Test de Xenoblade Chronicles 2
Découvrez notre avis sur Xenoblade Chronicles 2, le dernier JRPG de Monolith Software exclusif à la Nintendo Switch et disponible le 1er décembre prochain.
Vague à lame
Bienvenue sur Alrest, un monde étrange composé d'immenses titans baignant dans une vaste mer de nuages et sur lesquels la plupart des espèces réside. Ces terres mouvantes abritent en effet des royaumes entiers, avec leurs propres politiques, leurs climats et leurs armées. Dans un contexte géopolitique assez tendu, vous prenez le contrôle de Rex, un jeune récupérateur qui sillonne la mer de nuages sur son «papy» à la recherche de précieux trésors : concrètement, le bon gros cliché du personnage quelconque qui finira tôt ou tard par sauver le monde. Lors d'une mission censée lui rapporter gros, le jeune homme va faire la connaissance de Pyra, l'Aegis, une Lame très rare qui lui demandera de l'accompagner jusqu'à L'Elysium, une terre promise de laquelle les humains auraient été bannis il y a de cela des milliers d'années. Ainsi débute une épopée qui va conduire nos héros à travers tout Alrest, de titan en titan et d'épreuve en épreuve, jusqu'à atteindre le sommet de l'arbre-monde et son secret ultime.
Comme d'habitude, on ne s'échinera pas à rentrer dans les détails du scénario et de l'univers, vous aurez évidemment à cœur de les découvrir par vous-même si vous comptez parcourir le jeu, néanmoins, il convient de préciser que l'ensemble des thèmes chers à Tetsuya Takahashi est traité dans le jeu, avec plus ou moins de succès. Le gros focus du jeu reste les lames : leur destin, les règles qui régissent leur existence, leurs aspirations... Elles sont l'élément central du jeu, avant que ce dernier ne se décide de raccrocher les wagons de manière très discrète et subtile avec Xenoblade Chronicles 1. En effet, avoir terminé XC1 est un gros plus si vous souhaitez comprendre toute l'ampleur du scénario et les fameuses origines de l'Architecte, un mystérieux personnage que le déroulement de l'aventure n'aura de cesse de vous rappeler. A ce sujet, XC2 ne renie pas les travers de son genre, en étant beaucoup trop bavard et en rappelant des dizaines de fois ce que l'on sait depuis déjà plusieurs heures : c'est agaçant sur la longueur et on sent que la durée de vie, très bonne au demeurant, a été étirée pour incruster des arcs scénaristiques supplémentaires.
Tous les personnages ne sont effectivement pas logés à la même enseigne et même si chacun d'entre eux a le droit à son quart d'heure de gloire, certains héros se retrouvent complètement sous-exploités voire effacés... Ainsi, le nopon qui vous accompagne aura le droit à un chapitre 4 entièrement dédié à son histoire, tandis que celle de Nya, héroïne autrement plus importante, verra son background évolué au travers d'un simple donjon n'ayant aucun rapport avec elle. Malgré une longévité qui est pourtant dans la moyenne du genre, on sent que tout est un peu précipité et qu'il aurait bien fallu 3 voire 4 chapitres supplémentaires pour approfondir certaines choses et certains personnages. Il en va de même pour la très grande majorité des quêtes annexes, inintéressantes au possible, même lorsqu'il s'agit de celles qui sont dédiées aux lames rares... Oubliez les quêtes d'entente et les fils de missions qui métamorphosaient l'environnement dans XCX, on est revenu à de la fetch quest bête et méchante, un bien beau gâchis...
Rex, attaque !
Le gros, très gros morceau de Xenoblade Chronicles 2 est, on le précise d'avance, une plaie à synthétiser pour l'auteur, tant il est riche et complexe. Bon, par où commencer ? Dans le monde d'Alrest, les combattants utilisent les Lames, des armes personnifiées qui confèrent arts et bonus passifs à leur détenteur. Sur le champ de bataille, cela se traduit par 3 duos (un pilote et une lame), sachant que chaque pilote peut équiper 3 lames simultanément afin d'élargir ses options stratégiques et sa panoplie de techniques. Au cours d'un affrontement, le personnage balance des auto-attaques permettant de charger ses arts de pilote, arts de pilote dont l'utilisation sert au déclenchement d'un art de lame. Une fois balancé, ce dernier va faire apparaitre une arborescence d'éléments qu'il faudra faire avancer en lançant des arts de lame de niveau supérieur. C'est assez abstrait dit comme ça, mais dans les faits c'est assez simple à comprendre : après un art de lame feu niveau 1, vous aurez le choix entre réaliser un art de lame feu ou vent de niveau 2 et ainsi de suite jusqu'à réussir un combo complet qui permet de causer des dégâts assez monstrueux et qui créera du même coup une orbe de résistance à l'élément de fin d'enchaînement, celle-ci tournant en permanence autour de l'ennemi. Le but du jeu est alors de créer un maximum d'orbes de résistance pour ensuite les exploser grâce à un dernier niveau d'attaque qui se déclenche quand les 3 barres de la jauge d'harmonie sont pleines... Vous êtes toujours là ? Parce que c'est pas fini !
