Depuis sa première annonce aux Game Awards 2022, Banishers: Ghosts of New Eden de Focus Entertainment et DON'T NOD s'est montré comme une des potentielles futures bonnes surprises dans une pluie de nouvelles sorties. Un A-RPG narratif à l'histoire poignante dont le studio français a le secret, avec une touche de RPG et de combat dynamique, le tout dans des paysages aux airs somptueux.
C'était du moins ce qui ressortait des bandes-annonces. Banishers tient t-il toutes ses promesses et est-il réellement une des bonnes surprises de ce début d'année ? Voici notre opinion dans ce test complet du jeu.
- Genre : Action-RPG
- Date de sortie : 13 février 2024
- Plateformes : PC, PS5, Xbox Series
- Nombre de joueurs : 1
- Développeur : DON'T NOD
- Éditeur : Focus Entertainment
- Prix : 59,99€
- Testé sur : PS5
Charmed
New Eden, 1695. C'est dans ce petit village de Nouvelle-Angleterre, pas loin de Boston et Salem (tiens, tiens...) et dans une Amérique colonisée que débarquent Red mac Raith et Antea Duarte pour rejoindre leur mentor et ami Charles, le révérend du village. Mac et Antea sont des banisseurs, des exorcistes en gros, capables de voir, bannir, donner leur ascension aux fantômes, mais également de prendre leur âme aux vivants. Et leur slogan préféré, c'est : "La vie aux vivants, la mort aux défunts". Chacun à sa place en somme, mais leur avis risque de changer dans très peu de temps...
Manque de chance, une fois arrivés à New Eden, c'est l'hécatombe. Le village est aux mains d'un Cauchemar, un "super-fantôme" qui rend tout le village fou la nuit, et a presque terminé de décimer le coin. Alors qu'ils se sentent capables d'en venir à bout, Red et Antea finissent par affronter ce Cauchemar en face-à-face, mais ne s'attendaient pas à une telle puissance. Red sera jeté dans le vide, et Antea mourra sur le coup d'une attaque au cœur de la part du fantôme.
Red, en vie, sauvé par une mystérieuse sorcière, se réveillera des jours plus tard sur une île étrange et y retrouvera le fantôme de sa désormais défunte amante, Antea. Et à partir de ce moment, deux options s'offrent aux banisseurs. Soit Red essaie de ramener Antea à la vie au prix de la vie de beaucoup de vivants, soit vous contribuerez à son ascension et ferez tout pour qu'elle trouve la paix au royaume des morts. Quoi qu'il en soit, le but est de retourner à New Eden afin de se venger du Cauchemar, et retrouver le corps d'Antea avant de décider de sa destinée.
Le jeu a ses qualités...
Le concept du jeu est à la fois assez simple et bien trouvé. En tant que banisseur, Red est maître du destin d'Antea. Vous prêterez un serment après avoir retrouvé cette dernière, où vous devrez choisir quelle sera sa finalité : une résurrection ou une ascension paisible, les morts n'ayant pas leur place dans le royaume des vivants, on le rappelle. À partir de ce moment, chacune de vos actions aura son importance et jouera un rôle dans ce serment (on y revient dans très peu de temps).
Red et Antea ne font désormais qu'un et vous pouvez alterner entre les deux personnages d'une simple touche. Alors que Red voit le monde des vivants et ce qu'il en reste, Antea peut elle voir le royaume des morts, et donc toutes sortes de traces spectrales. Cela donnera alors lieu à quelques puzzles intéressants et des changements obligatoires entre les 2 personnages, où chacun aura son job à faire pour parcourir la route jusqu'à New Eden.
