Quatre ans, cela fait bientôt 4 ans que l'on attend de voir une suite à Little Nightmares, qui, malgré sa très courte durée de vie, avait su nous séduire au plus profond de notre âme d'enfant effrayé avec son atmosphère lugubre si particulière et son style graphique à la Tim Burton à bord de The Maw, le bateau du premier épisode. Autant vous dire que nous avons donc accueilli de pied ferme la nouvelle production des Suédois de Tarsier Studios reprenant l'univers du jeu. C'est donc avec impatience que nous avons replongé dans les pires cauchemars d'enfants sans défense que nous livrent Bandai Namco sur tous les supports actuels, même s'il faudra attendre un peu pour bénéficier de la mise à jour gratuite sur les consoles de nouvelle génération. Et nous n'avons pas été déçus.
- Genre : aventure-plateforme-réflexion
- Date de sortie : 11 février 2021 et un peu plus tard sur PS5 et Xbox Series X
- Plateforme : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, Switch
- Développeur : Tarsier Studios
- Éditeur : Bandai Namco
- Prix : 29,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Hertzoïnomane
Comme nous le savons déjà, c'est Mono que l'on accompagne cette fois-ci. Ce petit garçon effrayé a choisi de dissimuler son visage sous un sac en papier, comme pour rester à l'écart du monde extérieur en pleine décrépitude. Une tour lointaine émet en effet un signal lugubre entraînant son univers dans la corruption. Au cours de l'aventure, Mono pourra toutefois mettre la main sur d'autres couvre-chefs en tout genre (toque à la Davy Crockett, balle percée, casquette de postier, ...). Il faut dire que le petit bonhomme à un goût prononcé pour les chapeaux.
Son périple débute lorsqu'il se réveille au cœur d'une forêt où des restes en décomposition sont légion et où des pièges l'attendent à chaque pas. Un chasseur, lui aussi avec la tête dissimulée sous un sac en toile de jute, vit en effet ici, et celui-ci semble vouloir faire la peau à tout ce qu'il croise. C'est là que Mono rencontre une petite fille apeurée et enfermée qu'il libère de son geôlier. Si elle commence par prendre la fuite, ils feront bien vite équipe pour accroître leurs chances de survie.
Une fois débarrassés du chasseur, ils poursuivent leur route de l'autre côté du fleuve, dans une ville incurvée et décrépie où ils doivent traverser une école dirigée d'une main de fer par une maîtresse peu commode et qui n'hésitera pas à les dévorer si elle les voit. Les écoliers turbulents qui résident ici s'avèrent eux aussi assez agressifs, mais sont fort heureusement en porcelaine, ce qui permet, une fois n'est pas coutume, aux deux enfants de pouvoir les affronter, notamment en leur explosant la tête à coup de masse.
Le signal émis par les postes de télévision peut parfois être si douloureux que Mono doit régler celui-ci en touchant l'écran. Il se retrouve alors projeté dans un couloir débouchant sur une étrange porte vers laquelle il se dirige. Qu'est-ce qui peut bien se trouver derrière ? Afin de découvrir la vérité, nos deux comparses seront ensuite amenés à traverser un hôpital plongé dans l'obscurité où des mains mécaniques se terrent dans chaque recoin, puis les toits de la ville qui est en train de s'écrouler et où les gens restent hypnotisés par le signal de la tour et de leurs écrans de TV qu'ils emmènent avec eux jusque dans la baignoire. Là, vous devrez fuir un étrange homme au chapeau filiforme manifestement lié aux émissions TV jusqu'au dénouement final qui ne devrait pas vous laisser indifférent.
