Les jeux indés ont sans doute fait un bout de chemin. Que l'on pense aux tous premiers ou à ceux qui ont lancés la vague de la nouvelle génération comme Braid ou World of Goo, les indies ont fait du chemin. Ils jouissent désormais d'un véritable succès et d'une large communauté. Mais pourtant, ils ne sont pas forcément si proches des autres titres. Alors certains diront que Minecraft a réussi et est devenu un phénomène, il ne reste malgré tout qu'une goutte d'eau dans l'océan et lorsqu'on parle d'autres titres, beaucoup semblent inconnus voire inexistants. Qu'est-ce qui explique tout cela ?
Une goutte d'eau dans l'océan
L'une des raisons, même si celle-ci peut paraître saugrenue, reste le fait que les jeux indépendants sont nombreux. Si vous cherchez sur internet, vous pourriez être surpris du nombre de réponses que vous aurez, car des indés, il y en a ! Cela pourrait sembler avantageux aux premiers abords et ça l'est, dans un sens, il n'empêche néanmoins qu'il reste difficile de trouver la pépite que l'on cherche.
Personne n'a envie de dépenser de l'argent pour quelque chose qu'il n'aimera pas, que ce soit 50 ou 15 euros. Or il est difficile de trouver des avis sur certains titres, ils sont moins référencés, il est plus compliqué de s'y retrouver sans nos repères, ce ne sont pas des livres classés dans une bibliothèque parce qu'ils sont célèbres, ce sont des alcools dans un magasin, il y en a tellement qu'on ne sait pas lesquels prendre. Alors ne vaudrait-il pas mieux se rabattre sur quelque chose dont on a plus envie ? Bien souvent, la réponse est oui.
Minecraft, une goutte d'eau dans l'océan
Une distribution virtuelle
Et cela est partiellement lié à un second problème, le mode de distribution. Les jeux indépendants ne se vendent quasiment que sur internet, s'il est possible d'en avoir en version boîte, ces dernières sont très peu nombreuses. Pour reprendre l'exemple précédemment utilisé, imaginez vous dans un magasin d'alcool, le choix est déjà appréciable, imaginez maintenant que votre magasin soit sur internet ou chacun, s'il suit un processus, peut vendre son alcool. Cela devient un véritable enfer pour que les consommateurs s'y retrouvent. Même s'il existe des classifications, celle-ci, ainsi que nos goûts, ne sont pas forcement précises. L'avantage de la virtualisation d'un produit c'est que chacun peut l'acheter rapidement, indépendamment de l'endroit où il se trouve. Mais le défaut, c'est qu'il doit concourir en même temps avec tous les autres qui utilisent ce procédé.
Dès lors, pour s'en sortir, les acheteurs utilisent une méthode simple : Le rapport qualité/prix. Mais sur quoi se baser pour la qualité d'un jeu ?
Un état de sous-médiatisation
Cette qualité, on la trouve sur internet en général. En effet, les jeux vidéo sont encore récents dans l'histoire de l'humanité et ils sont bien souvent boudés par bon nombre d'autres médias. Les indies, eux, sont une sous-catégorie des jeux-vidéo et cela ne leurs rend pas la tâche plus facile. Ils doivent non seulement se faire une place dans un milieu qui souffre en terme de médiatisation, mais se voient obligée d'affronter ça avec leurs propres faiblesses.
Car même si Youtube leur a permis une meilleure diffusion, ils restent en-dessous de pas mal d'autres titres : de part leur mode de distribution, ils n'ont pas la couverture en magasin ou l'avis des vendeurs, de part leurs nombres, il est difficile de tous les examiner et de part leur différenciation tardive dans l'histoire vidéoludique, ils sont en désavantage face à leur concurrence. Dès lors, l'effet du bouche à oreille s'en trouvera lui aussi réduit, compliquant encore la démarche. Malgré tout, ce ne sera pas cela qui leur posera le plus de difficulté pour se faire remarquer, c'est autre chose.
