Référence des jeux de rôle sur table médiévaux-fantastiques, Dungeons & Dragons fait son grand retour dans le monde vidéoludique d'où il s'était quelque peu effacé dernièrement. Dungeons & Dragons - Dark Alliance en est une illustration. Ce titre, annoncé en 2019 par Tuque Games, est sorti le 22 juin 2021 sur PC, PS5, PS4, Xbox Series et Xbox One aux éditions Wizards of the Coast, propriétaire du studio québécois, mais aussi chez Koch Media pour les éditions physiques (le 13 juillet sur PS4 et Xbox One). À noter que le jeu sera aussi disponible dès le jour de son lancement sur le Xbox Game Pass. Comme son nom le laisse sous-entendre, il s'agit là du successeur des Baldur's Gate - Dark Alliance du début des années 2000. Mais il ne l'est qu'à titre spirituel, puisqu'il ne s'agit pas d'un troisième volet et qu'il n'est pas non plus estampillé Baldur's Gate. Il en reprend en revanche l'univers et l'esprit hack'n'slash, contrairement aux stratégiques Baldur's Gate classiques. Alors, affûtez vos cimeterres ou votre hache, dressez votre marteau ou encochez vos flèches, et place au combat.
- Genre : Dungeon Crawler
- Date de sortie : 22 juin 2021 (un peu plus tard sur les consoles new-gen)
- Plateforme : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series
- Développeur : Tuque Games et Wizards Studio
- Éditeur : Wizards of the Coast
- Prix : 39,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Mon précieux
Créé par 7 maîtresses liches appartenant à 7 royaumes différents, mais ne formant qu'une seule entité, comme les 7 couleurs de la lumière traversant le cristal, Crenshinibon a été oublié pendant des siècles, disparu sous les neiges du Valbise (Icewind Dale en anglais). Mais un magicien du nom d'Akar Kessel a récemment mis la main sur celui que l'on connaît aussi sous le nom d'Éclat de Cristal, lui conférant ainsi un pouvoir unique. Bien décidé à soumettre les clans des Dix-Cités, ce dernier a alors levé une armée, attirée par l'Éclat. Et il aura fallu l'union de tous les peuples de la vallée des nains pour l'arrêter.
Parmi eux, se trouvent 4 figures majeures. Bruenor Marteaudeguerre, le nain d'écu, seul survivant de son clan après la perte de la citadelle historique de Castelmithral, est en effet accompagné de sa fille adoptive Catti-Brie et de Wulfgar, le barbare reghed de la tribu de l'Élan, fils de Beorngar, qu'il a par le passé vaincu et retenu prisonnier, avant que celui-ci ne rallie de lui-même sa cause. Drizzt Do'Urden, l'elfe noir ayant fui l'Outreterre, a également rejoint le groupe de par son amitié avec Catti-Brie. Mais la bataille n'est pas finie, car même si Kessel a été défait et sa tour de cristal est détruite, ils n'ont pas pu mettre la main sur l'Éclat de Cristal qui est à nouveau perdu.
Or, celui-ci continue d’appeler à lui ceux qui sont prêts à l'entendre, et il est convoité par beaucoup. Ainsi, de tous les confins du royaume, et même de la Stygie, la cinquième strate des Neuf Enfers, des monstres en tout genre affluent sur le Valbise dans l'espoir d'être l'élu qui possèdera Crenshinibon. Afin d'éviter la destruction totale des peuples de la vallée et défendre le nord du continent de Féérune, il faut donc poursuivre l'alliance. De plus, la citadelle naine du clan Marteaudeguerre a été envahie et ses occupants poussés à fuir dans la vallée. Il faut donc commencer par mettre fin à ce siège en affrontant les gobelins et les verbeegs, ainsi que condamner les brèches permettant l'accès depuis l'Outreterre de l'armée druegar à l'origine de cette invasion.
C'est au sein du Cairn de Kelvin, où Régis a élu domicile, que les 4 amis se retrouvent pour partir à l'aventure. Bien que Régis ait dû s'absenter, il a laissé sur place Kurtik Pierrequiroule, un marchand chargé de subvenir aux besoins du groupe. Une fois la citadelle naine reconquise, il leur faudra encore affronter les diverses créatures sous l'influence du cristal, comme les gobelins et leur empereur Hamboo qui prétend détenir le cristal et a entrepris de construire lui aussi une tour, mais aussi les verbeegs qui ont pris le pris contrôle de la forge d'Annuragon, ainsi que l'Ordre de la lumière unique constitué de fanatiques ayant retrouvé la dépouille de Kessel et l'ayant ressuscité grâce aux pouvoirs arcaniques, lui donnant ainsi la possibilité de reformer une armée afin de prendre sa revanche sur le Valbise. Autant dire que tout ceci ne sera pas de tout repos.
