Comme beaucoup de gens chez Millenium, j’ai eu un cursus en parfaite adéquation avec le monde du gaming puisque mon parcours à l’université m’a mené sur la voie de l’Histoire (malheureusement le diplôme jeux vidéo n’existait pas - encore - ). Hormis le fait de posséder une importante collection de vestes en tweed avec de la craie sur les manches, une des conséquences de mes études a été un intérêt marqué pour le déroulement du temps, les longues durées, les perspectives et leur perception. Des aspects qui aujourd’hui, sont chamboulés par la révolution apportée par Internet et les moyens de communication modernes.
À notre époque, l’information est devenue constante, immédiate et continue, ce qui n’est pas sans influence sur les mentalités humaines. Des processus qui se déroulaient auparavant sur des laps de temps beaucoup plus longs ont grandement raccourci et se placent maintenant sur des périodes autrement plus courtes. Ceci n’est pas sans incidence sur le rapport au temps présent, ou pas si lointain, et le label « old » s’appose désormais sur des choses qui ont parfois à peine plus d’une journée. Ce vieillissement prématuré a pour autre conséquence que les « souvenirs » se bâtissent beaucoup plus vite, chose accentuée encore plus dans le monde des jeux vidéo et du virtuel, ou de l’amusement en général où les temporalités ne sont pas tout à fait les même que dans la vie réelle.
Il manque la minute avant un examen, et la minute pendant un examen
Et qui dit souvenir, dit nostalgie, puisque selon l’adage aussi vieux que l’Homme les choses ont toujours été mieux avant (et ce de tout temps). Ce qui était valable à l’Antiquité, l’est tout autant à l’ère de l’Internet et même si le rythme s’accélère, vous trouverez beaucoup de personnes dans votre entourage pour dire que les jeux vidéo, et plus particulièrement ceux avec lesquels ils ont grandi, étaient, eux aussi, mieux avant. Indépendamment du constat il est intéressant de noter que « l’avant » fantasmé de la mémoire collective, n’est plus une époque dont nous sommes séparés par une génération, mais bien par quelques années, voire seulement plusieurs mois.
World of Warcraft n’échappe pas à cette règle et constitue en cela un bon exemple de cette tendance et des comportements humains qui y sont associés. Le jeu arrivera en novembre prochain sur sa neuvième année d’existence, pourtant les réactions de nostalgie qui y sont fréquemment associées donnent parfois l’impression que l’on parle d’une époque reculée, antédiluvienne, d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Souvent il ne s’agit même pas de la bêta du jeu en 2004, mais d’une ou deux extensions auparavant. WoW a eu ses périodes, ses époques, ses ères, comme un vrai monde, preuve que la perception du temps n’est absolument pas la même dans les jeux vidéo. Pour preuve, si vous êtes un joueur régulier de WoW et que vous pensez à Cataclysm, ceci vous paraitra lointain, alors que la troisième extension du jeu a pris fin il n’y a même pas un an.
Ce rapport au temps constaté, il convient maintenant de porter notre regard sur sa traduction la plus visible dans le monde de Warcraft et la nébuleuse virtuelle qui l’entoure : la nostalgie des premiers âges du jeu, en somme, la WoWstalgie.
Séchez cette vilaine larme