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Assassins, Hashishins mythe et réalité

Assassins, Hashishins mythe et réalité
Origine historique et mythe
  • L'histoire des Assassins dans Assassin's Creed
  • Pour aller plus loin
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Guide de l'Histoire des Assassins dans Assassin's Creed et origine du mythe dans l'Histoire réelle. Millenium vous invite à vous plonger dans l'univers d'une des licences légendaires de cette génération.

Assassins, Hashishins mythe et réalité

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À quelques jours de la sortie d'Assassin's Creed, Millenium vous invite à découvrir la licence de manière complète et immersive. Les jeux qui se sont bâtis sur l'Histoire empruntent à la réalité les légendes, les secrets, les victoires et les défaites de leur temps. Reconstruire le monde mémoriel, c'est aussi lui donner un sens, imprimer une vision sur le passé, définir son intimité, sa fureur ou sa gloire. Assassin's Creed est de ces jeux qui ont trouvé dans leur ancrage dans la réalité, un moteur pour leur narration. Revenons aujourd’hui sur l'histoire des Assassins, leur origine présumée ou celle de l'étymologie même du mot « Assassin ». Plongez dans l'Histoire réelle et ses secrets en compagnie de Millenium pour mieux comprendre la série d'Ubisoft.

 

Lion Ismaélien

 

 

« Rien n'est vrai, tout est permis »

C'est ainsi que les Nizârites voient le monde et interagissent clandestinement dans les interstices des politiques menées par les croisés chrétiens occidentaux ou orientaux, et les musulmans orthodoxes du bassin persique, qu'ils soient sunnites ou chiites. La secte ismaélite dérive au gré des lectures mystiques du Coran vers une exaltation du libre arbitre sous les inflexions de leur guide et Mentor en qui ils vouent la plus farouche fidélité. C'est cette autonomie politique qui sera le leitmotiv durant l'existence de la confrérie menée à ses débuts par Hassan Ibn al-Sabbah, plus connu sous le nom de « Vieux de la Montagne » par ceux qui l'ont craint ou respecté.

« Hassan avait trouvé le moyen d’agir sur les âmes. C’est par là qu'il nous intéresse passionnément. C’est par là qu’il se range parmi les échansons de l’humanité, et que ses châteaux sont des châteaux de l’âme. » Dans son livre « Enquête au Pays du Levant » tiré du chapitre « Le Jardin de Hassan », c'est ainsi que Maurice Barrès dépeint celui qui a étudié à la Mosquée de Nichapour le Coran de manière littérale et aussi ésotérique. Ibn al-Sabbah y a aussi analysé les écrits des philosophes grecs et la science persane ou indienne, s'est intéressé avec assiduité à la recherche astronomique, mathématique et alchimique pendant des années mais ce qui le fera basculer dans la dévotion spirituelle ismaélite, est sa rencontre avec des prédicateurs de cette branche de l'islam prônant la scission avec les chiites duodécimains  en 1094.

 Hassan Ibn Al Sabbah, le "Vieux de la Montagne"

La dynastie des Fâtimides sera le creuset matriciel de l'expansion ismaélienne. Un empire qui s'opposera à la tradition califale de Bagdad et qui s'étendra du Maghreb à la Syrie en passant par la Sicile. La réorganisation politique est initiée par l'Imam Ubayd Allah al Mahdi qui trouvera chez les Berbères des alliés sûrs. C'est à cette dynastie que l'on doit la naissance du Caire comme capitale réelle et transcendante de l’Égypte. Le Caire ,« La Victorieuse », deviendra un carrefour du savoir, la « Maison de la Sagesse » , dans laquelle seront enseignées les sciences antiques de la péninsule indo-européenne, ou orientales.

