Comme il convient de le faire en présence d'une remasterisation, nous allons retourner brièvement aux sources de MediEvil.
Le jeu est né de la rencontre de Chris Sorrell et Jason Wilson au sein du studio britannique Millenium Interactive (devenu SCE Cambridge Studio puis Guerilla Cambridge, fermé en 2017). Le premier de ces gentlemen souhaitait réaliser un jeu dans le genre de Ghosts'n Goblins, mais en 3D. Il voulait l'enrober d'un design rappelant celui de L'étrange Noël de Monsieur Jack du génial Tim Burton. Le deuxième gentleman a alors créé les personnages et les décors. Il a aussi ajouté un petit côté RPG au jeu en l'éloignant du style arcade prévu au départ. Alors que MediEvil était initialement développé pour PC, Saturn et Playstation, Sony a décidé de racheter le studio et de faire du jeu une exclusivité. MediEvil est sorti en octobre 1998 et a marqué les joueurs par ses graphismes et son humour noir.
Sony a confié la remasterisation du jeu au studio Other Ocean Interactive avec l'intention de le sortir pour Halloween 2019. Sir Daniel Fortesque fait en effet aujourd'hui partie des personnages emblématiques de la première Playstation, et après Crash Bandicoot et Spyro, il semblait plutôt normal qu'il ait lui aussi le droit à un rajeunissement. Voici notre avis sur MediEvil PS4.
- Genre : Action, Aventure, Nostalgie
- Date de sortie : 25 octobre 2019
- Plateforme : PS4
- Développeur : Other Ocean Interactive
- Éditeur : Sony
- Prix : 24,99€ disponible sur Amazon
L'étrange résurrection de Sir Daniel
Sir Daniel Fortesque est un héros. C'est lui qui, 100 ans auparavant, a défait Zarok le sorcier et son armée de morts-vivants avant de succomber suite à ses blessures. En tant que champion du Roi Peregrin, souverain de Gallowmere, il eut droit à des obsèques grandioses et fut enterré dans un caveau digne d'un roi. Aujourd'hui encore, on raconte sa légende au coin de l'âtre. Sauf que la vérité est toute autre. Alors que les armées de Zarok tentaient de conquérir le royaume, Sir Daniel fut tué par la première flèche ennemie décochée durant la première bataille. Peu reluisante, cette mort fut cachée par le Roi Peregrin afin de préserver la réputation de son champion. Le pire étant que si l'armée de Zarok a bien été défaite, ce dernier ne fut pas tué et partit se cacher, attendant son heure.
Un siècle plus tard, revoilà donc Zarok, bien décidé à se venger, lançant un sortilège sur Gallowmere, répandant une nuit éternelle sur le royaume, volant l'âme des vivants et réveillant les morts. Il réveille ainsi Sir Daniel, ou plutôt ce qu'il en reste : un squelette auquel il manque un œil et la mâchoire inférieure. Apprenant le retour du sorcier, le chevalier décide de reprendre les armes et de débarrasser le royaume du vilain une fois pour toute pour enfin accéder au Hall des Héros.
La caméra hors du temps
Nous prenons la main alors que Sir Daniel Fortesque se relève dans son caveau. Ce premier (mini) niveau sert de tutoriel : comment se déplacer, sauter, ouvrir un coffre, switcher entre deux armes, etc. Et dès le début, on sent qu'on n'est plus en 1998. Les déplacements du héros ne sont pas précis et la caméra n'arrange rien. Si on ne touche pas au joystick droit, celle-ci se déplace toute seule en suivant plus ou moins Daniel, mais peut mener à des incongruités, comme le héros caché derrière un mur (pas génial quand il faut se défendre face à des ennemis) ou comme des difficultés à se positionner correctement pour actionner un mécanisme. Et si l'on décide de modifier la vue, la caméra fait alors preuve d'une lenteur d'un autre âge. Un âge où les calculs de textures durant un mouvement de caméra devaient tellement coûter au processeur et à la mémoire des consoles que la vue accélérait et décélérait selon ce qu'il y avait à afficher.
L'Âge des premiers vrais jeux en 3D sur console. L'Âge auquel est sorti MediEvil en fait. C'est cela : aucun travail d'amélioration n'a été effectué sur les mouvements de caméra. Ou alors, ce travail ne se ressent absolument pas. Le seul compromis de confort que nous avons trouvé, c'est de ne jamais changer l'angle de vue lors des déplacements de Daniel sauf si cela est nécessaire, stopper le héros puis replacer la caméra dans l'angle voulu ; une gymnastique que l'on fait vite sans s'en rendre compte. À noter que la touche R1 permet d'avoir une vue "à l'épaule", plutôt anecdotique.
Gothico ergo sum
On remarque ensuite le travail effectué sur les graphismes. Et il faut reconnaître que là, le job est fait, et bien fait. Au-delà de la finesse des polygones et de la précision des détails, c'est surtout le travail sur la lumière et la profondeur de champ qui est bluffant. Il n'y a qu'à surfer sur le net et revoir des images de la version d'origine pour constater l'avancée des techniques. Tout est plus clair, mieux défini et pourtant, sans y perdre au niveau de l'ambiance gothique. Ambiance parfaitement sublimée par la bande-son superbe. Les créateurs du jeu voulaient "du Danny Elfman" (compositeur des musiques de bon nombre d'œuvres de Tim Burton) et il faut reconnaître que ce fut réussi. "On est dedans" comme dit l'expression.
On arpente les niveaux de MediEvil, souriant aux blagues d'humour noir qui émaillent l'aventure, pestant sur la maniabilité des niveaux en 2.5D, ceux en vue de dessus éloignée qui s'apparentent à des niveaux de plateforme, cherchant à récupérer chaque calice afin de pouvoir disposer de la vraie fin du jeu. Il n'y a pas de réelles difficultés dans MediEvil si ce n'est, pardon de répéter, celles dues à la maniabilité. C'est toujours très énervant, voire rageant de perdre une vie juste parce que Dan ne se place pas au millimètre pour éviter un rocher de lave par exemple. Malgré cela, la nostalgie faisant son affaire, là où sur un autre jeu, on poserait la manette d'énervement, on continue d'avancer pour vérifier si nos souvenirs sont bons et si les sorcières proposent les mêmes missions annexes. On retrouve ses réflexes à tester quelle arme est la mieux face à tel ou tel boss. Bref, on s'amuse même s'il faut reconnaître que déjà à l'époque, MediEvil n'avait rien inventé en matière de gameplay et qu'il valait surtout pour ses graphismes, sa musique et son humour.
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