La première année de Diablo 4 s'est avérée assez chaotique, entre une philosophie d'équilibrage souvent douteuse et des fonctionnalités pourtant fondamentales, pourtant cruellement absentes. Mais les dernières mises à jour en date, accompagnées de saisons à thème réussies, ont donné un regain de popularité au jeu. L'extension Vessel of Hatred, le premier véritable DLC de contenu payant, fait à présent son entrée. Nous allons voir si après la déception de la sortie initiale, il donne de bonnes raisons aux joueurs de repasser à la caisse.
- Genre : DLC, Action-RPG, Hack and slash
- Date de sortie : 8 octobre 2024
- Plateformes : PC, PS5, Xbox Series
- Développeur : Blizzard
- Éditeur : Activision Blizzard
- Prix : 39,99 €
- Testé sur : PC
Briser la vaisselle de la haine
L'histoire reprend là où la fin de la campagne principale l'avait laissée. La jeune horadrim Neyrelle a pris la fuite avec la pierre d'âme du démon primordial Mephisto, en espérant avoir la volonté pour résister à son influence corruptrice. C'était évidemment un vain espoir et en prime, un groupe de chevaliers fanatiques de l'église de la lumière se lance à sa poursuite. Notre héros se lance alors à sa recherche, pour tenter de la sauver. Ses traces mènent à la vaste région tropicale de Nahantu, qui servait de fief à Mephisto dans Diablo 2. Quelque chose de spécial doit s'y trouver. Comme souvent avec Blizzard, les cinématiques de la nouvelle campagne sont très réussies et assez marquantes, voire choquantes.
Heureusement qu'elles sont là, puisque le scénario de Vessel of Hatred souffre du même syndrome que celui de la seconde œuvre d'une trilogie. On sait d'avance que la conclusion nous laissera sur notre faim. Qui plus est, nous n'avons pas trouvé Neyrelle particulièrement intéressante ni attachante. Par chance, Mephisto remonte le niveau. Avoir un démon charismatique et manipulateur est exactement ce dont le jeu avait besoin, plutôt que les habituels clichés de monstres assoiffés de sang. Mentionnons au passage que l'histoire est étroitement liée à un nouveau concept, celui de royaume des esprits, ainsi qu'à la classe inédite introduite dans l'extension, le Sacresprit.
Sapristi !
Thématiquement, le Sacresprit ressemble à un des fameux guerriers jaguar de la civilisation Aztèque. Il communie avec différents esprits sur naturels comme le gorille robuste et violent, l'aigle qui fond depuis les airs, le mille-pattes toxique et le jaguar agile et agressif, pour renforcer ses pouvoirs. Thématiquement, cela fait un peu penser au Féticheur de Diablo 3 au premier abord, mais cela n'a rien à voir en pratique. Beaucoup de joueurs se lamentaient de l'absence de leur archétype préféré dans Diablo 4, celui du combo classique formé par une arme, un bouclier et des pouvoirs sacrés, comme le Paladin ou le Croisé. Ce n'est pas pour cette fois, mais à la place, le Sacresprit devrait satisfaire ceux qui réclamaient le retour de la classe Moine, puisque leur gameplay est similaire.
On retrouve les combos de coups de poings suivis d'un grand coup spécial, ainsi que différentes attaques clairement inspirées des arts-martiaux. Même le vortex aspirant les ennemis sur la position sur Sacresprit est présent. Il faut dire que cet expert en combat en mêlée a tout pour faire un excellent tank. Il combine des mécanismes d'esquive, de blocage, de bouclier et de mitigation, avant de tuer ses ennemis avec des épines et des contre-attaques.
Les attaques de base génèrent de la Vigueur, la ressource de classe. Les attaques principales, plus puissantes, en consomment. Ajoutez à cela différents mécanismes et synergies, comme les cercles d'esprit ou les plumes de l'aigle, ainsi que deux esprits à choisir en bonus passifs, et voilà. Nous avons pris un grand plaisir à jouer le Sacresprit, dont le gameplay est intuitif et agréable, même si on peut lui reprocher de manquer un peu d'originalité.
L'introduction de dizaines de nouveaux pouvoirs légendaires, ainsi que d'objets uniques et mythiques, permet néanmoins de varier les builds ainsi que les façons de jouer, et nous n'avons fait qu'effleurer la surface. Il devrait trouver son public dans tous les cas. On appréciera au passage que le jeu nous laisse passer la campagne de base de Diablo 4, afin de démarrer directement avec celle de l'extension, même au niveau 1 avec un nouveau personnage. Cela permet de se lancer directement dans la saison 6 avec un nouveau personnage de la nouvelle classe, tout en découvrant la suite de l'histoire.