En 1094, la philosophie imamite (tradition et transmission par l'imam) qu'est l'ismaélisme est plongée dans une guerre intestine. C'est le choix de la succession au calife fatimide Mustansir Billâh qui éloigne Nizâr, le fils désigné pour lui succéder, du trône. Le vizir Al-Afdal choisit, plutôt que de risquer d'avoir à partager le pouvoir avec Nizar (l’héritier du calife et âgé alors de cinquante ans), Ahmad son jeune frère âgé de seulement 20 ans. C'est dans ce contexte que la révélation Nizârite, sa vocation, et que la société secrète sont prescrites par Ibn al-Sabbah. Le théologue et philosophe établira sa politique sur la protection des secrets de la gnose islamique et usera des moyens les plus définitifs pour déstabiliser la politique des régimes sunnites de Bagdad , du Caire ou des conquérants venus d'Europe. L’ismaélisme découvrait avec Ibn al-Sabbah un second souffle et le sage trouvait sa Montagne.

 

Empire Fâtimide (en vert) Danseuse aux foulards (Art fâtimide)

Maison de la Sagesse

"Maison de la Sagesse"

« Le Vieux de la Montagne » est le nom qu'ont donné les Francs à Ibn al-Sabbah quand ce dernier choisit le piton rocheux d'Alamut pour y vivre dans la forteresse bâtie en 860 par Wahudan bin Marzuban. Le titre fut ensuite étendu à ses successeurs, à chaque génération son Sage ou son Mentor. Étymologiquement, le terme Alamût est construit sur deux mots : « âluh » et « âmût » littéralement le « Nid d'Aigle ». L'origine du nom remonterait à la dynastie Justanid de Daelam fondée en 805, selon la légende un chasseur avait repéré un aigle qui avait élu domicile sur le rocher, un rocher si haut qu'il surplombait le massif et semblait imprenable. « Nid d'Aigle », le choix des mots peut avoir des récurrences cycliques dans le temps et l'Histoire, n'est-ce pas ? Il existe une autre traduction, plus mystique, dévoilée par Ibn Athîr dans son « Kâmil fî al-Ta’rîkh » (Beyrouth, 1975, tome 10) selon laquelle l'endroit aussi appelé « ta`lim al-aqab », « La connaissance de l'Aigle » serait apparu à al-Sabbah parce qu'il lui aurait été dévoilé par l'aigle.

Dans le cas présent l'historien kurde du XIIème siècle fait référence au mot « âmût » comme un dérivé du mot « âmûkht » et de son sens « initiation ». Un chemin initiatique qui place donc l'Aigle comme un symbole organisationnel connu dans les civilisations antiques. Emblème impérial par excellence en Perse, à Rome, en Germanie, l'oiseau roi est associé par St Augustin au plus sublime des évangélistes : Jean, en mettant en perspective la révélation divine et l'« intelligence spirituelle » consacrée à cette image. En Alchimie, l'Aigle est aussi un symbole de la quête initiatique dans l'Art de la création. L'aigle est souvent le principe volatil de l’œuvre et est généralement opposé au principe fixe représenté par le Lion, deux principes qui n'existent pas l'un sans l'autre. Al-Sabbah s’inscrit parfaitement dans la tradition mystique et sera reconnu comme un stratège et un politique aux protocoles d'actions sulfureux.

 

Forteresse d'Alamut Le Rocher d'Alamut

Aigle et Lion, symboles alchimiques

Steffan Michelspacher - "Cabala" - 1616

 "Miroir de l'Art et de la Nature" 

Bâti à plus de 1800 mètres d'altitude, sur le toit d'une colline à la crête hirsute sur le massifde l'Elbourz, le château d'Alamût devint une place forte du monde Persan et de l'ismaélisme. En distillant dans la cité les doctrines ismaélites, toutes aussi empruntes de zoroastrisme, Al Sabbah réussit par la ruse à attirer les ismaéliens dans la région. Si bien que la forteresse tomba non pas sous les armes, mais grâce au poids des idées ismaélites qui ont envahi ses murs. Devenu majoritaire à Alamut l'ismaélisme renaît. C'est en se forgeant une armée d'élite, avec les années, qui ne tirerait pas sa force du nombre mais de sa spécialisation dans l'assassinat ciblé et sa dévotion, qu' Al-Sabbah pourrait accomplir son œuvre messianique. Celle de mettre fin au califat abbasside dans la région. Au Xème siècle l'empire musulman est affaibli par ses divisions, la fracture est visible, trois califats coexistent et se partagent une vision personnelle du dogme religieux islamique. Les abbassides sont à Bagdad, les fâtimides au Caire et les omeyyades, dignes successeurs et héritiers de Damas, à Cordoue.