Au nord, c'était les donjons
Les fans de Dungeons & Dragons, et plus particulièrement de son décor de campagne Les Royaumes Oubliés de l'auteur canadien Ed Greenwood, et de la série La Légende de Drizzt de R.A. Salvatore sur laquelle s'appuie le jeu, seront ravis de se retrouver en terrain connu. Mais ne nous y leurrons pas, même si le lore est amplement alimenté par l'univers sur lequel il se base, à travers les biographies des héros et des monstres, mais aussi des tablettes, des tomes, des peintures, ou encore des reliefs à collectionner, il ne sert ici que de prétexte pour vous envoyer affronter des hordes de monstres. Ainsi, même si vous êtes néophyte en la matière, cela ne devrait pas vous poser de soucis, d'autant plus que tout est bien traduit en français, même si les cristaux que l'on ramasse continuent à être appelés "cristal" quel que soit leur nombre et que Catti-Brie ait conservé sa version anglophone (en français, on écrit plutôt Cattie-Brie).
Le doublage a également été localisé en français avec, soit dit en passant, un langage assez cru. Les voix des monstres sont caricaturales et cherchent par là-même à accentuer, si cela était encore nécessaire, la stupidité des gobelins, le côté bête et méchant des varbeegs et des trolls, ou encore le vice des fanatiques. Et cela passe assez bien, avec un trait d'humour et des situations cocasses comme il se doit. En revanche, les héros, du moins en français, ont une intonation parfois bien peu convaincante, tout particulièrement Wulfgar, dommage. De même, chacun a tendance à se répéter, un défaut récurrent malheureusement dans les jeux du genre. En revanche, on apprécie le fait que les dialogues soient adaptés au personnage contrôlé. On ne cessera ainsi de se faire traiter de sale drow aux commandes de Drizzt avec une convoitise marquée pour récupérer nos oreilles, alors que l'on aura droit à des invectives à base de barbare avec Wulfgar par exemple. Et au QG, Kurtik fait des remarques en conséquence en utilisant le prénom adéquat.
Au niveau de la bande-son, le titre nous soigne les tympans avec des chants nordiques du plus bel effet et des musiques de circonstance qui font très bien leur travail. De ce côté-là, c'est vraiment soigné. On saluera également des cinématiques très sympathiques, même si, curieusement, elles ont eu tendance à lagger lors du test alors qu'aucun souci n'a été remarqué en ce sens par ailleurs. Les graphismes, quant à eux, ne brillent pas par leur finesse et ne disposent pas d'une très grande profondeur de champ, mais sur le terrain, le rendu est efficace et cela passe finalement très bien, notamment grâce à une bonne direction artistique. Les visages auraient toutefois mérité un peu plus de soin. Même si l'on n'a pas trop l'occasion de les voir en cours de partie, cela fait un peu tâche dans la gestion des personnages, tout comme les textures sur les pièces d'armure que l'on voit ici en gros plan. Pour ce qui est des environnements rencontrés, ceux-ci sont bien évidemment très montagnards, mais quelques détours dans les cavernes, dans les forges naines, dans des tours ou des citadelles apportent un peu de variété.
Côté animations, si l'on avait noté quelques défauts lors de la preview, cela a été réglé. Elles sont bien plus fluides et naturels et offrent des chorégraphies bien rythmées lors des combats. Si techniquement, nous n'avons pas eu de soucis majeurs, il n'empêche que l'on a tout de même croisé quelques monstres bloqués dans leur évolution et qu'il suffisait donc d'attaquer à distance jusqu'à ce que mort s'en suive, ainsi qu'un bug assez récurrent amenant les ennemis vaincus à tressaillir une fois au sol. On peut également reprocher les chutes dans le vide sans conséquence aucune sur la barre de vie, ou quoi que ce soit d'autre, et nous ramenant instantanément sur terre de manière assez troublante. Le bestiaire, quant à lui, est assez varié avec 33 monstres différents : gobelins, verbeegs, trolls (commun, des glaces, venimeux), pillards stygiens de la tribu de la chèvre (tribu reghed), fanatiques, ... La campagne s'étale sur 4 missions découpées en 3 actes chacune, et est complétée par 3 donjons avec des monstres emblématiques : Hagedorn le Tyrannoeil, déjà largement présenté en vidéo, le géant de givre Utaar, et enfin Albise. Ceci dit, chaque acte se présente comme un donjon à traverser jusqu'au boss final avec en cours de route des ennemis et des mini-boss à affronter et du butin à accumuler.
