Test Remothered - Broken Porcelain sur PC, PS4, Xbox One, Switch

Annoncé au départ pour le 25 août 2020 lors du Future Game Show, Remothered - Broken Porcelain aura finalement accusé un peu de retard, ce qui n'a en soi rien d'étonnant vues les conditions actuelles. Chris Darril reprend donc son survival horror psychologique Remothered - Tormented Fathers (2018) au sein du studio Darril Arts que l'on retrouve en collaboration avec Stormind Games au développement et Modus Games pour l'édition. Ce deuxième épisode de la licence italienne, précédemment connu sous le titre Remothered - Going Porcelain et qui se déroule principalement au sein de l'auberge Ashmann, se propose de faire office à la fois de prequel et de séquelle aux aventures de Rosemary Reed toujours à la recherche de Celeste Felton. Un bien beau projet dont nous allons tout de suite analyser la mise en application.

• Genre : survival horror psychologique
• Date de sortie : 13 octobre 2020
• Plateforme : PC, PS4, Xbox One, Switch
• Développeur : Stormind Games
• Éditeur : Modus Games
• Prix : 29,99€ sur PC, PS4 et Xbox One, 34,99€ sur Switch, disponible sur Amazon
• Testé sur : PC

Sale teigne

Avant même de commencer cette nouvelle aventure, Remothered - Broken Porcelain nous propose de visionner le résumé de l'épisode précédent en vidéo, 100% spoiler garanti bien évidemment. C'est là l'occasion de nous remémorer les événements survenus chez l'ancien notaire Richard Felton où Rosemary Reed était venue enquêter sur la disparition de sa fille adoptive Celeste. Celle-ci n'ayant réussi qu'à mettre en lumière une sordide histoire de famille sur fond d'expérience d'un médicament du nom de Phenoxyl censé soigner le stress post-traumatique, nous étions resté dans l'expectative de savoir ce qu'il était finalement advenu de Celeste dont la seule chose que l'on ait appris était qu'elle était toujours en vie.

Cette fois-ci, l'histoire prend place dans l'auberge Ashmann, anciennement RossoGallo, où nous retrouvons une jeune fille dénommée Jennifer, comme Richard Felton à sa naissance. Et c'est une vieille femme qui nous conte cette histoire qui nous ramène en 1973 juste avant la grande réouverture de l'auberge prévue pour le printemps. Jennifer est une jeune fille quelque peu marginale qui vient de l'institut pour jeunes filles Flemmington et qui travaille désormais pour le compte de Stefano Ashmann dont les parents sont morts après être devenus aveugles, tout comme les nonnes incendiées qui avaient été infectées par des papillons parasites.

Très vite on apprend que sa jeune sœur Gloria, qui faisait soit-disant partie des victimes de l'incendie du couvent, avait été envoyée là-bas pour échapper à son frère qui avait tendance à vouloir abuser d'elle. Il semblerait aussi que de nombreuses jeunes filles aient récemment disparu, comme en témoignent les avis de recherche sur les briques de lait. On découvre également le lien d'amitié, pour ne pas dire d'amour, qui s'est progressivement construit entre Jennifer (Jenn) et Lindsay (Linn), une jeune femme de chambre qui l'encourage à fuir les lieux, surtout après qu'elle ait été prise en chasse par Andrea, la gouvernante, qui se retrouve hypnotisée et entourée de papillons nocturnes.

Toute la question pour Jenn, une fois les choses rentrées dans l'ordre, sera de savoir s'il s'agissait là d'un mauvais rêve ou de la réalité. Faut-il vraiment, comme le lui conseille Linn, ne faire confiance à personne ? Et quelle est cette créature surnommée Porcelain et qui se déplace avec une canne en forme de colonne vertébrale ? Serait-ce le Professeur Wyman censé s'être suicidé ? Voilà bien des questions sur lesquelles il faudra lever le voile. En parallèle, on retrouve également Rosemary Reed, quelques années plus tard, au chevet d'un Stefano Ashmann alité et en bien mauvais état, le visage arraché et un avant-bras coupé. Reed s'intéresse au parallèle qu'elle a fait entre Celeste Felton, 13 ans, disparue en 1971, et Jennifer, 15 ans en 1973, sans nom et de parents inconnus. Se pourrait-il qu'il s'agisse de la même personne ?

