Avec ses atours aguicheurs, le puzzle-plateformer Metroidvania Unbound : Worlds Apart (ou Les Mondes Lointains en version française), sait attirer le regard, mais le plumage ne fait pas toujours tout. Nous avons donc voulu voir ce que cela donnait réellement manette en main, et pour tout vous dire, nous n’avons pas été déçus. Développé et édité par le studio roumain indépendant Alien Pixel, en partenariat avec Triple Dragons, il est disponible sur PC et Switch depuis le 28 juillet 2021. Il sortira également sur PS4 et Xbox One un peu plus tard en 2021.
- Genre : plateforme-puzzle
- Date de sortie : 28 juillet 2021
- Plateforme : PC, Switch, PS4, Xbox One
- Développeur : Alien Pixel Studios
- Éditeur : Alien Pixel Studios
- Prix : 19,99€
- Testé sur : PC
Ferme la porte en sortant
Dans le village de Rhu, l’effervescence est à son comble. C’est en effet le soir de la cérémonie de purification du cristal permettant de maintenir close la Porte Magique. Celle-ci sera conduite par Brom, le Gardien du monde de Vaiya. Il s’en suivra une grande fête à laquelle tout le monde est convié. Soli appartient à cette communauté. Les autres enfants l’ont toujours trouvé bizarre car il détient des pouvoirs lui permettant d’harmoniser les éclats de cristal avec son essence et d’ainsi ouvrir des portails vers d’autres mondes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une porte que l’on peut traverser, un être à l’aspect félin en sort et Soli s’empresse de suivre sa trace. Alors qu’il entre dans la forêt, le cristal de la Porte Magique est détruit et un portail est ouvert vers un monde dévasté d’où surgissent des démons qui mettront à feu et à sang le village.
Les choses n’ont pourtant pas toujours été ainsi. Autrefois, les portes étaient ouvertes et il était ainsi possible de visiter de magnifiques endroits en traversant la Mer de Réalité. Le monde était vaste et l’Ordre des mages voulait unifier les mondes pour que chacun puisse profiter des progrès des autres. Jusqu’au jour où ils en découvrirent un rongé par la pourriture et la corruption et qu’ils décidèrent de sceller toutes les portes, détruisant ensuite les cristaux dont ils éparpillèrent les éclats un peu partout. Des familles et des amis furent alors séparés, et tout cela pour rien, puisqu’il était déjà trop tard et que la corruption continuait de s’étendre à travers les mondes, obligeant à purifier régulièrement les cristaux scellant les Portes. Et les démons ont tout de même fini par réussir à passer. Seul Soli, avec son exceptionnel pouvoir, peut désormais aider les Gardiens à arrêter Arawen, le roi des démons.
Louée soit la Mer
Vous apprendrez ainsi que la réalité ne se limite pas à ce que les yeux peuvent voir. Soli peut en effet invoquer des mondes parallèles qui ne sont pas soumis aux mêmes lois physiques et où la faune et la flore ne revêtent pas le même aspect. Dans la zone sphérique représentant la connexion établie par Soli entre les mondes, les choses ne se passent pas de la même manière. C’est donc en jonglant entre les différentes réalités qu’il pourra relever les défis qui se dressent devant lui, sauver la Réalité et découvrir les secrets cachés. Avec son petit capuchon rouge au sommet duquel vacille une flamme et ses grands yeux, il ne laisse pas indifférent. Mais ne vous fiez pas à sa petite taille, ses pouvoirs comme son courage sont immenses. Les graphismes au style crayonné sont véritablement du plus bel effet et son univers aura très rapidement su nous envoûter. Et autant ses personnages peuvent être mignons, autant les monstres peuvent, eux, être bien dégoûtants.
Cette aventure en 2D avec scrolling horizontal et vertical vous entraîne dans différents lieux (forêt, désert, mine, marais, …) et alterne les passages où vous avancez tranquillement et les phases plus tendues, maintenant ainsi un rythme efficace. Les animations, à l’exception de l’escalade où Soli semble plus glisser que grimper, sont également réussies. Notons que lorsque Soli meurt – est-ce dû à la flamme au sommet de sa capuche ? – il éclate, un peu comme un pétard. Les bruitages, et surtout la musique douce, fonctionnent à la perfection pour créer une ambiance réussie. À côté de cela, aucune parole n’est prononcée, il s’agit d’une aventure textuelle (en français). Cela n’empêche pas de pouvoir discuter avec tous les PNJ que vous croisez et qui ont tous leur histoire à raconter, dont Leyrah, la créature du départ que vous retrouverez régulièrement sur votre chemin. Ces discussions sont même vivement conseillées pour découvrir le lore qui, même s’il n’est qu’un prétexte, justifie vos actes et donnent un but à ceux-ci. On regrette seulement qu’il faille parfois lancer plusieurs fois les échanges jusqu’à épuisement des répliques et que cela ne se fasse pas en une seule et même conversation. On se retrouve en effet alors à devoir doubler la dernière itération pour savoir que c’est terminé.
