Après une bêta qui a cartonné en octobre dernier, mais qui laissait transparaître quelques défauts, Star Wars Battlefront arrive enfin sur Xbox One, PS4 et PC. Attendu par une horde de fans de part et d'autre de la galaxie, le jeu se doit d'être à la hauteur de la saga qu'il représente. Pari réussi ? Réponse dans le test.
- Genre : FPS
- Editeur : EA
- Développeur : Dice
- Date de sortie : 16 novembre 2015
Quelque part dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Dix ans. Dix ans que l'épisode 3 de Star Wars est sorti au cinéma et autant que Battlefront 2 est apparu sur nos consoles et PC. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, Star Wars Battlefront 2 est un maillon important dans l'histoire vidéoludique de la saga. Réunissant les deux trilogies autour de joutes densément peuplées, ce FPS/TPS développé par Rébellion (coïncidence) remplissait tout le cahier des charges du parfait jeu Star Wars. Un univers respecté dans ses moindres recoins, un gameplay efficace et surtout un contenu extrêmement généreux, à la hauteur de la densité de l'univers qu'il traite.
Malheureusement, malgré la demande des fans et le succès du précédent opus, Battlefront 3 ne verra jamais le jour. Huit ans plus tard, sans prévenir, apparaît lors d'une conférence EA un certain Star Wars Battlefront. Suite, reboot ? On attendra deux ans supplémentaires pour vraiment attester de la nouvelle forme de Battlefront. Reboot complet de la saga, développée cette fois-ci par DICE (Battlefield), le jeu récupère le moteur de Battlefield pour l'associer à la trilogie originale (épisodes IV, V et VI) uniquement, celle que les fans préfèrent.
On se permet d'insister sur le mot reboot car on voit déjà les communautés se déchirer sur les décisions prises par cet opus. Cet opus n'est pas le Battlefront 3 que vous attendiez. C'est une nouvelle formule qui n'a de Battlefront que le nom. C'est d'ailleurs assez malin et malsain de la part d'EA de jouer sur cette appellation pour vendre son jeu. Un premier pas dans la politique assez discutable d'EA en ce qui concerne le soft. Le premier argument de tout jeu Star Wars, c'est son univers. Et sur ce point, on va voir que les petits gars de DICE se sont pas mal débrouillés.
Plastique de rêve
Avant de passer à une quelconque explication du gameplay, nous sommes obligés de passer par la technique du titre. Que ce soit sur PS4, One ou PC, Battlefront est une claque visuelle comme sonore. On avait déjà vu les miracles du moteur Frostbite sur les deux derniers Battlefield canoniques et le travail minutieux qu'effectue DICE sur le son, mais là, force est d'admettre qu'on a droit à une œuvre d'art. On pourra dire ce que l'on veut de ce reboot, il est la meilleure expérience Star Wars en termes d'immersion. Sur des environnements enneigés (Hoth) comme forestiers (Endor), le jeu nous emmène dans les meilleurs décors, plus vrais que nature, avec la faune et la flore adaptées à chacun d'eux. Les tirs de blaster fusent, les détonateurs thermiques volent à travers la carte, et pourtant, aucun ralentissement à signaler. Le jeu est constamment fluide, quelle que soit la map, quel que soit le nombre de joueurs qui participent.
Les personnages sont également plus vrais que nature, même si, vu que seule la trilogie originale est traitée, ils ne sont pas nombreux. On a les stormtroopers d'un côté et les rebelles de l'autre, tous deux très bien représentés dans leurs modèles d'origine. Les rebelles ont souvent le visage découvert, ils semblent un peu moins "propres" que les troupes de l'empire, qui portent toujours des casques aux formes très simples, et des combinaisons à l'aspect plastique très bien finies. Les héros sont au nombre de six. On peut incarner d'un côté Luke, Leia et Solo, et de l'autre le seigneur Vador, Boba Fett et l'Empereur. Même constat pour ceux-ci. Une finition exemplaire pour les deux camps, avec un petit plus pour Vador, dont l'armure et les animations reflètent à merveille la prestance de ce personnage culte. Un grand bravo également pour la vue intérieure des véhicules. Qui n'a jamais rêvé de se retrouver aux commandes de l'interceptor Tie ?
