Comme à chaque fin d’année il est traditionnellement l’heure de tirer les bilans. Entre le gavage en règle de Noel et les beuveries optimistes du jour de l’an, cet entre-deux souvent synonyme de vacances est l’occasion de se retourner pour voir ce qui s’est accompli au cours de l’année écoulée. Pour World of Warcraft, 2012 a été une année mitigée : la longue fin de Cataclysm étant remplacée pour une nouvelle extension, qui a apporté avec elle beaucoup de bonnes choses. Voyons ensembles quels furent donc les évènements et sorties marquants pour WoW durant les douze derniers mois.
Pour aller plus loin vous pouvez également consulter nos articles : « Quel avenir pour World of Warcraft ? » et « Un an de Cataclysm ».
Mists of Pandaria, l'extension qui aura marqué 2012 pour World of Warcraft
Cataclysm : L’extension décriée
Comme le dit l’adage : de l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas. De ce point de vue, Cataclysm aura réussi sur les deux tableaux, passant du statut d’extension très attendue, à celle qui a sans doute été la plus vilipendée.
Les raisons du désamour
Lorsque Blizzard avait annoncé Cataclysm à la Blizzcon 2009, beaucoup ont poussé des petits cris de joie dignes des accros au shopping à l’ouverture des soldes. Après deux ans de Wrath of the Lich King, la firme californienne promettait que nous aurions le droit à du lourd. En octobre 2010, 12 millions d’abonnés parcouraient Azeroth, et même la Chine était tout juste passée à WOTLK fin août, après un roman-feuilleton digne d’une série américaine. L’étoile de WoW était alors à son firmament. Les évènements pré-Cataclysm battaient leur plein, des foules électrisées de fans attendaient frénétiquement la venue d’Aile-de-Mort depuis octobre et la sortie du patch 4.0 qui modifiait de façon conséquente les classes et mécanismes du jeu.
Inutile de dire que le lancement du 7 décembre fut à la hauteur des attentes. Pas moins de 3,3 millions de boîtes furent vendues en 24 heures, faisant voler en éclat le record du jeu PC vendu le plus rapidement. Les hordes de héros qui avaient piétiné le Roi Liche étaient prêtes à contre-attaquer face aux forces de Deathwing, et de ses alliés élémentaires, sans-visages, nagas ou du Marteau du Crépuscule. Dans ce contexte, Blizzard fut évidemment attendue au tournant par les fans qui espéraient beaucoup de cette extension.
Trailer du patch 4.3, la mise à jour concluant Cataclysm
Les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel. Le succès de WoW qui semblaient jusque-là insolent commença alors à s’effriter. Cataclysm a eu sa part dans la déception causée auprès des joueurs. Sortie plus rapidement qu’elle ne l’aurait sans doute dû, la troisième extension a été lancée avant les fêtes de Noël 2010. Mal équilibrée et manquant de contenu à haut niveau, une grande partie du travail des développeurs s’était porté sur la refonte de l’ancien monde, les empêchant de s’investir plus sur le contenu de fin de jeu. La sanction a été annoncée quelques mois plus tard : 600 000 abonnés avaient quitté le jeu en mai 2011. Un véritable choc pour un jeu, qui jusque-là côtoyait les records de ventes et d’abonnements.
Les choix stratégiques et les faux pas de Blizzard ne sont pas les seuls responsables. Malgré la richesse ou la qualité du contenu proposé, la lassitude fut sûrement le pire ennemi de ce meuporg à succès. Les gens ont naturellement envie de fraîcheur et de nouveautés, et qu’on le veuille ou non, un jeu qui commence à flirter avec la décennie, en manquera nécessairement, malgré ses qualités intrinsèques.