Un autre monde
Soli peut sauter, pousser ou tirer des blocs de pierre pour accéder à des niveaux plus élevés, tirer des leviers pour ouvrir des passages, ou encore grimper après des lierres. Il n’y a aucun risque de chute, il peut tomber de n’importe quelle hauteur sans aucun problème. Il s’agit donc surtout de parvenir à passer en évitant les monstres et autres éléments mortels du décor, tout en découvrant parfois comment s’y prendre. Unbound est à ce niveau un plateformer-puzzle classique. On retrouve aussi les plateformes mobiles (montantes ou descendantes, mais aussi rotatives), et les boules de feu ou autres dangers mortels à éviter. C’est au niveau de la création de portails qu’il se distingue, et c’est bien là l’essence même de son gameplay. Soli peut ainsi ouvrir et fermer des portails à sa guise vers d’autres mondes, faisant apparaître ou disparaître par là même des éléments (piliers bloquant le passage, plateformes sur lesquelles sauter, …), ou les transformant (des ronces peuvent devenir des lierres grimpants). Cela a aussi pour conséquence de modifier la faune locale : certaines créatures inoffensives deviennent de véritables monstres, d’autres changent de taille et d’autres encore se transforment en bloc de matière inerte ou en trampoline bien pratique pour prendre de la hauteur. Le principe fonctionne à la perfection.
Certains démons n’existent que dans les mondes alternatifs et ne représentent donc un danger que lorsque le portail est ouvert, mais celui-ci peut être indispensable à votre passage et il faudra donc faire avec. Quoi qu’il arrive, la mort n’est pas punitive dans Unbound. Si vous échouez, vous reprendrez juste avant le passage qui vous pose problème et pourrez retenter votre chance jusqu’à parvenir à vos fins. Il s’agit d’un bon vieux « die and retry » comme on les aime. Certains passages, comme face aux boss, s’avèrent d’ailleurs particulièrement délicats et nécessitent de s’y reprendre à plusieurs reprises. Sachez garder votre calme. Notons que les monstres ne peuvent pas être tués autrement qu’en utilisant les pièges de l’environnement. Il y a en tout 10 portails différents menant vers des mondes disposant chacun de propriétés uniques des plus appréciables. Un passage dans le noir utilise par exemple un éclat permettant d’illuminer autour de vous tant que vous êtes à l’arrêt. Dès lors que vous vous déplacez, le diamètre diminue jusqu’à vous priver de toute luminosité. Vous aurez également droit à des inversions de pesanteur, à une force colossale vous permettant de déplacer de lourds objets, à des boules de feu se transformant en bulles que vous pouvez utiliser comme moyen de transport, à la faculté d’arrêter le temps, … Des portes empêchent aussi parfois d’ouvrir des portails et il faut donc traverser ces passages sans utiliser de pouvoirs. Les mécanismes à mettre en place évoluent sans cesse, et le titre, qui regorge de bonnes idées, innove suffisamment souvent pour qu’il ne soit à aucun moment lassant ou même répétitif.
Et s’il est possible de boucler l’histoire principale en 3 heures environ lorsque l’on sait où aller et comment s’y prendre et que l’on ne rate jamais son coup, ce sera une toute autre histoire en découvrant le jeu. Et encore, cela ne sera possible qu’en laissant de côté les villageois perdus que vous pouvez sauver. Si ceux-ci apparaissent parfois clairement sur votre carte, encore faut-il trouver comment les atteindre. Précisons que cela n’est de surcroît pas toujours possible dès votre premier passage, il faudra parfois revenir une fois que vous aurez acquis une compétence indispensable qui n’est pas encore en votre possession comme le double saut, l’escalade ou le dash. D’autres se trouvent aussi dans des endroits secrets qu’il vous faut découvrir en explorant le moindre recoin de la carte. Cela permet de satisfaire votre appétit de collectionneur et d’obtenir des succès, mais aussi d’étayer le lore avec ce qu’ils ont à vous dire. Une grande vérité vous est d’ailleurs promise d’être dévoilée lorsque vous les aurez tous trouvés. Enfin, une fois que vous en aurez ramené suffisamment, vous pourrez aussi accéder à une zone particulière qui vient se rajouter à celles de l’histoire principale et où vous devrez activer un portail pour permettre aux villageois de rejoindre un lieu où ils seront définitivement en sécurité. Il y a donc largement de quoi faire.
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