Au niveau des effets visuels, on mange du lens flare (halos lumineux très utilisés au cinéma, dans les deux derniers Star Trek, par exemple) à toutes les sauces. Rayons du soleil, reflets sur les parois du décor, reflets sur les armure, personne n'est épargné. Si cet effet est devenu un code établi en science-fiction ces dernières années, il reste handicapant lorsqu'il est utilisé trop fréquemment, et c'est parfois le cas ici. Avec les effets de tirs de blasters, d'explosions ou de boucliers qui fourmillent dans les maps, l'ajout du lens flare provoque parfois une surcharge d'effets qui gênent le joueur. Après, ça fait partie de l'ambiance. Toujours est-il que ce Star Wars Battlefront est clairement une perle d'ambiance et que c'est le plus gros point fort du titre.
Je ne sitherai personne
Rangez vos kalachnikov et couteaux de combat, ici on tire au blaster et on découpe au sabre laser. S'il fallait décrire le gameplay de Star Wars Battlefront avec des influences, on pourrait citer Battlefield et Mario Kart. Oui, Mario Kart, le jeu de course où le but est de gagner en défonçant ses ennemis grâce à la pléthore de bonus disposés sur le terrain. Battlefront se pose donc comme une sorte d'hybride un peu bâtard entre deux titres complètement opposés. L'un, souvent classé "simulation", est connu pour ses joutes en ligne compétitives tandis que l'autre lorgne plus du côté de l'arcade et est réputé pour ses parties à quatre dans le canapé. Pour que vous compreniez bien le gameplay, on va vous résumer une partie type de Battlefront.
On arrive dans les menus où l'on doit faire face à notre premier obstacle : une interface absolument anti-ergonomique dont on aurait juré qu'elle était destinée à exister sur tablettes tactiles. On choisit un mode de jeu et, quasiment sans temps de chargement, on arrive dans une partie. On prend une petite claque visuelle comme d'hab, on arme son blaster et on commence à chercher des adversaires. Pour venir à bout de ceux-ci, le jeu propose un système assez original. Afin de rendre le jeu super méga ultra accessible, il n'y a ni système de rechargement ni arme secondaire. Viennent les remplacer un système de surchauffe et un système de cartes.
La surchauffe n'est pas un mauvais choix à la base, puisqu'elle est cohérente avec l'univers de Star Wars. Le problème c'est que du coup les duels perdent en technicité. Impossible de faire cracher ses balles à un ennemi pour tenter de l'avoir lorsqu'il recharge, d'autant que la surchauffe met pas mal de temps à arriver, et ce sur toutes les armes. Celles-ci ne sont divisées en cinq catégories qui ont des paramètres de portée, de dégâts, de cadence et de surcharge différents. Comme dans tout FPS moderne, il est possible d'améliorer sa visée (déjà ultra assistée sur consoles) en appuyant sur la gâchette gauche, mais, à part si on veut atteindre un ennemi à très longue portée, on privilégiera le tir au jugé, déjà très précis.
Le système de cartes, donc, est basé sur le choix d'une main qui se fera entre chaque partie. On sélectionne trois cartes divisées en deux catégories : celles qui se rechargent après chaque utilisation et celles qui requièrent de dépenser un point d'énergie, mais on y reviendra plus tard. On retrouve d'un côté les différents types de grenades, des jetpacks ou la possibilité de tirer un coup avec une arme puissante (sniper, arbalète laser). Dans le second type on retrouve des capacités qui s'appliquent sur le personnage directement, comme des cartes qui rendent nos tirs plus puissants contre les véhicules ou qui nous confèrent un bouclier. Le système fonctionne parfaitement, mais fait état d'un fait regrettable. On démarre le jeu sans aucune carte. Conclusion : on passe nos premières parties avec juste un blaster contre des ennemis qui peuvent vous exploser à la grenade, se protéger de vos tirs avec un bouclier, ou encore vous sniper de l'autre bout de la map.
