Mists of Pandaria : La perle au milieu des brumes
Apprendre de ses erreurs
Mists of Pandaria est victime d’un étrange paradoxe : cet addon est sûrement le meilleur produit par Blizzard, et pourtant c’est celui qui a le moins été un succès. Beaucoup de facteurs expliquent cette absence de réussite. Chronologiquement cela remonte à la Blizzcon d’octobre 2011, où la communication du studio aura été moins efficace qu’à l’accoutumée, puisque les gens n’en auront retenu que les Pandarens et les combats de mascottes, ou pour la vindicte populaire : les pandas et les pokémons. Pour beaucoup de gens, ces deux éléments ont occulté tout le reste. Ils sont devenus les deux arbres cachant la forêt, alors que l’extension propose un contenu très riche et varié. Sans doute Blizzard aurait dû attendre avant de dévoiler les combats de mascottes, qui auront été le point de cristallisation de toutes les critiques et les rancœurs accumulées, qui ne demandaient qu’à surgir après Cataclysm.
Pourtant face à cette animosité le studio a très bien réussi à remonter la pente. Si entre la Blizzcon d’octobre 2011 et mars 2012, aucune info n’avait été dévoilée sur le jeu, à partir du troisième mois de l’année, ce flot n’a plus jamais cessé. Ce fut tout d’abord le Press tour organisé dans les locaux californiens de Blizzard qui permit de proposer une autre approche du jeu au public, puisque désormais le contenu était présentable. La bêta du jeu commença aussi à cette époque, permettant aux centaines de milliers de souscripteurs d’y avoir accès. Dès lors, des captures d’écran, des vidéos, des rapports de jeu, des présentations s’enchaînèrent sans discontinuer jusqu’à la sortie du jeu en septembre.
Le Sha de la Colère sur la bêta de MoP. L'époque bénie où l'on découvre encore un monde vierge.
Si Blizzard commet des erreurs, il en retient des leçons. Les erreurs de communications ont été réparées, puisque l’accès à la bêta a cette fois été total. Pas de NDA et de clause de confidentialité digne de la CIA comme pour le bêta test de Guild Wars 2. Le studio s’est également fait une raison sur le datamining et l’a pris en compte dans le cycle de présentation du nouveau contenu. De fait les sites spécialisés sont devenus des auxiliaires précieux pour expliciter et présenter les nouveautés qui arrivent, dont MMO Champion et Wowhead sont les représentants les plus connus.
La bêta aura donc été un succès pour Blizzard, le mode de fonctionnement s’affinant d’année en année tant pour la presse en ligne que pour le studio lui-même. Le nombre de joueurs présents sur la bêta de MoP aura également permis à la firme de recueillir de précieuses statistiques histoire de peaufiner son jeu.
Sortir prématurément Cataclysm, n’aura pas été une bonne idée pour le studio, qui aura donc pris son temps pour achever Mists of Pandaria. L’été aidant, les équipes de développement auront donc mis la main à la pâte sans être pressées par l’arrivée des fêtes comme pour Cata.
Les erreurs sur le contenu auront aussi été retenues. Les joueurs voulaient du contenu ? Ils en auront ! Jusqu’à plus soif si nécessaire. Entre Vanilla et MoP, le bond est vertigineux. Tout le monde a aujourd’hui quelque chose à faire sur WoW : héroday, LFR, journas, daily BG, arènes, scénarios, farm, monter les métiers, monter les réputations, combats de mascottes, évènements saisonniers, Bastonneurs, récolte d’armures pour transmogrification, achèvement du vieux contenu, sans oublier les traditionnelles discussions en restant assis tranquillement dans un coin.
Les scénarios, une des nouveautés sympathiques mais sous-utilisées de MoP
Un grand cru
Le résultat de tout cela est qu’aujourd’hui on trouve de tout à faire dans WoW, tant à un niveau de jeu occasionnel qu’à un niveau important. Blizzard a bien mené sa barque, et on voit que 8 années d’évolution sont passées par là, WoW et MoP disposent de solides atouts pour plaire.
Le lancement de MoP s’est bien déroulé. Certes les évènements organisés à l’occasion de la sortie du jeu étaient moins bondés que ceux de Cataclysm ou surtout de Diablo III, mais les fans ont répondu présents un peu partout dans le monde et étaient ravis de communier à nouveau ensemble pour la sortie de la quatrième extension.
Aucun problème technique majeur n’est venu ternir les débuts de Mists of Pandaria, comme ce fut le cas pour les précédents addons, faisant ainsi de l’Erreur 37 de Diablo III une bizarrerie dans le parcours de la firme ces dernières années.