Pour les habitants de la forteresse d'Alamut, on parle plutôt d'Hashishiyin le nom donné par leurs ennemis aux Ismaéliens de Syrie, et devenu par extension le nom des fidèles d'Al-Sabbah. Un hashishiyin est un terme qui désigne le fumeur de hashish, accessoirement la légende voudrait que ce soit aussi le terme qui ait donné naissance au mot « Assassin » dans le vocabulaire occidental. Les légendes les plus folles sont aussi bien sûr nées à cette époque, une époque où la chrétienté partait en croisade et n'hésitait pas à déprécier l'image de ses ennemis. De ces mythes il reste des témoignages célèbres dont celui de Marco Polo qui aurait traversé la Perse en 1273, bien après la mort d'Al Sabbah, et aurait pu approcher les pratiques de la secte : «  Le vieil homme était appelé en leur langage Aloadin. […] il leur faisait boire un breuvage qui les endormait aussitôt, puis les faisait emporter dans son jardin. [...] Et quand il veut envoyer en quelque lieu un de ses Hasisins, il fait donner de son breuvage à l’un ou à l’autre de ceux qui sont dans son jardin, et le fait porter dans son palais. [...] Et quand le Vieil veut faire occire un grand seigneur, il leur dit : Allez et tuez telle personne et quand vous reviendrez, je vous ferai porter par mes anges en Paradis ».

 Les Jardins d'Alamut

Al Sabbah "Le Vieux de la Montagne" et les jardins d'Alamut

Un témoignage que Maurice Barrès illustre lui aussi dans Enquête au Pays du Levant « Il reste à s’approcher, s’il en est quelque moyen, des pensées intimes de Hassan. Ah! Si nous pouvions connaître le fond d’un tel être et nous faire une idée du dressage humain qu’il poursuivait dans sa vie mystérieuse d’Alamût ! Alamût, le laboratoire où ce philosophe criminel réussit à sélectionner des assassins au service de son idéal. Hassan pour donner à ses dévoués un avant-goût du paradis sensuel qui les attendait s’ils mourraient à son service avait installé à Alamût des jardins paradisiaques et des pavillons de délices, où il faisait transporter des hommes endormis. Réveillés dans ces lieux enchanteurs, ils y goûtaient toutes les voluptés, et quand de la même manière, ils en avaient été tiré, ils étaient prêts à tout, pour conquérir un séjour éternel dans ce paradis entrevu entre deux sommeils. Tel est le récit du voyageur Marco Polo, confirmé par de nombreux témoignages musulmans. D’autres croient qu’il n’était pas besoin de jardins merveilleux, mais simplement de visions que procurent le haschisch. Et c’est un fait que la voix publique donnait au Fidaïs le nom de Mangeurs de Haschisch, « Haschaschins »

Les récits qui font état d'assassins fanatiques drogués par le Mentor al Sabbah avant leurs missions sont nombreux, mais il est très difficile de vérifier leur authenticité. Comme celle par ailleurs qui stipule que nombre de jeunes hommes ont été kidnappés puis envoyés à Alamut pour y subir un endoctrinement à l'aide de techniques de persuasions physiques, psychologiques ou psychiques. Privation de sommeil, de contacts avec autrui, et usages de drogues comme le hashish et l'opium entrent comme des leviers puissants dans le conditionnement pour, en substance, créer des individus totalement dévoués au maître des lieux. Ces méthodes d'endoctrinement n'auraient pas été utilisées contre tous les habitants d'Alamut, mais uniquement pour constituer une garde d'élite : les feddayins. Si le doute existe, il est une chose qui est sûre al Sabbah a formé religieusement tous ses collaborateurs et les a tous préparés psychologiquement à être des combattants de la foi, des chevaliers spirituels. La foi ismaélite et la recherche d'un islam pur et spirituel ne peuvent exister que dans l'accomplissement du messianisme biblique dont l'imam est le garant, et bien sûr al Sabbah est le garant de cette tradition.