Mono Six Clique
Little Nightmares II, tout comme son prédécesseur, se trouve peuplé d'ennemis au style bien trempé, en particulier les boss de chaque niveau dont la taille contraste de surcroit avec la chétivité de nos deux protagonistes. Que ce soit le chasseur, la maîtresse, la créature obèse accrochée au plafond de l'hôpital, l'homme fil de fer chapeauté ou ce qui vous attend dans le cinquième et dernier chapitre de l'histoire, on ne peut pas dire qu'ils soient très amicaux et surgissent indéniablement des pires cauchemars des développeurs du jeu. Ils savent en tout cas distiller une ambiance bien malsaine et poisseuse. Nous décernerons à ce titre une mention particulière à la maîtresse avec sa démarche saccadée, son cri strident et son cou à rallonge, ainsi qu'à l'homme au chapeau à la lente démarche capable de se retrouver derrière vous tout d'un coup, faisant ainsi monter la tension à chaque fois un cran au-dessus.
Graphiquement, le jeu est toujours splendide dans sa crasse ambiante, avec encore plus de détails et une touche supplémentaire de profondeur. La direction artistique est vraiment très inspirée, de ce côté-là le titre ressort clairement comme un magnifique conte horrifique où les téléviseurs sont omniprésents. S'il commence avec un peu de verdure dans la forêt, celle-ci vire bien vite du côté plus obscur déjà présent dans les sous-bois, seul le ciré jaune de Six apporte bien vite une petite touche colorée dans la noirceur du monde. Cela permet d'ailleurs de jouer avec les lumières de la plus belle des façons, notamment dans l'hôpital, où la lampe torche que l'on trouve ouvre la porte à de bien beaux effets, avec parfois des plans vraiment bien choisis.
Si les animations sont elles aussi du même acabit et font particulièrement ressentir la faiblesse des personnages chutant sur leur postérieur après avoir tiré sur un objet qui cède brutalement, ou traînant derrière eux la lourde masse ou hache que Mono est bien incapable de porter à bout de bras, on dénote tout de même quelques soucis épars de collision qui restent toutefois très anecdotiques et n'entraveront en rien votre expérience. En revanche, le jeu, auquel nous avons joué à la manette comme conseillé afin de profiter entre autres des vibrations, souffre d'une maniabilité parfois assez hasardeuse. Non seulement les graphismes en 2.5D peuvent rendre la visée assez approximative, mais la saisie des objets nécessite aussi de trouver le bon angle, obligeant parfois à s'y prendre à plusieurs reprises. Lorsque l'urgence est de mise, ceci peut être particulièrement handicapant, surtout qu'une fois saisi, il n'est pas toujours aisé de rapidement relâcher l'objet si besoin.
Au niveau des griefs, nous citerons aussi ces situations où Six ne suit pas alors qu'elle devrait, puisqu'elle est nécessaire pour franchir un obstacle. Parfois, elle réapparaîtra soudainement sans raison sur le lieu concerné, mais d'autres fois, il n'y a rien à faire, même en la tirant par la main, elle ne bouge pas. Ce n'est pas arrivé de nombreuses fois, mais il a alors fallu relancer la partie pour débloquer la situation. À côté de cela, l'ambiance lugubre à souhait est magistralement rehaussée par la bande-son de Tobias Lilja, compositeur et directeur audio, qui sait à la fois se faire discrète, laissant la place, par exemple, aux bruits des mouches virevoltant au-dessus d'éléments en décomposition, et être malaisante dans les moments les plus propices à cela. L'usage d'un casque est d'ailleurs fortement conseillé, tout particulièrement pour résoudre un puzzle reposant sur le son. Épurée et intimiste, la musique est ainsi toujours en adéquation avec la situation et s'avère même parfois plutôt douce et envoûtante. Rappelons que le titre est en revanche toujours dénué de paroles et se contente de quelques onomatopées. À la fois créatif et inventif, Little Nightmares II est avant tout poétique.
Chapi Chapo
Revêtant parfois l'aspect d'un jeu de plateforme où l'adresse est essentielle, le jeu repose également sur de l'infiltration et de la réflexion, mais il introduit aussi dans ce nouvel épisode un peu de combat. La différence d'échelle de nos héros avec le reste du monde les pousse en général plutôt à se cacher ou à prendre la fuite. Cependant, la présence d'ennemis à sa taille (écoliers, mains mécaniques, ...) et d'armes de corps-à-corps dont il peut se saisir (bâtons, masses, haches, ...) permet à Mono de faire face de manière plus frontale. Ce n'est pas très poussé en termes d'affrontements, c'est avant tout une question de timing, les armes sont lourdes et se manipulent donc lentement, mais cela apporte un petit plus dont nous n'allons pas nous plaindre. Et cette inertie dans leur manipulation renforce le sentiment de faiblesse enfantine.
