S'il y a bien quelque chose d'évident ces dernières années, c'est que Frontier Development, les développeurs de Planet Zoo, sont des gros travailleurs. Avec au moins un jeu sorti par année lors de la dernière décennie, il y a de quoi se demander si le gros studio britannique (de 400 employés !) trouve le temps de respirer et de penser à son bien-être entre deux sorties. Pourtant, avec leur nouveau titre, le bonheur des êtres vivants semble être quelques choses qui leur tient à cœur. Planet Zoo sort aujourd'hui sur PC, l'occasion pour nous de faire le tour de ce jeu de gestion qui met au centre l'importance du bonheur animal dans des réserves naturelles.
- Genre : Gestion, Création
- Date de sortie : 5 novembre 2019
- Plateforme : PC
- Développeur : Frontier Development
- Éditeur : Frontier Development
- Prix : 44,99€
- Testé sur : PC
Orang-Wutan Clan
Pour rappel, Frontier a de la bouteille en matière de gestion de parc zoologique, que ce soit avec RollerCoaster Tycoon, Zoo Tycoon ou même, plus récemment, Jurassic World Evolution. On sent une certaine passion pour nos amies les bêtes dans toute leur ludo-graphie, et c'est au travers de Planet Zoo qu'ils décident de livrer une ultime lettre d'amour avec un message simple : souciez-vous des animaux. Car ce dernier est un jeu de gestion de la faune avant d'être un jeu de gestion de parc, votre rôle sera avant tout d'accueillir, loger et nourrir plusieurs dizaines d'animaux différents, de tailles et de provenances diverses, souvent protégés et parfois en voie d'extinction. L'Homme a saccagé le cours normal des choses, certains animaux sont déboussolés dans leur environnement, il faut les réhabiliter, les rendre plus aptes à se débrouiller seuls dehors, une forme de rédemption, assumer les bêtises des uns et réparer la faute. Pour cela, la manière est assez simple, elle peut même être très vite routinière.
L'accueil d'un nouveau résident dans votre parc se fera toujours de la même manière : il faudra lui préparer un enclos d'une taille respectable (en fonction de l'animal) avec une petite cabane de soigneur à proximité pour donner tous les outils nécessaires à ces derniers et une petite façade vitrée, afin que les visiteurs de votre parc puissent le voir. Une fois dans votre enclos, vous observez son bilan moral et santé pour savoir ce qui ne va pas. Peut-être qu'il a trop chaud ou trop froid, peut-être qu'il aime bien marcher sur de l'herbe fraîchement coupée, mais qu'il apprécie aussi d'avoir un peu de zone rocheuse sous ses pieds. Il a aussi besoin d'évoluer dans un espace familier, avec notamment de la végétation liée à son lieu de naissance. Pensez à lui mettre un abri où il pourra dormir et se réfugier et vous avez une base simple d'un enclos pour votre parc. C'est la principale mécanique de Planet Zoo, bien au-delà de la gestion et création du parc, vous devrez avant tout veillez au bien-être de ses résidents.
Et ce, pour deux raisons : la première, c'est qu'un animal triste ou en mauvaise santé ne vous donnera pas accès à la monnaie d'éthique, qui vous permettra d'adopter d'autres animaux (autrement qu'avec de l'argent). La deuxième raison, qui est un peu plus cynique, c'est que vos visiteurs n'apprécieront pas de le voir dans cet état, et donc ne vous donneront pas d'argent, vous empêchant alors d'injecter toujours plus de fonds dans vos améliorations. C'est un constat plutôt froid que propose Planet Zoo, bien au-delà de ses mignonnes animations, de sa musique festive et de sa direction artistique presque candide, le capitalisme brut est un point important dans votre gestion de parc. Une sorte d'échange équivalent, où vous allez devoir soutirer le plus d'argent aux visiteurs pour pouvoir être plus à l'aise dans votre gestion, avoir un personnel médical et technique adéquat et plus de soigneurs pour nettoyer les enclos et nourrir les bêtes, proposer des enclos plus sophistiqués, etc. On vous arrête tout de suite, ici, pas de combines diaboliques consistant à renverser la salière sur vos frites pour vendre plus de boissons sucrées, mais simplement un marketing agressif à base de boutiques et de boîtes de dons dans tous les sens pour récupérer le moindre kopeck. Si Planet Zoo est plein de bonnes ondes, il tient tout de même à proposer un constat réaliste, prendre soin d'un animal qui est en danger dehors consiste à l'enfermer dans un parc et faire du profit grâce à sa bonne bouille ou son exotisme, pour pouvoir mieux en prendre soin.