Porcelaine, je te limoge

Tout le propos de Remothered - Broken Porcelain, s'articule autour de ce concept de va-et-vient entre le présent (1973 donc), le passé (l'arrivée de Jenn à l'auberge et sa rencontre avec Linn) et le futur (Reed auprès de Ashmann et plus tard encore la vieille dame qui raconte son histoire). Cela permet de revenir sur les événements du premier épisode, d'enrichir leur compréhension et de compléter notre connaissance des faits, tout en apportant une conclusion à cette histoire. De ce côté là, il n'y a rien à redire, le titre apporte un plus indéniable à la série et s'avère plutôt intéressant à suivre. Le problème est que, très rapidement, il n'y a bien plus que cela qui nous retient. Or, n'oublions pas qu'il s'agit avant tout d'un jeu vidéo et que sur cet aspect-là il y a beaucoup à redire.

Les graphismes pour commencer, s'avèrent assez inégaux. Si certaines images et certains plans s'avèrent plutôt séduisants, d'autres en revanche le sont beaucoup moins. Mais c'est surtout au niveau des animations que le jeu montre ses limites. En effet, celles-ci s'avèrent hachées, les mouvements des personnages ne sont pas très naturels et la synchronisation labiale est aux abonnés absents. Le titre est pourtant disponible uniquement en VO avec les sous-titres en français. De plus, la réalisation manque souvent elle aussi de soins. Non seulement la caméra ne se place pas toujours à un endroit judicieux mais en plus certaines phases d'action se trouvent interrompues par des mouvements de caméra brutaux destinés à nous montrer des points d'intérêt avant de revenir tout aussi vite sur notre personnage. De même, les cinématiques peuvent elles aussi se déclencher tout aussi subitement, ce qui n'aide pas vraiment à l’immersion.

De plus, on ne sait pas toujours très bien où aller, faute de disposer d'un plan de l'auberge, ou quoi faire, faute d'explications claires. Un des objectifs qui apparaît dès le départ est par exemple de débloquer le téléphone du salon. Et bien celui-ci nous aura suivi jusqu'au générique final sans jamais avoir été validé. Le titre est en effet empreint de très nombreux bugs. On peut citer par exemple la disparition brutale de personnages, des ennemis qui soudainement se désintéressent totalement de nous, une lampe éteinte que l'on voit, sans aucune raison, s'allumer dans la glace lorsque l'on s'en éloigne, ou encore notre personnage qui reste figé après une sauvegarde, nous obligeant à quitter puis à relancer la partie pour le débloquer. On pourrait aussi parler des sous-titres qui sont parfois absents ou en anglais. Depuis la sortie du jeu, les développeurs ne chôment pas puisque chaque nouvelle journée a droit à son patch, mais le mal est profond.

Il reste les affrontements que l'on doit réaliser au cours du jeu, mais là aussi le bât blesse. Comme le reste des animations, ceux-ci sont hachés, mal animés et avec des plans de caméra parfois bien handicapants. De plus, ils ressortent comme assez mous et fortement rageants lorsque notre personnage se retrouve bêtement coincé par une chaise, une table ou simplement par l'ennemi qui l'a acculé dans un coin. Il ne reste plus alors qu'à attendre de mourir. Autant dire que cette expérience n'est pas des plus agréable. Le seul point positif est l'ambiance sonore du titre qui fait très bien son office et s'inscrit parfaitement dans le thème. Mention spéciale au sifflement angoissant.

Cours Jennifer, Cours !