Dans cette aventure, et car il faut bien trouver un moyen d'honorer son serment et accessoirement nourrir Antea, qui mange de l'essence d'être vivant pour survivre en tant que fantôme (oui), vous serez amenés à résoudre des Cas de Hantise. Des enquêtes mêlant des vivants, hantés par un fantôme, où vous allez devoir courir à la quête d'indices, dans des mini-histoires personnelles parfois poignantes, parfois ennuyeuses à souhait. Sauf que le coupable ne sera pas forcément toujours le fantôme, et l'humain la victime. Une fois l'enquête résolue, vous devrez choisir entre :
- Bannir le fantôme (punition)
- Donner au fantôme son ascension (fin paisible)
- Blâmer le vivant (un meurtre, très simplement)
Et c'est là où le concept est prenant, car en tant que justicier vous devrez choisir entre prendre la décision qui vous semblera juste, ou celle qui affecte le mieux le serment que vous avez passé avec Antea. Exemple : si vous avez souhaité la résurrection d'Antea, vous devrez blâmer un maximum d'humains vivants, puisque vous aurez besoin de leur essence. Ce sera parfois un choix facile lorsque ce sont des immondices dans la vie, mais quand l'humain sera clairement la victime de son fantôme, choisirez-vous d'honorer votre serment et tuer un innocent, ou perdre un peu plus Antea et vous attirer ses foudres ?
Nos décisions ont un poids et des conséquences que l'on peut mesurer et c'est plutôt satisfaisant. Il est totalement possible de faire une partie où on dit à Antea qu'on va la ressusciter puis faire tout l'inverse de cela par exemple. Nous sommes libres de nos choix, cependant ils auront évidemment des conséquences, visibles à la fin du jeu, puisque pas moins de 5 fins différentes sont à découvrir. Une possibilité de rejouabilité pas négligeable, alors qu'une partie classique sans faire spécialement attention aux quêtes annexes vous prendra environ 20 heures.
Côté immersion, on peut souligner le beau travail de la part de DON'T NOD, surtout au niveau sonore, où les vastes zones (bon, beaucoup de forêts) ne nous font que rarement sentir en sécurité. Le voice-acting de nos personnages principaux est qualitatif, et côté narration il y a de quoi faire lors de nos interactions avec d'autres personnages. Dans chaque enquête ou dans chaque discussion lambda, vous pourrez poser plusieurs questions optionnelles si vous êtes avides d'histoire et de narration afin d'en savoir un maximum sur ceux qui vous entourent, ou simplement suivre la discussion principale et avancer le scénario.
Niveau paysages, quelques lieux et scènes seront très appréciables à observer, même si parfois répétitifs. Un mode photo est même présent si vous souhaitez immortaliser certains aperçus.
Enfin, il y a également une partie action dans le "A-RPG", puisqu'un système de combat existe afin de vaincre les différents fantômes et autres spectres que vous serez amenés à rencontrer dans votre périple. Plutôt simpliste, vous avez une attaque légère, une attaque lourde, un fusil à distance et un "ultimate", le banissement pour Red, alors que pour Antea vous avez des coups de poings et quelques pouvoirs magiques. Red tape fort sur les fantômes, Antea tape fort sur les spectres, vous allez donc devoir alterner entre les deux pour maximiser les dégâts infligés, sachant que pour attaquer longtemps avec Antea, il faudra charger sa jauge d'apparition en attaquant d'abord avec Red.
... mais quand même bien des défauts.
Malheureusement, l'histoire touchante et la boucle de gameplay initiale bien trouvée par DON'T NOD n'arrivera pas à sauver le jeu de ses défauts. Techniquement, le jeu n'est pas au point. Banishers galère à tenir un 60fps constant même en mode performance, et ce même dans les zones parfois les plus vides. Quand vous arrivez dans un camp avec 4-5 PNJs aux alentours, pareil, chute de FPS drastique, ça bégaie fort. Dans certains combats, pareil, si trop d'ennemis sont à l'écran vous aurez la joie de les affronter en 30fps. Les cinématiques du jeu, pareil : 30fps.
Et toute cette immersion soigneusement mise en place tombe alors à l'eau, le rythme se casse. On oscille en permanence entre un 60fps en zone vaste et 30fps dès que quelqu'un apparaît à l'écran. Cela arrive bien trop souvent pour que l'on puisse passer à côté. Et ça, dès l'écran-titre et les menus principaux du jeu. On veut rentrer dans le jeu et se sentir concerné, puis paf, la technique vient vous rappeler que le jeu a encore besoin de temps pour être peaufiné.