Vous devrez également prendre en considération les combos de pilote, déjà présents dans XC1 et XCX, puisqu'il s'agit de déstabiliser l'ennemi, de le faire chuter, de le projeter et de lui causer une commotion, dans cet ordre précis. Comme dans les titres mentionnés, il faudra enchainer ces attaques dans cet ordre bien précis et croyez-nous, c'est loin d'être évident. A noter que les combos de pilote et de lames peuvent converger pour causer des dégâts accrus et des effets supplémentaires, comme une barre élémentaire à la durée rallongée, etc. On a forcément oublié des choses, mais concrètement, rien ne vaut la pratique, ce qu'il faut en retenir, c'est que le système de combat est riche, avec une pléthore de possibilités et de nombreuses occasions de retirer des centaines de milliers de points de vie à un ennemi en une fois. Abordons maintenant les lames que vous récupérerez (via un système de «boîte» au contenu aléatoire) et les mécaniques de personnalisation qui les entourent. Tout d'abord, la plus importante d'entre elles, le sociogramme : en accomplissant certaines actions (décrites dans l'arbre), vous pourrez débloquer passifs et compétences pour votre lame. Ça peut être une condition toute bête comme parler à un nombre prédéfini de nopons, ou des objectifs beaucoup plus contraignants, comme déclencher des combos élémentaires particuliers, etc. Parmi ses compétences se trouvent celles de terrain, une nouveauté qui part d'une bonne idée : grâce à elles, la lame va dénicher davantage d'objets d'un type donné sur les filons associés, alors que certains passages ne pourront être débloqués que par la combinaison de plusieurs compétences de terrain.
Là où le bât blesse, c'est que ces dernières vont être surexploitées dans le dernier tiers du jeu (beaucoup, beaucoup plus dirigiste), vous empêchant de progresser dans une zone si vous ne possédez pas les bonnes associations de techniques. Du grand n'importe quoi, puisque cela intervient lorsque le scénario s'emballe et que la tension ne cesse grimper... Ça casse brutalement le rythme et rallonge artificiellement la durée de l'aventure. Reste que le système de lames permet une personnalisation de son style de jeu particulièrement élevée, avec de nombreux paramètres à prendre en compte et des tonnes d'équipements et de gemmes à forger grâce aux composants que vous ramasserez au cours de vos balades. A ce titre, l'exploration est toujours aussi bien récompensée, avec de nombreux coffres et autres zones secrètes que les mordus de complétion se feront un plaisir de dénicher. Pour conclure sur le gameplay, il faut bien comprendre qu'il ne cesse d'évoluer et de se renouveler, toujours avec les mêmes bases : tous les systèmes ne sont pas intégrés avec la même justesse ou le même soin, mais la multiplicité des mécanismes rend le Xenoblade Chronicles 2 très addictif même si, comme nous allons le voir, la technique du jeu risque de gâcher la fête.
De mal en Pyra
Avec XC, Monolith Software s'est lancé le défi de laisser le joueur parcourir plusieurs titans : si le pari est réussi avec de nombreuses zones, très différentes, on ne peut qu'être choqué par le manque d'inspiration qui découle de certaines d'entre elles : Tempérantia, s'il s'agit d'un champ de bataille, aurait pu être autre chose qu'une simple étendue de roche noircie. C'est un exemple parmi tant d'autres, mais pour nous le constat est assez mitigé, puisque seuls trois ou quatre zones du jeu auront vraiment su tirer leur épingle du jeu sur la bonne douzaine proposée. Et s'il n'y avait que ça... Les problèmes techniques sont légions et la Switch peine régulièrement à tout afficher correctement : que ce soit la résolution qui chute à certains endroits, ou alors le framerate complètement à la ramasse dans toutes les villes du jeu... Ça fait beaucoup et ça arrive trop régulièrement pour être complètement ignoré. Alors entendons-nous bien, le jeu propose quelques environnements réussis, malheureusement les gros soucis soulignés plus haut entament le plaisir de jeu et le désir d'exploration se fait bien moins sentir que dans les opus précédents. Par contre, attention, OST de dingo, comme on pouvait s'y attendre de la part des compositeurs qui se sont penchés dessus : avec plus d'une centaine de pistes, la bande-son régale et ce, dans quasiment tous les genres, avec de l'orchestral pour l'exploration du métal bien gras pour les bastons, etc. Enfin, impossible de ne pas évoquer les cutscenes de baston du jeu : chorégraphiées avec soin, elles assurent le spectacle et font dans la surenchère tout au long du jeu, ça permet de rester éveillé entre deux séquences de parlottes longuettes.
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Les plus et les moins |
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Scénario intéressant (avoir terminé Xenoblade Chronicles 1 est vivement recommandé). | Beaucoup trop de problèmes techniques | ||||
Des cutscenes qui ont la patate | Quêtes annexes inintéressantes | ||||
Un gameplay profond qui n'a de cesse de se renouveler | Design des blades qui souffle le chaud et le froid | ||||
La curiosité très souvent récompensée | Le background de certains personnages, sous-développé | ||||
Bonne durée de vie (60h00 en ligne droite) | Les compétences de terrain, très mal exploitées (surtout dans le dernier tiers du jeu) | ||||
OST de dingue |