Ce qui ne change pas, par contre, c'est que vous aller mourir à plusieurs reprises, le titre prenant parfois la forme d'un die and retry. Mais ne vous inquiétez pas, les points de passage sont fréquents et cela facilite grandement les choses, d'autant que la difficulté réside plus dans la méthode à trouver pour franchir un passage ou pour échapper à un ennemi que dans la réalisation de l'acte lui-même, problèmes de maniabilité mis à part. En cas de décès, on réapparaît donc au point sauvegardé et on peut retenter sa chance une fois que l'on se sera relevé, tout en douceur. Le jeu est en effet parsemé de lenteurs, non seulement dans les phases d'infiltration où l'on prendra soin de se baisser et d'avancer lentement, mais aussi dans les scènes scriptées où le temps semble souvent évoluer au ralenti. C'est par exemple le cas dans le couloir menant Mono vers cette mystérieuse porte où même le son est sourd et atténué, comme si nous évoluions sous l'eau.
L'autre petite différence non négligeable avec le premier opus est la présence de Six à nos côtés. Cela reste toutefois un personnage contrôlé par l'IA. Le duo n'apporte pas grand chose de plus en termes de gameplay, mais joue surtout sur le sentiment de ne plus être seul au monde et de chercher à tout pris à prendre soin l'un de l'autre. Si Six donne parfois des indications ou montre le chemin à suivre, elle aide aussi Mono à franchir certains obstacles en lui faisant la courte échelle. Elle s'avère également utile, bien qu'anecdotique, lorsqu'il s'agit d'ouvrir une trappe coincée, de pousser une lourde porte ou une fenêtre, de traîner une caisse un peu trop lourde, ou encore de déplacer une énorme benne à ordure. Mono serait également bien incapable de franchir de grands espaces si Six ne se trouvait pas de l'autre côté pour le rattraper par la main et le hisser ensuite à ses côtés. Les deux camarades se séparent en effet à plusieurs reprises, généralement suite à une courte-échelle laissant Mono seul de son côté jusqu'à ce qu'il puisse déverrouiller le passage leur permettant de se rejoindre, mais aussi lorsqu'il faut aller porter secours à Six.
Mono est aussi capable de jeter des objets, un bon moyen de déclencher des pièges avant de passer par exemple, mais aussi de casser des portes ou des planches à l'aide d'un outil tel qu'une hache, sans parler de grimper ou se balancer accroché à quelque chose, ou encore de prendre Six par la main pour l'entraîner avec lui ou l'appeler pour qu'elle vienne. Vous aurez également droit à quelques courses-poursuites bien sympathiques et à divers éléments de gameplay qui se renouvellent sans cesse, comme utiliser la torche pour figer les mannequins mécaniques dans la lumière, se méfier des oiseaux qui s'envolent sur votre passage et alertent ainsi votre ennemi, utiliser les TV comme sas pour passer d'un point à un autre, etc. Les idées sont nombreuses et toujours bien mises en application. Vous pouvez aussi vous livrer à des activités annexes telles que jouer dans la cour de l'école ou faire de la musique en courant sur un piano, activités auxquelles Six prendra souvent part aussi. Enfin, mis à part le cinquième chapitre réservé au dénouement de l'histoire, des collectibles peuvent être recherchés et feront appel à votre sens de l'observation tant ils peuvent être parfois bien dissimulés, tout en encourageant l'exploration. Il s'agit de 8 chapeaux pour Mono et de 18 dépouilles corrompues, des sortes de vibrations fantomatiques d'enfants perdus à libérer. Ce dernier élément est un bon moyen d'inciter à la rejouabilité du titre dont la durée de vie, bien qu'accrue par rapport au premier épisode, reste assez courte puisqu'il ne vous faudra qu'environ 6 heures pour boucler le jeu.
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