Pour ce qui est du gameplay, on se retrouve ici essentiellement face à un jeu de survie où la discrétion est notre amie. Nous ne sommes pas vraiment en mesure, généralement, de lutter face à nos adversaires et mieux vaut les éviter. C'est la raison pour laquelle on prend souvent la fuite lorsque l'on se fait repérer. Il s'agit de semer le traqueur lancé à nos trousses et de se cacher (malles, placards, douche) en attendant qu'il s'éloigne. Pour éviter de perdre du temps, on peut enfoncer les portes en courant. À l'inverse, pour ralentir nos adversaires, il est possible de bloquer momentanément les portes avec de la corde ou des câbles que l'on trouve un peu partout. Le titre nous encourage en effet à fouiller tous les recoins à la recherche de divers éléments.

Non seulement on peut trouver des choses disséminées un peu partout, mais il ne faut non plus hésiter à ouvrir les tiroirs et les placards pour voir ce qui se cache à l'intérieur. Le problème est que l'on ne voit pas toujours très bien de quoi il s'agit et que l'on est limité dans ce que l'on transporte. On ne peut en effet avoir qu'un seul objet de défense sur nous et 3 objets de diversion. Dès lors, en ramassant un de plus, on en pose un autre. Et comme on a quelques fois un peu de mal à savoir de quoi il s'agit exactement et que la sélection n'est pas toujours aisée, surtout lorsqu'il y a plusieurs objets, c'est quelque chose d'assez pénible à faire. Les objets de défense (couteaux, ciseaux, coupe papier...) servent, comme leur nom l'indique, à se défendre lorsque l'on se fait attraper (via un mini-jeu), mais aussi à réaliser des attaques surprises en arrivant discrètement par derrière. Les objets de diversion, eux, servent à faire du bruit pour attirer les ennemis (radios, boites à musique), à bloquer les portes (câbles, cordes) ou à étourdir les adversaires de loin (briques, bouteilles, tasses...).

On peut aussi ramasser des ingrédients que l'on peut ensuite combiner avec les objets de défense ou de diversion pour leur appliquer des effets supplémentaires. Il y a également des boules à neige plus ou moins bien cachées à collectionner en lançant des objets dessus pour les casser, et des clés papillons à accumuler afin de pouvoir améliorer nos compétences (blocage de portes, sprint, bruit, récupération de santé, chance...). Malheureusement, celles-ci ne peuvent l'être qu'à certains endroits et arrivent un peu tard. Enfin, citons le pouvoir spécial "œil de papillon" qui permet de quitter son corps pendant un court laps de temps afin d'aller interagir à distance avec quelqu'un ou quelque chose, seul moyen parfois de s'en sortir. On notera toutefois ici un contrôle ardu du déplacement dans cette situation du fait de ne pouvoir qu'avancer, sans pouvoir reculer ni tourner autrement qu'en changeant sa vue de direction.

Pour terminer, nous nous arrêterons sur l'aspect puzzle du titre. L'idée est de trouver comment s'en sortir, comme par exemple ouvrir un coffre. Le souci est que cela s'avère parfois difficile à comprendre mais surtout aussi dénué de toute logique. On peut citer ici la nécessité de consulter un avis de recherche précis pour qu'un cadre situé à l'autre bout de la pièce chute, nous permettant alors de le ramasser et lancer ainsi la scène suivante. Il faut également, à un moment donné, accéder à un juke box grâce à l’œil de papillon mais il faut commencer à y aller avant même que le dialogue nous demandant de le faire ait eu lieu, sans quoi on n'a pas le temps de l'atteindre, impossible donc d'y arriver du premier coup. De même, comment expliquer ce passage où Porcelain nous poursuit mais est incapable de nous tuer puisque nous sommes armé d'un pistolet nous permettant de nous en défaire sans que l'on puisse nous non plus l'éliminer. La solution réside alors à aller à un endroit précis pour se faire attraper par Porcelain et enclencher ainsi la suite du scénario. On peut donc tourner longtemps en rond inutilement. Ainsi, même si l'on peut boucler le titre en moins de 5 heures, il vous en faudra plutôt 8, voire 10, suivant la fréquence de votre recours aux soluces ou à votre entêtement à trouver la clé de sortie. Cette courte durée de vie a au moins l'avantage d'écourter notre difficulté à persévérer et de pouvoir connaître la fin de l'histoire avant de baisser les bras.

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