Nahantu
Située à la pointe sud du continent, la région de Nahantu est d'une taille similaire aux autres zones du jeu. On pouvait s'inquiéter de se retrouver avec une zone un peu trop semblable aux marais d'Hawezar. Même si elles ont leurs points communs, Nahantu parvient à se démarquer avec ses biomes assez divers, en plus de la jungle, nous avons droit à des rocheuses faisant penser aux zones rocheuses du Mexique. Les ruines de Kurast et les zones côtières ont aussi leur propre identité visuelle, ainsi que des ennemis qui leur sont propres. Les Fétiches de Diablo 2 sont aussi de retour, même si nous les avons trouvés un peu trop rares.
Plusieurs lieux iconiques du second jeu sont aussi revisités pour l'occasion, comme les quais de Kurast. De son côté, contenu de base de la région est plutôt classique, avec 35 quêtes secondaires, 30 nouveaux autels à trouver et une vingtaine de donjons inédits agréables à parcourir. Ce fut l'occasion d'apprécier l'évolution du level design depuis la sortie. Nous avons aussi pu remarquer que des efforts ont été faits pour rendre les trois bastions de la région uniques en leur genre.
Comme les quatre doigts de la main
L'histoire de Vessel of Hatred en profite pour réintroduire une fonctionnalité populaire de la licence, les mercenaires, avec la compagnie de la main blême. Vous pouvez emmener un des quatre personnages hauts en couleur sur le terrain avec vous, lorsque vous jouez en solo, chacun avec un style de jeu différent : tank manchot, archer, lanceur de sorts maudit et assassine cannibale. Chacun avec ses petites phrases pour leur donner un peu de personnalité. Leur gestion n'est pas trop lourde, puisque cela se limite à une poignée de choix mutuellement exclusifs dans un arbre de talents et ils n'ont pas d'équipement.
Un second mercenaire est néanmoins disponible en renfort, même si vous jouez en groupe. Il déclenchera une compétence de votre choix lorsque certaines conditions sont remplies. Cela vous permet de créer des combinaisons intéressantes. Le jeu vous encourage aussi à tester tous les mercenaires, entre leur série de quêtes et les récompenses d'entente à débloquer. Cela en fait un ajout bienvenu au gameplay, sans avoir à inspecter encore plus d'objets dans ses sacs, d'autant que les mots runiques sont, eux aussi, de retour.
Leur fonctionnement est très différent de celui de Diablo 2 LoD, ici, on combine un déclencheur, comme le fait de boire une potion ou même de se déplacer, avec un effet spécifique. Cela peut être un gain de ressource, ou le sort d'une autre classe comme un météore. Le principe est un peu le même que pour les renforts des mercenaires. C'est facile à utiliser et intuitif, sans avoir à aller lire un guide en ligne. On intègre les effets qu'on veut déclencher à son gameplay de base, mais les possibilités s'avèrent nombreuses.
Les Bas-fonds de Kurast et la Citadelle sombre
Lorsque vous en aurez marre de jouer dehors, deux nouveaux types d'activité vous attendent dans Vessel of Hatred. Le premier est un type de donjon chronométré, disponible même à bas niveau. Le principe est différent de celui de la Fosse de l'artificier. On commence le donjon avec 100 secondes en stock seulement. Tuer les ennemis marqués d'un sablier et accomplir certains objectifs ajoutent de précieuses secondes au compteur. En parallèle, allumer des fanaux spéciaux et tuer de larges groupes d'ennemis rapporte de l'harmonie, ce qui va remplir la barre de récompenses.
Cela demande d'être efficace ou de trouver un bon équilibre, surtout à haut niveau de difficulté. Heureusement, le compte à rebours s'arrête en arrivant sur le boss. Une fois à haut niveau, des objets spéciaux permettent d'augmenter la difficulté, mais aussi d'influencer les récompenses obtenues, ce qui en fait une activité rentable et intéressante à différents points de l'aventure. De son côté, la Citadelle sombre n'est introduite qu'à haut niveau, en Tourment I (avec les nouveaux modes de difficulté). Ce donjon de haut niveau a été spécifiquement pensé pour être réalisé en multijoueur, de deux à quatre joueurs, ce qui risque de donner des sueurs froides à beaucoup de gens dans l'état actuel du jeu. Mais la solution arrive avec le patch accompagnant l'extension.
Une extension pour tous les joueurs ?
Les développeurs ont calculé leur coup, puisque l'outil de recherche de groupe a enfin été introduit avec Vessel of Hatred. Avec son aide, trouver des compagnons pour réaliser la Citadelle noire et d'autres activités ne devrait plus relever de l'exploit. Cette fonctionnalité, dont l'absence jusque-là était aussi honteuse qu'incompréhensible pour un pseudo MMO, est disponible pour tous les joueurs, et c'est certainement le plus important. Ce n'est pas tout, le niveau maximum passant à 60, qui est détaché des niveaux de Parangon, qui eux passent à 300, seront disponibles aussi pour ceux n'ayant pas acheté l'extension. Blizzard voulait probablement éviter de trop se compliquer la vie en créant deux systèmes, mais le résultat est tout ce qui compte. De nombreuses fonctionnalités très attendues et la Saison 6 arrivent en même temps que l'extension et tout le monde en profitera.
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