 Scène de bataille, Perse antique

En 1175, un émissaire de l'Empereur Barberousse rapporte « Sachez, qu'aux confins de Damas, d'Antioche et d'Alep, il existe dans les montagnes une certaine race de Sarrasins qui, dans leur dialecte, s'appellent Heyssessini, et en romain, segnors de montana. Cette race d'hommes vit sans lois ; ils mangent de porc contre les lois des Sarrasins et disposent de toutes les femmes, sans distinction, y compris leurs mère et sœurs. Ils vivent dans les montagnes et sont presque inexpugnables car ils s'abritent dans des châteaux bien fortifiés. [...] Ils ont un maître qui frappe d'une immense terreur tous les princes sarrasins proches ou éloignés, ainsi que les seigneurs chrétiens voisins, car il a coutume de les tuer d'étonnante manière. [...] De leur prime jeunesse jusqu'à l'âge d'homme, on apprend à ces jeunes gens à obéir à tous les ordres et à toutes les paroles du seigneur de leur terre qui leur donnera alors les joies du paradis parce qu'il a pouvoir sur tous les dieux vivants. On leur apprend également qu'il n'y a pas de salut pour eux s'ils résistent à sa volonté. [...] Alors, comme il leur a été appris et sans émettre ni objection ni doute, ils se jettent à ses pieds et répondent avec ferveur qu'ils lui obéiront en toutes choses qu'il donnera. Le prince donne alors à chacun un poignard d'or et les envoie tuer quelque prince de son choix. » L'image que renvoient les croisés renforcent cette idée du terrible Hashishin. Image véridique ou éhontément trafiquée, les avis divergent.

Dans les faits on a aussi souvent parlé de la stratégie militaire employée par l'homme qui comme le veut le mythe n'a jamais plus quitté Alamut après 1090 jusqu'à sa mort, 35 ans plus tard. La stratégie militaire du Vieux de la Montagne se base sur ce concept de « main invisible », où la peur est un moteur pour faire douter l'ennemi de ses sources, et de son entourage. La menace planant toujours, un climat est ainsi créé pour agir dans l'ombre . Plutôt que de choisir le combat de masse, le stratège choisit de cibler ses actions. Une armée sans chef est automatiquement neutralisée. Un pouvoir décapité discrédité. Une guerre civile toujours plus dangereuse pour la patrie que pour son armée. L'action psychologique, la foi et une connaissance des relations entre les hommes du pouvoir, des conflits qu'ils peuvent générer, sont autant de points sur lesquels al Sabbah a organisé sa politique de déstabilisation et son entreprise de réhabilitation de l'ismaélisme.

 Prise d'Alamut par les Mongols

Alamut n'est pas devenue une forteresse imprenable en un jour et de son vivant al Sabbah réussit à la préserver de tous les maux. Maintes et maintes fois assiégée Alamut est restée un phare dans le paysage des sociétés secrètes orientales. Ses actions ciblées pouvaient être menées grâce à ses soldats spécialisés et érudits dans toute la péninsule arabique et la foi qui animait sa confrérie fut inaltérable. Même après la mort d'Ibn al Sabbah en 1124, l'ombre du Mentor a plané pendant des années sur les disciples et les nouveaux Maîtres des lieux qui ont repris le titre de « Vieux de la Montagne » et ont continué à résister et à mener leurs actions hors des murs d'Alamut. La forteresse tombera sous le joug mongol en 1256. La bibliothèque renfermant les secrets des Nizraïtes et les écrits d'al Sabbah sera brûlée. Seule la légende sulfureuse des hashishins, de leur ruse et des méthodes fulgurantes qu'ils ont utilisées demeureront, elles, intactes pendant des siècles.

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MGG
BobPlayer62 il y a 10 ans

c'est trop long !

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