La longue léthargie
Cinématique de fin de Cataclysm : s'en suivraient des mois de disette de contenu
Bien sûr il y a eu quantité d’autre raisons (à lire sur nos articles : « Quel avenir pour World of Warcraft ? » et « Un an de Cataclysm »), mais celles-ci constituent déjà une part non négligeable du déclin amorcé de World of Warcraft. Quand 2012 débutait, c’est dans un contexte de défiance que Blizzard abordait la nouvelle année. 2012 serait en outre une année chargée pour le studio, puisque 3 jeux étaient planifiés : Diablo III (le 15 mai), Mists of Pandaria (le 25 septembre) et Heart of the Swarm (finalement repoussé au 12 mars 2013). Dans ce contexte, le studio n’a pas vraiment insisté pour fournir du contenu de fin d’extension passé le patch final, inutile de s’acharner à soigner un mourant quand la relève arrive. Aussi, entre le 30 novembre 2011, date de sortie du patch 4.3 et le 29 août 2012, date de sortie du patch 5.0.4, WoW ne vit aucun ajout de contenu. Combiné au reste des éléments évoqués, la fin de Cataclsym n’aura semblé être qu’une lente agonie, passées les semaines de fraîcheur suivant la sortie de la 4.3. Si bien que, pendant plusieurs mois, une période de vide s’ouvrait, achevant de faire de la troisième extension de WoW la moins bonne du studio pour beaucoup de joueurs.
Malgré ce portrait plutôt décevant Cataclysm n’en avait pas moins ses qualités. Son contenu, bien que destiné aux joueurs qui rerollaient était bien présent, et a rendu beaucoup plus plaisante l’expérience de leveling pour les joueurs montant de rerolls. Azeroth gagnait enfin l’unité et la cohérence qui lui manquaient depuis Vanilla en unifiant enfin les zones de jeu et permettant aux joueurs de les parcourir librement. Un certain nombre de mécaniques et de rouages de gameplay furent lancé à cette époque comme la simplification des monnaies (marques transformées en points PvE et PvP) ; l’amélioration des arbres de talents ; la transmogrification ; et le système de recherche de raid. Le principal bilan que l’on peut dresser de Cataclysm est que WoW y aura gagné en cohérence et en saine simplification, choses encore plus raffinées par le studio avec Mists of Pandaria.
2012 aura limité la casse au niveau des abonnements avec la fameuse offre du Pass annuel de WoW, qui permettait à ceux qui s’engageait un an sur le MMORPG de Blizzard de se voir offrir Diablo III, une monture volante et se voir garantir un accès à la bêta de MoP. De fait, Diablo III et la bêta de MoP ont servi à combler l’absence de nouveau de contenu dans le monde de Warcraft.
Lancement de Diablo III, ou comment faire de la sortie d'un jeu un évènement marquant
Il y aurait beaucoup à dire sur Diablo III, surtout au vu du torrent de boue qui lui est passé dessus. Mais s’il ne fallait retenir qu’une explication à la disproportion des réactions auxquelles il a eu le droit, le plus simple serait de dire que le jeu a suscité énormément d’attentes, au-delà même du raisonnable ou de ce que pourrait et devrait susciter un jeu. Aucun studio, fut-ce même Blizzard n’aurait pu produire un jeu qui satisfasse ce que les gens espéraient. D3 a pulvérisé des records de vente, allant sûrement très au-delà que ce que pouvait espérer la compagnie. Des millions de joueurs se sont engouffrés dans les brèches des enfers et ont été déçus : ils s’attendaient à autre chose, à tort ou à raison. Et la colère générée a été la hauteur de l’espoir originel. Aux problèmes techniques (la célèbre Erreur 37) dus à la sous-capacité, des serveurs sont venus s’ajouter des choix stratégiques qui ont cristallisé les rancœurs (nécessité d’être connecté à Internet, hôtel des ventes à argent réel), et les incompréhensions (les gens voulaient du contenu régulier comme sur un MMO et pas quelques actes à répéter indéfiniment).
On pourrait encore noircir des pages et des pages sur le sujet, aussi refermons cette parenthèse. La conséquence de tout cela est que, pour la première fois, l’image de Blizzard a sérieusement été écornée, plus qu’à l’époque de la polémique sur le Real ID : cette fois-ci c’était le cœur d’activité de Blizzard qui était atteint, puisque sa capacité à faire d’excellents jeux était remise en question. Le studio a perdu de son aura auprès de ses fans, comme jamais auparavant. Mists of Pandaria avait été accueillie de façon mitigée par le public, l’agonie de Cataclysm, et la frustration autour de Diablo n’ont rien arrangé. L’absence, en 2012, de la grand-messe à destination des fans qu’est la Blizzcon, n’aura pas non plus permis au studio de communier à nouveau avec ses ouailles. De cette première annonce et de l’année qui a suivi, sont restées de traces, des traces qui ont entaché le jeu malgré ses qualités.
Trailer de la Blizzcon 2011. En 2012 Blizzard ne disposa pas de ce formidable évènement pour resserer les liens avec ses fans