Couper, trancher, frapper
Tuque Games n'a pas choisi l'appellation Dark Alliance pour rien, puisqu'il ne s'agit pas ici de stratégie comme dans un Baldur's Gate, mais bien de défourailler du monstre par paquet de douze. Et si l'on parle d'action-RPG, c'est surtout la première partie du titre qui l'emporte. En effet, la partie RPG se limite à améliorer ses personnages en les équipant de meilleur stuff ou en améliorant celui déjà revêtu, ainsi qu'en choisissant quelle caractéristique faire évoluer (force, dextérité, constitution, intelligence, sagesse et charisme), et en débloquant dans des arbres de compétences de nouveaux dons (des bonus passifs) et de nouvelles manœuvres (de nouveaux mouvements de combat). Si des points de caractéristiques peuvent être trouvés sur le terrain, c'est aussi en gagnant des niveaux que vous en obtiendrez, tout comme les points de dons. Pour les manœuvres, seul l'or est utile. Et pour améliorer votre équipement, c'est de cristaux et d'or dont vous aurez besoin. Cela se passe auprès de Kutrik, comme pour débloquer et améliorer ses utilitaires ou changer de skin certaines pièces d'armure, sans incidence sur le combat.
Vous pouvez créer plusieurs personnages, chacun étant indépendant des autres en termes de leveling mais aussi de trésorerie, de trophées, d'équipement, ... Seules les missions, les actes et les donjons débloqués le sont pour tous. Vous avez donc le choix entre 4 héros. Drizzt, le rôdeur assassin agile et rapide, armé de ses cimeterres, peut se rendre invisible pour se la jouer furtif et surprendre ses adversaires. Et son ulti lui permet d'appeler Guenhwyvar, sa panthère noire magique, depuis le plan astral. Bruenor, le guerrier tank armé de sa hache et de son bouclier, est expert en combat rapproché et peut, avec son ulti, déployer une bannière conférant une zone améliorant la résistance aux dégâts physiques et élémentaires. Wulfgar, le barbare empli de rage avec son marteau lourd, se met avec son ulti à virevolter de manière furieuse, infligeant par là-même des dégâts encore plus importants. Catti-Brie, enfin, est une guerrière archère spécialisée dans les attaques à distance et les acrobaties lui permettant de rester hors de portée. Les flèches arcaniques de son ulti disposent d'un rayon de frappe accru, avec des dégâts supplémentaires et des flèches capables de transpercer les objets comme les monstres se trouvant sur sa ligne de tir.
Tout part donc du QG où vous choisissez sur la carte la mission ou le donjon, puis l'acte concerné et la difficulté. Il existe 6 niveaux de difficulté, à adapter, théoriquement, en fonction de la puissance du groupe. Les récompenses, le loot et l'expérience sont bien entendu modifiés en conséquence. Une fois cela fait, il ne reste plus qu'à se rendre dans le portail de téléportation pour rejoindre le lieu de bataille. Notons qu'un tutoriel, pour apprendre les bases du métier, est également proposé : les épreuves de Tempus, le seigneur des batailles, avec à la clé un coffre avec une pièce d'armure, mais pas d'expérience. Si les premiers niveaux sont tout à fait abordables, dès que l'on grimpe un peu, les choses se corsent, mais avec le stuff adapté, on peut aborder les niveaux les plus élevés plus sereinement. Ceux qui cherchent un vrai challenge resteront sans doute ici sur leur faim. Au cours des missions, l'objectif principal est clairement indiqué, mais de nombreux chemins de traverse sont à découvrir avec du butin à récupérer, mais aussi des objectifs optionnels à accomplir. Le titre incite ainsi à explorer, et n'hésitez pas à détruire tout ce qui peut l'être, on ne sait jamais ce qu'il peut y avoir derrière. Les draps rouges indiquant les endroits où l'on peut grimper ou descendre, en plus des échelles, facilitent toutefois le travail de repérage. Pour vous ouvrir des passages, vous aurez parfois besoin de trouver au préalable des pierres runiques naines ou des barils explosifs. Pour le reste, cela se présente comme un couloir avec au bout un boss final.