Steam, principal vendeur de titres dématérialisés
Une fatalité d'existence
Et cette « autre chose » est très simple, c'est leur être. À cause des critères généraux utilisés pour les définir, les jeux indépendants ont bien plus de mal à se médiatiser que d'autres titres de grandes compagnies. L'argent est, évidemment, la première chose à laquelle on va penser. Il est plus facile de faire un trailer quand on peut payer quelqu'un pour le faire, les publicités que l'on trouve sur un site, voire parfois à la télévision, ne sont pas gratuites. Il est plus facile de faire parler de soi quand on en a les moyens.
On peut même regarder plus loin, il est plus facile pour un studio de se vendre aux testeurs, acheteurs quand ils en ont l'habitude, quand ils ont un acquis, une histoire, un soutien. Les indés, eux, ont rarement des conseillers marketing, de managers ou autres employés qualifiés dans ce domaine, peut-être même qu'ils n'ont personne ayant de solide connaissance dans l'animation, la musique ou les graphismes. De nombreuses difficultés ont fait des studios indépendants ce qu'ils sont, mais ces difficultés sont de nouveaux présentes dans les phases de communications. Bien sûr, il ne s'agit pas de problèmes sans solutions, des studios y sont déjà arrivés, Green Heart Games a, par exemple, sorti une version pirate volontaire de Game Dev Tycoon, ce qui a attiré l'attention, mais ces méthodes, il n'est pas si simple de les trouver.
Certains ont trouvé leur voie, mais tous ?
Une crise d'identité
Il faut ajouter à cela un problème, peut-être le plus important de tous ceux qui touchent les jeux indépendants : Qu'est-ce qu'ils sont ? En d'autres termes, comment les définir ? Auparavant, on disait d'un jeu qu'il était indépendant lorsqu'il ne possédait pas d'éditeur. Mais les choses ont changés et la limite entre indé et non indé est plus ambiguë, plus floue. Pourquoi puis je dire que ce jeu est indépendant ? Que celui-là ne l'est pas ? Peut-on toujours dire qu'il l'est ? Et est-ce véritablement indépendant ou y-a-t-il quelque chose que j'ignore derrière ? Toutes ces questions sèment une certaine confusion dans le secteur vidéo-ludique et dans le secteur des titres indies en lui-même ! Fini la jeunesse pour les jeux indépendants, ils entrent dans l'adolescence et sont pris dans une crise, une crise d'identité.
Une catégorisation sociale
Et tout comme un ado qui va à l’école, les softs indés vont devoir être jugé par les autres et dans ce cas-ci, les autres c'est nous ! Nous les acheteurs qui consommons des heures de plaisirs, nous les fans qui aimons notre passion, nous les testeurs qui faisons notre travail et nous les créateurs qui tentons de donner vie à nôtre âme à travers des lignes de codes et des images. C'est là que ce pose le problème de la définition, chacun en a finalement sa vision et ces attentes, parfois réduite ou biaisée, si pour certains il s'agira d'un jeu marginal qui se différencie de tous, pour d'autres ce sera le soft vendu à bas prix dans son E-Shop tandis qu'une énième portion des joueurs gardera l'ancienne définition...
Individuellement, nous les jugerons et les catégoriserons. Et comme l'enfant qui est en crise d'identité, ces différentes opinions ne font que les rendre plus difficiles à se positionner par rapport au monde et surtout à poser les bases solides de ce qu'ils sont.
10 jeux différents, tous indépendants ?
À travers tout ce discours, il est important de comprendre une chose, il ne s'agit pas d'une apologie selon laquelle les jeux indépendants seraient des pauvres oubliés de la vie. Mais de réfléchir et tenter de comprendre, pourquoi malgré l'engouement qu'ils suscitent, les titres n'ont pas un aussi grand succès que d'autres softs venant du marché plus classique et qu'il est important de réaliser que s'il est vrai qu'ils ont connus une récente expansion, la route est longue et que nombreux sont encore les embûches qui pavent la voie du succès. Car après tout, ce qui importe n'est pas tant le chemin parcouru, mais plutôt celui qu'il nous reste à faire.