De nombreux monstres aux formes plus ou moins grotesques. Ils ont différents liens entre eux et avec l'histoire. Les jeux de Vanillaware ont tendance à diviser, comme ce fut le cas avec 13 Sentinels: Aegis Rim, mais il faut bien reconnaître que le studio ne se contente pas de suivre la même formule à chaque fois, et il expérimente avec le gameplay. La seule constante est leur direction artistique très spécifique, un peu old school, et son amour des personnages féminins aux proportions inhabituelles, dirons nous. Après un Fire Emblem: Engage qui a déçu beaucoup de fans l'année dernière, l'arrivée aussi rapide que surprenante d'Unicorn Overlord est la bienvenue.
- Genre : Tactical-RPG, Auto Battler
- Date de sortie : 8 mars 2024
- Plateformes : Nintendo Switch, PS4, PS5, Xbox Series S|X
- Développeur : Vanillaware
- Éditeur : Atlus, Sega
- Prix : 59,99€
- Testé sur : PS5
L'Anneau Uni...corn
L'histoire commence exactement de la même manière qu'un Fire Emblem : le vil empire envahit le pacifique royaume. La reine se sacrifie pour retenir l'empereur mégalomane, pendant que le jeune prince prend la fuite avec un vieux chevalier et la preuve de son héritage, l'Emblème de feu l'Anneau de la licorne. Les années passent, et l'empire a conquis tout le continent, mais le prince est finalement prêt à libérer sa contrée natale avec sa poignée d'amis fidèles de niveau 1, et son vieux chevalier de niveau 20 qui pourrait s'appeler Jagen.
L'armée de libération est formée, et les batailles vont s'enchaîner par dizaines à travers tout le monde connu, pour libérer chaque hameau, région, et pays, de l'emprise du mal. En chemin, il faut aider les gens dans le besoin en rattrapant leurs poules, en restaurant les villes en ruines, et en tuant des bandits, entre autres choses, afin de recruter de nouveaux alliés et d'acquérir les ressources nécessaires pour son armée. C'est extrêmement classique, mais cela se suit bien grâce aux scènes se déroulant devant de jolis décors, avec des personnages plein de personnalité.
Les nombreux dialogues entre les personnages permettent de faire progresser organiquement l'histoire, et on nous propose régulièrement de tenter de recruter nos adversaires, ou de simplement les exécuter. Cela va avoir une influence importante sur votre campagne et la suite de l'histoire, même si cela nous a donné la désagréable impression qu'il n'y a jamais de conséquences négatives au fait d'épargner quelqu'un, ou presque. Exécuter quelqu'un nous a simplement donné l'impression de se priver volontairement d'une recrue et de son contenu.
Un autre aspect inhabituel de la progression est qu'Unicorn Overlord ne se présente pas sous le format d'une campagne linéaire, mais comme un monde relativement ouvert. Vous pouvez choisir de foncer directement vers l'objectif principal, il est même possible d'aller directement vers le château du dernier boss pour entamer la bataille finale, même si vos chances de victoires sont nulles. L'alternative est d'aller d'autres régions, avec leurs propres villes, problèmes et batailles annexes afin de se construire une armée capable de relever cet ultime défi.
Il y a un total de 5 pays à explorer et à libérer, chacun avec sa série de bataille et une histoire propre, ainsi qu'un nombre de personnages à recruter donnant le tournis. Alors que la première zone est assez classique, les autres introduisent des races plus exotiques, comme les elfes, les anges, les géants et les furries. Même si on est rarement surpris par la tournure des événements, le charme de la direction artistique et le doublage de qualité fait qu'on se laisse confortablement porter par l'histoire entre deux batailles.
En parallèle, il est plaisant d'explorer chacune zone, de résoudre ses mystères, de récolter des ressources, et de développer ses relations avec les différents membres de l'armée, ce qui débloque des centaines de petites scénettes à la Fire Emblem. La relation augmente en se battant ensemble, en faisant des cadeaux, ou en mangeant ensemble un repas qui donne l'eau à la bouche dans une taverne. On peut même choisir "d'épouser" platoniquement n'importe quel membre de son armée, même le vieux chevalier ou la cousine du protagoniste qui ressemble à sa défunte mère, ici non plus les fans du dernier Fire Emblem ne seront pas perdus.
Mentionnons aussi l'aspect assez léger de gestion des villes libérées, oubliez la construction de bases. Ici, il suffit de leur livrer des ressources et de mettre une de vos unités, afin de récolter de l'or et des ressources après chaque bataille. Elles disposent aussi d'une armurerie et d'un magasin dans lesquels acheter de l'équipement et des consommables à utiliser au combat, mais cela s'arrête là.
La révolution de l'Auto battler
En regardant les vidéos de gameplay d'Unicorn Overlord, il peut s'avérer difficile de saisir le fonctionnement des combats, et la façon dont le joueur donne des ordres, et c'est normal. La raison étant que l'influence du joueur se limite surtout aux préparatifs et aux déplacements. On forme des groupes, composés de plusieurs unités placées sur une grille de 2 x 3 cases, puis on les envoie affronter les groupes adverses avec un système mélangeant adroitement temps réel et tour par tour. Il faut prendre en compte quelles sont les unités présentes, chacune avec sa classe, son équipement, ses talents, et même sa position sur la grille, ce qui va influer sur son comportement et la possibilité d'être prise pour cible par l'adversaire.