La fameuse erreur 37 de Diablo III, passée rapidement au stade de meme
Le contenu du jeu est bon en lui-même, les quêtes sont toujours aussi présentes, de moins en moins rébarbatives, et même si scénaristiquement on est loin du niveau d’un Star Wars the Old Republic, l’affinement du système au bout de 8 ans est plaisant. Le massacre de sanglier à la chaîne fait aujourd’hui plus figure de légende urbaine que de passage obligé. Les quêtes de bash existent toujours, même elles sont noyées dans le flot de missions beaucoup plus originales, amusantes et intéressantes.
La simplification des arbres de talent attristera les nostalgiques, mais le système a le mérite de proposer enfin des choix intéressants et valables, plutôt que de remplir un arbre avec des passages obligés sous couvert du choix. Les nouveautés comme les combats de mascotte, le marché noir, les scénarios et les modes défi apportent un vent de fraîcheur appréciable, même s’ils ne font pas le poids face aux classiques donjons, raids ou champs de bataille.
Les modes défi sont d’ailleurs le symbole de la philosophie actuelle de WoW : donner du contenu à tous : casus comme joueurs hardcores. Aux joueurs occasionnels les donjons héroïques, ou plus avertis les modes défi ; aux premiers le mode recherche de raid, aux seconds les raids héroïques ; etc. Tout le monde a donc quelque chose à faire dans WoW quel que soit son niveau aujourd’hui.
Si cela ne suffisait pas, le rythme de sortie des patch est passé à la vitesse supérieure et la firme californienne, semble donc en mesure de proposer une nouvelle mise à jour de contenu tous les deux à trois mois, ce qui est considérable. Proposant du contenu à un rythme peut-être trop effréné pour certain.
Le patch 5.2 révélé trois mois après le lancement de MoP et une mois après la sortie du 5.1
De fait, Mists of Pandaria semble être objectivement la meilleure extension proposée en termes de quantité et de qualité de contenu. Certes la gloire passée enlève de sa saveur à cette belle performance, mais le quatrième addon de WoW a toutes les cartes en main pour séduire le plus grand nombre.
Bien sûr tout n’est pas rose, et MoP a aussi ses mauvais côtés. Les principales citriques se concentrent aujourd’hui sur le système de quête journalière et la façon de monter les réputations qui demandent aujourd’hui plus de temps. Si l’idée initiale du studio était que ces choses-là n’avaient rien d’obligatoire comme auparavant, les joueurs avaient plutôt l’idée inverse. Ils voulaient malgré tout les monter et les faire, mais trouvaient cela trop long. Le studio a donc mis en chantier une réflexion sur la question afin d’assouplir un peu la chose. Blizzard a appris de ses erreurs passées et a rectifié le tir. Toujours à l’écoute de ses joueurs et friand de leur retour, le studio s’est donc adapté à leurs desiderata.
Conclusion
Après la lente agonie de Cataclysm, 2012 aura donc été marqué par la sortie de Mists of Pandaria, la quatrième extension de WoW. Malgré les qualités de MoP, cette perle reste cachée au milieu des brumes. Les joueurs sont restés sur leur a priori négatif, ou n’ont tout simplement plus envie de jouer à un jeu qui a huit ans, même s’il a considérablement changé. Toutefois le studio peut encore compter sur sa masse considérable d’abonnés. Burning Crusade s'était vendu à 2,4 millions d'unités le premier jour et 3,5 millions le premier mois. Wrath of the Lich King s'était vendu à 2,8 millions d'unités le premier jour et 4 millions le premier mois. Enfin, Cataclysm s'était vendu à 3,3 millions d'unités le premier jour et 4,7 millions le premier mois. Aux dernières nouvelles, 2,7 millions d'exemplaires de MoP se sont écoulés la première semaine de vente, et le nombre d'abonnés au MMO de Blizzard est repassé au-dessus des 10 millions. Ces chiffres étaient ceux réalisés avant la sortie du jeu en Chine le 2 octobre dernier. Depuis, plus de nouvelles.
Lancement de Mists of Pandaria. Un succès, certes moindre, mais un succès tout de même
Des chiffres insolemment bons pour un jeu payant par abonnement dans sa huitième année, mais qui sont donc en deçà des habituelles ventes de la firme. Mists of Pandaria semble avoir été commercialement un succès en demi-teinte au regard des exploits passés de la compagnie au logo bleu. Mais le jeu n’a pas à rougir, tant les ventes sont honorables et la qualité du produit excellentes. Et les résultats de la concurrence incitent à la fierté, quant on voit où ont disparu un à un tous les autres challengers de WoW. Certes World of Warcraft n’est plus le jeu emblématique et si joué qu’il a été, mais il est resté un succès.
Si 2012 a été l’année où Blizzard aura corrigé ses erreurs et encore bonifié son jeu, 2013 devra être l’année où il arrivera à convaincre que c’est un bon produit, malgré sa longue existence. Y arrivera-t-il alors que l’âge des MMO payant semble s’être terminé ? L’avenir nous le dira.