux Mikados. Alors sur Hearthstone, c'est pareil : la RNG, si encore elle était présente (cela reste à prouver), elle se dompte et se calcule. Si elle dirige le cours de vos parties, c'est qu'il vous reste quelques ficelles du jeu à comprendre et maîtriser.
Mais la RNG n'est de toutes façons que peu présente dans le jeu. Oui, certaines cartes comme Jeu d'esprit ou le Chef Tauren d'élite sont basés presque uniquement dessus. Mais ces cartes sont-elles joués ? Absolument pas. Idem, la classe la plus aléatoire du jeu à savoir le Chaman (on pense aux Tempête de foudre, au Crépitement et même à son pouvoir héroïque), n'est pour ainsi dire... pas jouée. Son seul archétype viable est une version aggro où le pouvoir héroïque est changé par Sir Finley Mrrggleton. Les joueurs leur préfèrent des cartes ou classes plus stables plutôt que de remettre leur sort à un jet de dé... Préservant ainsi la beauté du sport. Encore une fois, on ne peut donc blâmer le jeu ou la malchance pour nos piètres résultats : seul le joueur est à remettre en cause.
Pour les derniers durs à cuire qui persistent malgré tout à penser que la RNG joue un rôle majeur dans le jeu, pensez à la scène e-sport. Si Hearthstone n'était que hasard, comment pourrait-on, par exemple, expliquer que les mêmes joueurs se retrouvent en tête du Ladder et des tournois depuis presque le début du jeu ? La composition de la Millstone à venir en est un parfait exemple : sur les 16 participants, 10 font partie du top 15 Hearthstone Ranking !
Une preuve de plus s'il en fallait (encore) une que le jeu n'a jamais été aussi équilibré est bien entendu le championnat du monde. En NA, le favori Amnesiac se qualifie dès le 1er round. En EU, même topo : Naiman, lui aussi vu comme futur vainqueur avant même le premier match, parvient à s'imposer sans aucune difficulté. L'importance du skillcap ne fait plus aucun doute. Et nous ne sommes évidemment pas les seuls à penser cela. Certaines grandes figures de la scène eSportive ont fait des déclarations sans équivoque qui devraient vous faire réfléchir.
Ici un tweet du joueur allemand Lifecoach:
"Dieu merci il n'y a pas de RNG dans Hearthstone. Autrement je devrais calculer chaque play et je prendrais LONGTEMPS pour jouer mon tour."
Ou encore une réflexion du très connu joueur Kripparrian:
"J'aime la RNG, c'est pour ça que je n'ai pas d'autre choix que de faire de l'arène. Le Ladder est bien trop balance à l'heure actuelle.
Réflexions sur la métagame actuelle.
Autre sujet à débat et ce sur toutes les plateformes d'échange et de communication : la méta. Que cela soit des cartes jugées trop fortes, des decks non-contrables voire même des classes au dessus des autres, les critiques vont bon train et chacun y va de son avis et de son analyse personnelle.
Une plainte récurrente en ce moment, c'est "vivement la prochaine extension, cette méta est infâme, toujours les mêmes decks". Et à cela je réponds... C'est bien de votre faute. En effet, tout le monde copie sans vergogne les decks de quelques streamers connus et ce souvent sans se demander si certaines modifications ne seraient pas nécessaires. Et pourtant, quel deck a fini premier en Europe pour la saison de Février ? Le Chasseur Draw'madaire, mettant en scène plusieurs cartes que l'on n'avait jamais vues avant sur le Ladder. Qui est resté premier en Europe cette saison pendant plusieurs jours ? Maverick, grâce à un deck Grim patrons et Hobgobelins, featuring l'Archère elfe et le Gardien Mogushan. Figée, la méta ? Je ne pense pas, elle est simplement limitée par le manque d'imagination des joueurs.
Les développeurs sont d'ailleurs catégoriques. La méta est bonne et le jeu se renouvelle sans arrêt grâce à un brassage des cartes et des extensions régulières qui apportent leur lot de nouveautés. Quand on voit ce qu'a apporté le Grand Tournoi, on ne peut qu'être d'accord. Mieux, certaines cartes qui étaient tombées dans l'oubli comme les secrets du Paladin sont à nouveau jouées, ici grâce à l'Adversaire Mystérieux. Autre exemple, le Druide qui était en nette perte de vitesse retrouve sa place dans quelques tournois grâce à l'ajout des Racines Vivantes.
Je vous entends déjà vous plaindre de certains Decks soit disant "OP", imbattables, non équilibrés et je dois admettre que certains points sont légitimes. Une image valant tous les longs discours, étudions ce graphique obtenu grâce au site TempoStorm, nous avons les statistiques du Championnat Winter NA 2016.
Statistiques du HCT Winter NA 2016
Ce graphique nous prouve ce que nous savons tous déjà : la classe Voleur est à l'évidence bien trop forte dans le contexte d'Hearthstone actuel. Avec plus de 8 victoires sur 10 matchs (!!), Valeera est sans aucun doute LA héros à nerf. Cela sera d'ailleurs fait. Un journaliste du site LiquidHearth, Monk, a récemment rencontré les développeurs du jeu qui lui ont confirmé leur volonté de limiter la puissance de la classe la plus forte du jeu. Je vous propose de découvrir quelques informations disséminées dans l'entretien dont vous pouvez retrouver le résumé ici.
"Les cartes de base du Voleur sont vues comme trop fortes. Blizzard a fait attention lors de l'ajout de cartes Voleur fortes dans les extensions dû au fait que sa puissance de base est déjà si haute. Par exemple, l'Huile d’affûtage de Bricoleur ou le Pilleur de tombes sont les seuls ajouts significatifs toutes extensions confondues aux cartes Voleur. Nous avons l'intention de nerf les cartes de base dans l'optique de pouvoir en ajouter des puissantes avec les extensions à venir."
Petit bonus, voici une autre citation tirée de l'interview : "La Maîtresse du déguisement est une carte qui a été notée comme possiblement problématique dans le futur". Preuve que Blizzard regarde de près son jeu et ne laisse pas impunies les cartes clairement problématiques pour le jeu et son futur. Le Voleur ne pourra sans doute plus compter sur cet atout de taille dans sa manche et nous ne sommes sans doute pas les seuls à nous en réjouir.
En revanche, les classes en difficultés comme le Paladin et le Druide devraient être dans les priorités des classes à booster, comme le font pressentir les nouvelles cartes annoncées pour les deux classes. Unis contre les ténèbres, Ragnaros le Seigneur de lumière et surtout le Tisse-ambre Klaxxi du Druide confirment la volonté de remettre au goût du jour des héros délaissés. Certaines rumeurs tirées de commentaires en off des développeurs de Blizzard semblent d'ailleurs le confirmer.
En conclusion, il semble clair que ce concept de mauvaise méta ne soit qu'un leurre pour légitimer les mauvais résultats des joueurs moins bons. Nous avons prouvés par A plus B qu'il n'y a sur le papier que très peu de soucis concrets (oui le Voleur reste trop fort) mais on peut largement faire confiance à Blizzard pour résoudre ce problème et rendre ce jeu encore plus agréable à jouer comme ils le font depuis si longtemps déjà.
Retrouvez l'interview d'Odemian lors de la Gamers Assembly 2016. | |