Si les gens étaient relativement calmes quand WoW était à son apogée, ils sont devenus nettement moins tendres quand le jeu a commencé à décliner. Cataclysm a été de ce point de vue, le déclencheur, puisqu’il est très souvent affligé du titre de plus mauvaise (ou moins bonne) extension de World of Warcraft. Le troisième disque additionnel comprenait son lot de problèmes et de manques dus en grande partie au fait que les équipes de Blizzard aient beaucoup travaillé sur la refonte de l’ancien monde plutôt que le nouveau contenu, et que le jeu soit sorti précipitamment pour les fêtes de fin d’année. Ajoutez à cela que WoW commençait alors à ne plus être tout jeune et commençait à lasser, et vous aviez donc toutes les conditions remplies pour que l’on commence à tirer à vue sur le meuporg du studio américain.
Avec un Wrath of the Lich King qui n’en finissait plus de se terminer et une extension moins bonne qu’espérée, la nostalgie a commencé à gagner un peu plus les joueurs qui regrettaient les époques de Vanilla et BC. La chose s’est donc accélérée avec le départ des joueurs de la première heure, souvent des hardcores gamers, faiseurs d’opinions, qui laissèrent derrière eux un jeu qui les avait lassés, déçu et sur lequel beaucoup resteraient sur leur impressions malgré les améliorations apportées à WoW, et le résultat très bon auquel on arrive aujourd’hui à Mists of Pandaria. Certains ont repris, et continuent encore à jouer, appréciant le jeu, mais ne retrouvant plus la flamme des premiers jours, quand tout restait à découvrir, quand les infos étaient difficiles à obtenir, quand des serveurs entiers apprenaient à jouer ensemble, et quand chaque royaume était une petite communauté se connaissant afin de pouvoir jouer ensemble.
Une époque s’est achevée avec les changements apportés et le passage du temps, bien que la nostalgie refasse surface régulièrement à l’occasion d’articles sur le sujet qui alimentent ce sentiment. Blizzard alimente parfois ce sentiment là, lorsqu’il remet au gout du jour de l’ancien contenu pour faire plaisir à ses joueurs : Onyxia, Zul’Gurub, Zul’Aman, l’ancien Monde, les Mortemines, Scholomance, Ombrecroc, le monastère écarlate… Des lieux emblématiques d’Azeroth, qui ont eu le droit à un coup de jeune, suscitant à la fois un plaisir certain et un pincement au cœur de voir l’ancien contenu, certes plus très joué, remplacé par quelque chose d’autre.
Scholomance, nouvelle version : cela ressemble à du Vanilla, mais ce n'est pas du Vanilla
Cette nostalgie donne aussi lieu à des scènes cocasses où des « vieux » de 25 ans expliquent à des jeunes de 18 ans, comment était World of Warcraft au temps jadis, comme si deux générations les séparaient, preuve supplémentaire que dans les mondes virtuels le passage du temps n’est absolument pas le même. Une sorte de fossé se creuse entre ceux qui sont arrivés sur le tard, et ont connu d’anciennes mécaniques, d’autres difficultés, d’autres noms et les arrivants plus tardifs, qui ont appris à jouer sur un jeu différent.
Juger de la qualité d’un jeu à ses atouts propres ou au ressenti collectif est une autre question. Il y a comme une ombre tutélaire qui plane au-dessus de WoW, et qui recouvre chaque nouveauté, chaque changement et chaque mois qui passe. Une époque mythique à la fois lointaine et proche qui a commencé en fanfare en 2004, jusqu’à l’apogée des 12 millions d’abonnés quand WoW était devenu le jeu main stream et le phénomène de société, alors accusé de tous les maux. Et il y a cette idée qui voudrait que le jeu ait alors été mieux avant, car il avait plus de succès. Pourtant il est aujourd’hui plus abouti, plus complet qu’il ne l’était à l’époque de WotLK. Mais l’émerveillement est passé et n’est plus qu’un souvenir qui hante la mémoire collective des woweurs, une ombre glorieuse et magnifique qui hantera sûrement l’avenir du jeu jusqu’à sa fin.