L'autre point noir du jeu, ce sont les différents PNJs que vous allez rencontrer, soit pour vos enquêtes, soit de manière totalement aléatoire dans votre périple. En plus de ne pas réagir à votre présence dans la nature, il y a une différence flagrante de qualité entre les modèles de Red et Antea, et ceux des autres PNJs du jeu, à très peu d'exceptions près. Certains sont tirés de la génération précédente, on se demande parfois si nous ne sommes effectivement pas réellement en 1695 tant les modèles sont datés. Le lip-sync est abominable, tant au niveau de la fidélité que de la technique.
Côté exploration, même si le monde est vaste, immersif et même parfois beau et plaisant à explorer, il reste cependant cruellement vide et répétitif. Vous courez dans la forêt, ramassez les mêmes 3-4 composants en surbrillance pendant des heures, et trouverez parfois des lieux où on vous demandera de backtrack et revenir plus tard lorsque vous aurez débloqué une compétence spéciale d'Antea. Quelques trésors, autels et secrets ici et là, mais globalement, on a juste le sentiment de faire un bon footing et du ramassage de fleurs et de cailloux.
Vous combattrez parfois si vous avez la chance de tomber sur quelques fantômes. Un bestiaire d'ailleurs excessivement pauvre, où vous aurez l'impression de croiser les mêmes ennemis en boucle pendant la plupart du jeu, hors boss. Ces derniers seront d'ailleurs assez peu divertissants, à l'exception d'un voire deux combats vers la fin du jeu.
Des combats qui sont liés au système de progression du jeu dont on a jusqu'à maintenant assez peu parlé puisqu'il n'est pas non plus mémorable. Comme dans tout bon RPG, vous récupérerez des pièces d'équipement afin de rendre votre personnage plus fort. Cet équipement sera malheureusement plutôt anecdotique, vous monterez juste des statistiques basiques (force, endurance, etc), et pourrez améliorer cet équipement contre les très nombreux composants que vous avez ramassés, pour à nouveau des gains de statistiques assez obsolètes. Les seuls "bonus" sur des pièces d'équipement sont des "vous faites +5% dégâts" ou "vous prenez -2% dégâts". Bon, heureusement que l'histoire est sympa et que c'est le grand focus du jeu.
Il y a également un arbre de compétences qui existe, où plus vous avancez, plus vous débloquez des compétences clé d'Antea, et tout autour, des bonus qui viennent altérer légèrement le gameplay. L'idée est bien, mais la plupart des bonus restent minimalistes et on aurait apprécié voir un peu plus de changements et de compétences pour Antea. Au final, les combats deviennent très rapidement répétitifs où vous spammez vos deux touches en boucle en mêlée, et alternez entre Red et Antea selon le type d'ennemis. Bon, vous avez aussi un fusil avec une balle + temps de recharge conséquent si jamais vous voulez vous battre à distance, chose que les ennemis vous laisseront rarement faire...
Quelques autres défauts plus mineurs sont à noter même si moins importants. Il y a beaucoup d'objets, livres, lettres qui apportent à la narration globale ou à l'Histoire (avec un grand H) par terre ou dans les meubles que vous pourrez simplement lire mais pas ramasser. Des pavés parfois si longs que vous les ignorez d'un claquement de doigts à défaut de pouvoir les prendre et les lire plus tard.
Lorsqu'il y a quelconque discussion entre vos personnages, toute interaction avec un objet, porte ou quoi que ce soit est impossible. En gros, même quand vous vous baladez, si vos personnages parlent, et bien vous attendez qu'ils aient fini si vous voulez ne serait-ce qu'ouvrir un coffre. On aurait aimé plus de fluidité.
Enfin, celui-ci en est presque drôle et on vous laisse essayer par vous-même si vous décidez de jouer au jeu : jouez la nuit ou dans une pièce sombre puis activez le mode photo. Prenez votre meilleur angle, puis déclenchez la photo. Bravo, vous avez perdu -1 à chaque œil puisqu'un flash totalement random vient anéantir vos yeux pour une raison inconnue au bataillon.