« WoW était mieux avant ». C’est le constat que certains tirent depuis BC, voire, pour d’autres, des périodes avancées de Vanilla. Le fait est qu’indépendamment de la qualité du contenu proposé, l’extension en cours, produira toujours son lot de râleurs, pour estimer que le présent ça suxx sévèrement, et qu’il ne fallait rien changer. Bien évidemment, la représentativité réelle de ces voix au sein des joueurs ou anciens joueurs est sujette à caution, mais au moins un constat s’impose : sur la proportion de ceux qui houspillent Blizzard et son jeu, l’argument du « wow cé nul c t mieu avan lol » constitue un pourcentage plus important qu’auparavant.
On note d’ailleurs dans leur ton et leur propos des regrets et une sorte de frustration quant à ce que WoW aurait dû être ou rester. Dans un précédent article, j’avais comparé cela à un amour qui aurait déçu. Je pense qu’un jeu aussi addictif pour ses mécanismes propres que les relations humaines qu’il tisse autour, créée nécessairement un réseau de liens passionnels qui marquent ceux qui sont réellement entrés dedans. Les déceptions provoquées par l’évolution du jeu (ou même par celle de son groupe de joueur ou de soi-même), alimentent la nostalgie et la frustration, comme lorsque l’on constate un comportement que l’on estime déviant chez quelqu’un de proche et que l’on ne l’approuve pas : on se révolte, et on en vient à regretter le passé.
Il n’est pas difficile de prendre le pouls de cette nostalgie, puisqu’elle se manifeste même jusque sur… la page Facebook officielle de WoW. Des anciens joueurs viennent y publier leur déception en affirmant que le jeu est « nul » (évidemment), voire mort (encore mieux), qu’ils ont bien fait d’arrêter et que surtout il était mieux avant, à l’époque de Votre-nom-d’extension-ici. Un peu comme si on allait en bas de chez son ex pour crier sous sa fenêtre qu’elle / il est nul(le), qu’on a bien fait de l’avoir plaqué(e) et que c’était mieux du temps où l’on était ensemble.
Pour verser dans un registre moins trollesque, notons que deux éléments sont bien représentatifs de cette wowstalgie. Le premier est le succès de tout contenu qui peut avoir trait aux anciennes extensions de WoW : articles, dossiers, vidéos, rétrospectives, etc. Le contenu proposé sur Mists of Pandaria et l’avenir du jeu ramassent paradoxalement moins de lauriers que tout ce qui ressasse le passé. Les joueurs demandant à ce que les anciennes zones soient refaites sont aussi un bon indicateur de cette nostalgie. Ils ne veulent pas nécessairement accoster sur de nouvelles contrées, mais redécouvrir ce qu’ils ont tant apprécié. Et, dans un autre genre, les serveurs privés doivent aussi une partie de leur succès au fait qu’ils proposent d’anciennes versions des clients du jeu. L’argument financier n’est pas l’unique raison, puisque ces serveurs permettent d’éviter un problème lié aux mondes persistants qui veut que les nouveautés écrasent l’ancien contenu. Si demain Blizzard lançait des serveurs, Vanilla ou Burning Crusade, quel succès auraient-ils ?
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