Cela se fait progressivement, et en douceur lors du tutoriel, mais Unicorn Overlord demande d'apprendre à connaître chaque unité (et il y en a beaucoup) et ses synergies avec les autres, afin de contrer celles du groupe adverse automatiquement, lorsque le combat s'engage. Votre hoplite en première ligne va encaisser les coups, mais il peut aussi les bloquer pour protéger un allié s'il est en seconde ligne. Mais aligner ses unités n'est pas une bonne idée face à un lancier par exemple. Avant chaque combat, on peut choisir ou placer ses unités sur la grille, d'utiliser des consommables, voire de payer des points de bravoure pour déclencher un effet spécial puissant. Ensuite, il ne reste qu'à admirer le combat (ou à passer directement au résultat pour les impatients).
Plein de subtilités viennent rendre les choses plus intéressantes. Par exemple, on peut aussi librement choisir lequel de ses différents groupes à portée va mener le combat contre un ennemi spécifique, ce qui encourage à former des groupes distincts, adaptés à différents scénarios,. De plus, chaque groupe dispose d'une jauge d'endurance réduite après chaque combat. Il est tentant de format un super groupe avec toutes ses meilleures unités, mais c'est à la fois mécaniquement impossible au départ, et cela ne serait pas forcément le plus rentable. Une fois votre meilleur groupe épuisé, il ne peut plus rien faire durant un moment, pas même bouger. Il faut bien répartir la charge et économiser ses forces pour obtenir la victoire.
Par la suite, on doit s'investir davantage dans la configuration de ses troupes, en optimisant leur équipement, mais aussi les conditions d'utilisations de chacune de leurs capacités. Cela fait un peu penser à de la programmation, puisqu'on donne des conditions et des paramètres d'utilisation pour chaque capacité, ainsi qu'un ordre de priorité dans leur utilisation. Cela pourrait s'avérer épuisant avec plus d'une cinquantaine d'unités, mais les paramètres par défaut sont assez bons, et on est plus dans le domaine de l'optimisation qu'autre chose.
Unicorn Overlord dispose de trois modes de difficulté, pouvant être modifiés entre les batailles. Mais afin d'éviter que la difficulté ne soit triviale, en permettant au joueur de se retrancher sur une position avantageuse, chaque bataille doit être terminée avant que le temps ne soit écoulé. Cela va vous forcer à jouer efficacement et à répartir ses forces stratégiquement. Disposer de seulement 50 secondes en temps réel peut parfois rendre une petite escarmouche très difficile, quand l'ennemi dispose de tous les outils pour vous bloquer le passage : barricades, sorts de ralentissements et surtout, un important flot de renforts qui va épuiser vos troupes en un temps record.
Le terrain, les effets spéciaux de l'environnement et les renforts font que chaque bataille est unique, avec son lot de situations intéressantes à gérer. Une bataille dans une tempête de sable va aveugler et ralentir vos troupes, pendant que l'ennemi va essayer de capturer votre base par surprise si vous avez négligé la défense.En plus de l'objectif principal, vous allez aussi être encouragé à faire des détours et à réaliser des objectifs annexes sur une autre route.
On joue un général plutôt qu'un chef d'escouade. Comme vous l'avez peut être déjà compris, les unités à recruter sont inhabituellement nombreux. Oubliez les quelques dizaines de compagnons qu'on a l'habitude de voir, il y en a plus d'une centaine dans le cas présent, sans oublier une soixantaine de mercenaires. Cela permet vraiment de peaufiner la façon dont chaque groupe va livrer bataille. Mentionnons aussi le système de contres et d’interaction propres aux jeux tactiques.
On commence l'aventure avec 3 groupes de 2, mais par la suite, cela peut monter jusqu'à 10 groupes de 5 et plus. Cela supprime complètement la frustration qui aurait pu émerger du fait de ne pas pouvoir micromanager le comportement de ses unités. Des mécanismes supplémentaire comme les armes de siège, les capacités spéciales consommant des points de bravoure, et les attaques de soutient des unités proches viennent compléter le système de combat.
Il est bien plus complexe que le triangle habituel de Fire Emblem, tout en restant intuitive. La cavalerie est mobile et elle inflige plus de dégâts à l'infanterie. Les hoplites encaissent bien les dégâts physiques, mais pas ceux magiques. Les voleurs sont de bons DPS en seconde ligne, mais ils peuvent aussi servir de tanks agiles en première ligne.
C'est vraiment bien conçu, et derrière son apparence simplicité, Unicorn Overlord dispose de mécanismes vraiment intéressants. On ne peut pas remonter le temps ici pour corriger ses erreurs, mais un consommable spécial, à la disponibilité limité permet de prolonger la bataille, ou de libérer votre QG s'il a été pris. Même des joueurs ne maîtrisant pas le genre, ou ayant commis une erreur peuvent sauver la situation s'ils le souhaitent. Dans le pire des cas, on peut abandonner la bataille et retourner visiter le monde, afin de revenir plus tard.
Si vous hésitez toujours, ou que cela vous a intrigué, sachez qu'une très longue démo jouable est disponible sur toutes les plateformes (environ 6 heures de contenu). Vous pouvez aussi reprendre votre sauvegarde à son terme, si vous décidez ensuite d'acheter le jeu complet. Le jeu complet devrait vous demander 40 à 50 heures environ, en fonction de votre style de jeu, et nous avons passé un excellent moment. Il dispose d'une certaine rejouabilité en faisant des choix différents, même s'ils ne sont pas forcément très satisfaisants, à moins de rechercher à se compliquer la vie.
Mentionnons tout de même que vous pouvez affronter les escouades d'autres joueurs en lignes, ou tenter de relever les missions qu'ils ont créé. Il ne fait aucun doute que cet aspect communautaire contribuera à offrir les challenges et la durée de vie au long terme qui font parfois un peu défaut à la campagne principale.
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