Ys en est déjà à son neuvième épisode principal et la licence, encore trop méconnue du grand public, semble avoir pris un nouvel envol avec Ys VIII Lacrimosa of Dana. Conjuguant combats frénétiques et exploration exaltante, Falcom a tout simplement tapé dans le mille avec cette formule. Le fait que Ys IX reprenne le squelette du grand-frère n'étonnera donc personne. Cependant, le studio japonais a encore réussi à monter la qualité globale d'un cran, on vous explique tout de suite comment.
- Genre : A-RPG
- Date de sortie : 05/02/2021
- Plateforme : PS4
- Développeur : Falcom
- Éditeur : NIS America
- Prix : 59,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PS4
Bravo Christin
Comme tous les épisodes canoniques de la série ou presque Ys IX met en scène les déboires d'Adol Christin, l'aventurier rompu au combat et toujours accompagné par son frère d'arme, Dogi. Ensemble, ils ont vogué sur les mers du monde de Ys et ont fait naufrage bien des fois sur des îles drapées de mystères. De retour sur la terre ferme pour ce neuvième épisode, Adol est envoyé directement dans la prison de Balduq, dans une province qui semble tiraillée entre les soldats de l'empire de Romun et les Chevaliers de la Croix Étoilée, la force spéciale du royaume de Gllia. En tentant de s'échapper, notre héros à la chevelure de feu va se prendre une bastos mystique par une jeune femme vêtue de noir, pour une malédiction qu'il n'est pas prêt d'oublier. A son réveil, Adol est devenu ce qu'on appelle un Monstrum, un guerrier surpuissant au don super-héroïque capable de se hisser sur le toit d'immeubles et de s'approcher de ses ennemis en un clin d'oeil grâce à une main démoniaque de longue portée. Après s'être évadé de prison, le maudit croise alors la route du reste de la bande des Monstrum, au nombre de 5, et dont l'identité secrète va être au cœur des premiers arcs scénaristiques du jeu.
Un postulat de départ qui a le mérite de sortir un peu des sentiers battus, avec la ville géante de Balduq et les nombreux mystères qui l'entourent, l'univers de Ys IX convainc très vite, il n'y a finalement que le manque de modèles de PNJ différents et la réalisation sommaire propre aux productions Falcom qui sortent du trip. La structure du titre est en quelque sorte calée sur celle du VIII, entre la base qui évoluera au gré de vos rencontres, les phases "tower defense" imposées par la malédiction et même la double temporalité sur laquelle nous ne dirons rien de peur de spoiler les deux jeux d'un coup. Fort heureusement, l'ambiance radicalement différente de celle des dernières aventures insulaires d'Adol aide à amortir la redondance finalement très "cadrée" de la trame principale : la découverte des personnages et de leur pouvoir tient en haleine, tandis que la fameuse prison ne révélera ses secrets qu'au dernier moment. Dans l'intervalle, Adol va se constituer une nouvelle bande de potes, rassemblée sous l'enseigne du Dent-du-Lion, l'auberge qui sera la place forte de votre épopée en Gllia.
Monstrum & cie
C'est bien joli ces histoires, mais n'oublions pas que nous sommes face à un A-RPG japonais sous sa forme la plus pure, il va donc aussi (et surtout) s'agir de trancher tout ce qui bouge, avec style, frénésie et coups spéciaux qui arrachent l'écran en deux. Si vous ne connaissez pas encore le principe de base des Ys récents, sachez que vous devrez régulièrement alterner entre 3 personnages afin de porter des assauts bien plus efficaces sur les forces ennemies, en fonction de leur type : tranchant, contondant ou tir. Cela va vous forcer à constamment changer de Monstrum tout en diminuant la jauge de rupture assommant l'opposant une fois cette dernière vidée. Vous vous en doutez, chaque personnage dispose de son propre set d'attaques spéciales et d'une compétence ultime à déclencher au bon moment. Les affrontements sont toujours aussi rythmés, bien aidés par la bande-son qui tabasse en toute occasion. La plupart des excellentes idées de Ys VIII ont fait leur petit bout de chemin, phases de tower defense comprises, même si on va éviter de s'étaler sur le sujet : on préfère vous laisser la surprise de voir dans quelles circonstances elles interviennent.
Là où Ys IX pousse le bouchon un peu plus loin que son grand-frère, c'est dans l'utilisation des "fameux" dons de notre groupe de héros, qui va transfigurer l'exploration habituelle des jeux Ys. Finis les simples double sauts et les gants spéciaux pour escalader. Dans ce nouvel épisode, Adol récupérera tous les dons de ses collègues, ce qui signifie qu'il pourra tout simplement planer, escalader toutes sortes de parois, ou encore passer en vision "troisième oeil" pour nettoyer plus aisément les zones. Ces dernières sont bardées de secrets, mais toujours avec des récompenses adaptées à la difficulté d'obtention. Le level design plus "vertical" pousse plus que jamais à mener la quête du 100%, accessible à tous et particulièrement agréable à compléter pour toutes les raisons citées au-dessus. Chaque objet sert, les ressources sont nombreuses, mais les raisons de les dépenser aussi : de l'amélioration de vos armes au renforcement de vos défenses au cours de la Nuit Grimwald, en passant par la cuisine particulièrement pratique : Ys IX est un titre d'une grande générosité, mettant toujours en avant le plaisir de jeu. Il n'y a finalement que les quelques accrocs avec le ciblage, la caméra et certaines phases de grimpette pas très claires qui brisent le rythme de cet épisode mené tambour battant. Sur une épopée de 50 heures de plaisir, c'est vraiment peu cher payé.
Falcom l'oiseau
Il suffit de jeter un œil aux quelques images et au trailer qui illustrent ce test : Ys IX est bien loin d'être le plus beau pour aller danser et s'il lui arrive d'afficher quelques décors aux ambitions artistiques bien senties, il reste tout de même difficile d'avaler ses textures d'un autre âge, son clipping brutal, alors qu'il se permet en plus de ramer dans les quartiers les plus vastes de Balduq. Bien heureusement, ces écueils sont vite oubliés lorsque vient le temps de la baston, puisque toutes les phases d'action tiennent bien leurs 60 images par seconde en donjon et surtout, c'est toujours un véritable bazar à l'écran une fois que les techniques spéciales s'enchainent. Un bazar certes, mais qui parvient à rester lisible, grâce à des effets qui n'en font pas non plus des tonnes et des attaques ultimes qui ne durent pas trois plombes, ce qui casserait surement le rythme de ses bagarres. Et en parlant de rythme, difficile de ne pas tirer notre chapeau en écoutant l'excellente bande-son du jeu : elle participe grandement au dynamisme ambiant et pousse à enchainer larvas et autres streums de la manière la plus stylée possible. Pour la faire courte, vous seriez bien mal avisé de vous fier à son allure, Ys IX ne paie pas de mine, mais sous le vernis se cache un monstre.