Qu'est-ce que je vais faire, de tout cet o-zoo-eille
Alors attention, les développeurs sont tout sauf des défenseurs des zoos étroits ou des cirques animaliers, leur message est clair et se confirme au fur et à mesure qu'on joue. Que ce soit au travers des différents panneaux éducatifs que vous pouvez placer dans votre parc pour parler de l'extinction des abeilles ou du réchauffement climatique (et ainsi faire monter la juge d'éducation de votre parc, et donc sa note globale), ou même simplement dans l'action de relâcher un animal dans la nature une fois qu'il est prêt, tout sent bon le militantisme pour la cause animale et l'écologie, et c'est important. D'ailleurs, au cours du mode Carrière, vous allez côtoyer deux types de gestionnaire, le premier avec Bernie, ce vieil homme dodu et moustachu qui s'occupe de réinsérer des animaux au travers des parcs depuis plusieurs décennies maintenant, avec sa femme Nancy.
Ces derniers vous apprendront toutes les bases pour gérer et bâtir comme il faut votre parc. Puis, par la force du scénario, vous vous retrouverez à devoir travailler pour une raclure qui met ses bénéfices avant les animaux. Dans ce cas-là, vous serez plus dans la gestion de crise, avec des animaux malades dans des enclos souvent mal faits, pas assez grands, crades, étroits ou simplement à l'environnement mal adapté à l'animal. Vous aurez alors des objectifs un peu plus pointus, comme nettoyer entièrement les eaux du parc, installer un nouvel enclos avec de nouvelles bêtes (souvent avec peu de place) ou même faire en sorte que des manifestants contre votre parc s'en aillent. Sachant qu'ils ne le feront si vous vous occupez correctement des animaux.
Après les animaux, il y a quand même un focus particulier sur le parc en lui-même, avec la construction de ce dernier, toujours très complète, reprenant les bases solides de Planet Coaster, bien qu'un poil compliquée, avec quelques outils de création assez désagréables, ils vous permettent tout de même de satisfaire toutes vos lubies, tant que vous êtes patient et méticuleux (et si vous êtes nul pour ça, le workshop est déjà rempli de plus de 3000 constructions à l'heure où ces lignes sont écrites). Derrière ça, il y aura, évidemment, la gestion du prix des billets et des différents produits vendus, du personnel, et même de votre communication, pour ramener toujours plus de visiteur et essayer de trouver la juste formule pour vos prix. Si les derniers jeux de Frontier vous avez frustré de ce côté-là, Planet Zoo réussit à mélanger avec habileté la gestion et la construction, en proposant dans les deux cas des mécaniques assez profondes qui devraient plonger les fans du genre dans des longues et intenses sessions de jeux.
Ils pourront tout de même pester contre une interface un peu trop chargée et un pathfinding plutôt capricieux (surtout en cas d'urgence, lorsqu'un animal est malade), mais rien qui entache trop le tableau. On regrettera cependant le manque de fantaisie dans les modes de jeux. Comme dit plus haut, il y a un mode carrière proposant douze scénarios différents, et bien sûr, un mode bac à sable qui saura engloutir votre temps libre si vous souhaitez faire la plus belle réserve sans contrainte. À côté de ça, vous pouvez compter sur un mode franchise, qui vous permet de créer des zoos connectés (dont l'échange d'animaux possible entre joueurs fait un peu tiquer) ou même le mode défi, de quoi pimenter un peu plus vos parties en imposant des objectifs (qui reprennent un peu ceux de la carrière).
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