Les combats sont animés et agréables, bien que se présentant de manière assez classique : attaques légères et féroces, blocages, parades étourdissantes, esquives, ruées, sauts, attaques à distance, utilitaires, capacités spéciales avec temps de rechargement nécessaire et barre de rage à charger pour pouvoir enclencher l'ulti. Les 14 manœuvres que l'on peut débloquer pour chaque personnage apportent ponctuellement de la variété dans les combats. De même, il faut aussi ajouter à cela les attaques sautées, glissées, ... Notons qu'il faut ici gérer l'endurance qui s'épuise avec l'action et se recharge après un bref instant. Les attaques spéciales réduisant son niveau maximal, il faut alors parer, consommer une potion ou se reposer pour la récupérer. Des éclats de santé et d'endurance sont parfois lâchés par les ennemis vaincus, mais ils ne permettent pas d'aller au-delà du maximum autorisé. Il est aussi possible d'exploiter le décor et ses pièges (tonneaux explosifs, cracheurs de feu, ...) pour faire tourner le combat en sa faveur. Le seul souci reste la visibilité des affrontements parfois mise à mal. En effet, il est important d'être orienté correctement pour attaquer et il est donc plus facile de cibler un ennemi, mais la caméra se rapproche alors excessivement et cela s'avère problématique face à de nombreux ennemis. Déjà qu'elle se trouve parfois un peu gênée par les parois, cela n'incite pas à recourir au ciblage en dehors des duels ou de quelques ennemis seulement à affronter.
Un pour tous, tous pour un
Le titre renouvelle régulièrement les forces adverses en apportant de la nouveauté, y compris dans les pièges de l'environnement (glace, pics rétractables, plantes poison, ...). On ne peut pas dire en revanche que l'IA des monstres fasse des étincelles, mais cela leur colle relativement bien à la peau. De plus, si des avantages peuvent être acquis pour résister plus facilement à certains types de dégâts, des désavantages (empoisonné, envoûté, ralenti, fatigué, ...) et des états (aveuglé, désorienté, gelé, épuisé, ...) sont également au programme, et cela complique parfois un peu les choses. Les feux de camp, qui apparaissent après avoir sécurisé une zone, permettent soit de se reposer pour remplir sa barre de vie et d'endurance ainsi que son stock d'utilitaires, tout en déclenchant un point de sauvegarde, soit d'opter pour un bonus de rareté de butin. Une idée sympathique consistant à prendre ou non des risques pour gagner plus et mettant la pression avec un temps limité pour se décider. En cas de mort, vous retournerez en effet au dernier feu de camp activé, et à défaut au tout début. Il faudra alors affronter à nouveau tous les ennemis sur votre route. Vous n'aurez toutefois plus à vous écarter du chemin principal puisque seront conservés les objets ramassés, les coffres ouverts, ...
Nous terminerons en rappelant que Dungeons & Dragons est un titre multijoueur coopératif auquel on peut jouer à 1, 2, 3 ou 4. Les ennemis ne sont pas plus nombreux mais adaptent leurs statistiques au nombre de joueurs. Vous pouvez choisir de rejoindre une instance en partie rapide ou d'en créer une personnellement avec accès ouvert au public ou seulement à vos amis, voire uniquement sur invitation. Notons qu'en groupe, des attaques d'équipe combinant les compétences de chacun sont possibles, un petit plus non négligeable. Il est clair qu'à plusieurs, et tout particulièrement entre amis en vocal, le titre prend une autre dimension. Il a d'ailleurs été conçu en ce sens. Par contre, si l'on comprend tout à fait que l'on ne puisse pas sauvegarder une partie au cours d'une instance en coopération, il est regrettable que ce soit aussi le cas en solo. Si vous commencez un acte, il vous faudra donc aller au bout, sinon vous perdrez tout. La durée moyenne est de 1h à 1h30, mais chacun est plus ou moins long, et vous pouvez être plus rapide ou plus lent suivant vos prouesses martiales et le niveau de difficulté retenu. Dark Alliance présente en tout cas une grande rejouabilité, puisqu'une fois passée une mission, il sera intéressant de la refaire à un niveau supérieur jusqu'à atteindre la difficulté maximale. La quête du meilleur stuff est donc ouverte.
S'il est agréable à jouer, d'autant plus entre amis, le titre souffre d'une certaine répétitivité inhérente au genre, et reste toutefois assez léger. Il peut donc décevoir les fans cherchant du challenge. Mais l'arrivée prochaine d'une difficulté hardcore pourrait remédier à cela. La feuille de route du titre a effectivement d'ores et déjà été annoncée et un premier DLC gratuit sera déployé dès cet été avec une mission supplémentaire et un mode jouable à deux joueurs en local en écran partagé. S'en suivra cet automne une seconde mise à jour gratuite avec l'arrivée de la difficulté hardcore et de nouvelles missions. Enfin, une extension payante, Echoes of the Blood War, vendue 19,99€, sera proposée cet hiver avec encore de nouvelles missions, mais aussi de nouveaux ennemis et un cinquième personnage jouable manipulant la magie élémentaire. Les développeurs ont par contre promis que Dark Alliance ne comportera aucune microtransaction. Espérons qu'ils tiennent parole.
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