Voici enfin le dernier système important à intégrer avant de se lancer dans Star Wars Battlefront : les power-ups. Là où dans Battlefront 2 on montait soi-même dans les vaisseaux et on gagnait nos héros en fonction de notre prestation, tout est ici résumé à des power-ups. Disséminés sur la map avec une rotation aléatoire, ces power-ups laissent donc une partie de l'issue du combat au hasard. On peut aussi bien tomber sur Luke Skywalker que sur une grenade spéciale ou un X-wing. Pour les véhicules, d'ailleurs, une fois le power-up récupéré, il suffit d'une simple pression des boutons de tranche et notre personnage se téléporte immédiatement dans le véhicule obtenu. La maniabilité de ceux-ci est agréable et accessible. De plus, un mode bataille de vaisseaux est disponible histoire de s'éclater avec les plus grandes figures de la saga comme les fameux X-Wing, Tie Fighter ou même le Millenium (comme nous) Falcon. Malheureusement ceux-ci vont tellement vite dans les modes avec piétons qu'on traverse la map en une seconde. On passe donc la partie à faire des demi-tours. Quid des modes de jeu, des maps, de la progression ? On s'y attaque.
Vide intersidéral
Si Battlefront brille par sa plastique, et fait globalement le travail sur un gameplay accessible, quoiqu'un peu bancal, il y a un point sur lequel il se mange complètement : le contenu. Le jeu propose en tout une dizaine de maps très bien réalisées et autant de modes de jeux. Sur ce point, le jeu joue sur tous les tableaux, avec le classique Team Deathmatch, la traque de héros (variante du roi de la colline où le roi incarne un héros), la suprématie (équivalent de la conquête de Battlefield), l'attaque des marcheurs (ruée de Battlefield à la sauce Star Wars) et d'autres modes de jeu inspirés de ce qu'il y a partout chez la concurrence. À noter : la présence d'un mode survie classique aux parties trop longues, mais qui a le mérite, lui, d'être jouable en écran splitté.
Par "contenu" on entend aussi tout ce qui est développement du personnage et là, on peut dire qu'on atteint le seuil du vide sidéral. Lorgnant du côté du célébrissime Titanfall (oh tiens, encore un jeu d'EA), il en est presque désespérant, d'autant qu'on se doute qu'il en est ainsi pour nous faire raquer un season pass à 50€. Le personnage débloque un objet pas original pour un sou tous les quatre ans, la personnalisation physique est juste matérialisée par des changements de coiffure qui coûtent une blinde et se voient à peine...
Plus on joue à Battlefront, et plus cette sensation de vide transparaît dans le jeu entier. On a l'impression que DICE s'est complètement laissé dépasser par son projet. À croire qu'ils ont tellement voulu qu'il ne ressemble pas à Battlefield que le gameplay en a payé le prix avec cette accumulation de systèmes qui marchent à moitié. Mais on retrouve aussi EA, qui appelle son jeu Battlefront pour que les fans viennent, mais qui est prêt à tout sacrifier sur l'autel de l'accessibilité pour que le public de Battlefront 2 (qui a quand même pris dix ans) puisse s'y plaire et arriver devant un contenu vide qui les inciterait à acheter le fameux season pass. Alors non, le jeu ne ressemble ni à Battlefield, ni à Battlefront. C'est juste un gloubiboulga d'idées jetées presque sans cohérence à la tête des fans, histoire qu'ils s'occupent en attendant l'épisode 2. On salue quand même le courage d'EA de se présenter avec un jeu sans campagne solo à 60 € et qui, de plus, s'avère avoir un contenu vide.