Fabien Metsa n'était pas un étudiant des plus studieux, après une année de terminal rythmée par les devoirs non rendus, il quitte le lycée sans obtenir son bac et s'élance dans le monde du travail.
À 18 ans seulement, il entre à La Poste et consacrera dix années de sa vie à la noble institution, gravissant les échelons, vivant d'un travail ordinaire mais ne perdant jamais de vue le monde du jeu vidéo. Déjà à l'époque, il est l'un des lecteurs de Jeuxvidéo.com.
Le début de l'aventure
"Je n'avais jamais écrit pour personne avant."
À force de suivre l'actualité du site, Fabien se prend à vouloir écrire. Un sujet l'intéresse tout particulièrement : la musique des jeux vidéos. Or, il sait qu'une rédactrice souhaiterait également écrire sur le sujet. Cette rédactrice se nomme Romendil, et un beau jour elle reçoit un mail de Fabien qui souhaite l'aider à confectionner le dit-dossier. Mais Romendil n'a jamais eu le temps de commencer son travail, noyée sous son propre emploi du temps, elle confie le dossier à Fabien.
Nous sommes en 2009 et jeuxvidéo.com n'a pas encore commencé à travailler avec des contributeurs bénévoles. Il sera donc la toute première personne à se lancer dans l'écriture d'un dossier sans être rédacteur.
Occupé par son travail à La Poste durant la journée, Fabien mettra près de trois mois à donner naissance à « La musique dans les jeux vidéos », dossier de 34 pages, présentant une rétrospective complète de l'évolution des bandes sons dans le jeu vidéo, ainsi que de nombreuses interviews de compositeurs. Celui-ci est publié le 19 juin 2009, pour la fête de la musique.
Si il est bien évidemment heureux de voir son travail publié sur jvc, Fabien n'imagine pas encore en faire son métier. Durant les mois qui vont suivre Anagund (pseudo sous lequel il signe ses articles) continue à participer bénévolement à la rédaction, entre test de jeux oldies et dossiers occasionnels.
Début 2010, une nouvelle tombe, le genre qui pourrait changer sa vie. « L'un de nos rédacteurs est sur le point de partir » lui apprend Romendil. Jusque là, Anagund n'avait jamais pensé devenir journaliste professionnel, mais lorsque le rédacteur en chef de l'époque : Super Panda, le contacte également pour l'encourager à tenter sa chance, il se lance et postule.
Un entretien chez Jeuxvidéo.com
"Je suis sûr qu'en plus de la glace il devait y avoir une vache sur les rails."
Cette place de rédacteur qui vient de se libérer, c'est le graal, et une centaine de vaillants candidats s'élancent sur la route pour être celui qui complétera la quête. Mais le chemin est traître : CV faiblard, expérience inexistante, lettre de motivation … démotivante, la grande majorité d'entre eux disparaîtra sans avoir même aperçu la fin de l'aventure. Pour les quelques âmes valeureuses qui survivent au voyage, le plus dur reste à faire : l'entretien.
Concernant Anagund, son voyage est figé sur place. La neige qui ce jour là tombait dense et drue a paralysé le train qui l'emmenait vers son entretien. Il arrive finalement chez jvc, las de son voyage et pratiquement certain de ne pas être pris. Il s'assoit à une table et parle, parle pendant une heure trente. La peur de l'échec engourdie par la fatigue d'une journée bien trop longue.
Peut-être qu'oublier son stress lui a donné un avantage, peut-être qu'avoir plus d'expérience que les autres candidats a aidé, peut-être était-ce sa vaste culture du jeu vidéo ou peut-être encore sa spécialisation dans les oldies. C'était probablement un mélange de tout. Quoi qu'il en soit, son portable a sonné le lendemain matin, et Anagund est devenu le nouveau rédacteur de jeuxvidéo.com.
Être rédacteur
"C'est vraiment pas très compliqué, tu joues et à la fin t'écris."
Si Anagund commence par décrire son job ainsi, il se reprend tout de même rapidement : « En vérité je suis loin de passer 50 % de mon temps à jouer ».« Concernant les test, l'écriture peut-être longue, parfois jusqu'à une demi-journée. Outre l'écriture il faut enregistrer les images et les extraits vidéos qui vont venir illustrer le test. Mais aussi préparer les gaming live et passer le temps qu'il faut devant la caméra jusqu'à ce que le résultat soit bon."
"En dehors des tests, il y a des éditos à écrire chaque jour pour faire vivre le site. Des dossiers à préparer ou encore de la recherche, qui peut parfois être très longue, afin d'être toujours à jour sur l'actualité.
"Enfin, on passe aussi énormément de temps à simplement amasser de la culture personnelle. Tester un jeu c'est connaître la franchise dont il est issu, les projets antérieurs du développeur, et le style dans lequel il s'inscrit, ce travail repose donc énormément sur notre culture personnelle du jeu vidéo".
Un conseil
"Il se libère une place par an, pour 1000 personnes."
« Si vous rêvez de travailler dans le gaming, mon premier conseil serait de vous garder un job à côté. Vous pouvez être compétent, vous pouvez même être très bon mais les places sont tellement rares que sans un gros coup de chance vous pourriez bien ne jamais y arriver."
« De toute façon vous devrez probablement commencer en amateur, il faut commencer par accepter de travailler gratuitement pendant longtemps, et si vous vous donnez quand même à fond et que les résultats sont bons, on finira peut-être par vous remarquer. Mais comme tout cela est très long, et très incertain, soyez sûrs d'avoir toujours un job de secours ».