L'attente d'une suite peut être très longue, mais à la vue des éléments de la fin du second épisode, 2 ans pour la localisation de Trails of Cold Steel 3 était une éternité. Cette série de J-RPG adorée par un grand nombre d'amateurs dans le monde entier est réputée pour la qualité de son écriture. Pour son arrivée sur la Playstation 4, le studio a voulu mettre les petits plats dans les grands en proposant une localisation écrite complète en français et bien évidemment en anglais, à l'instar de ses grands frères. Étant donné le nombre de lignes de textes, cette tâche n'a clairement pas dû être une mince à faire. Voyons tout de suite ce que vaut la suite des aventures de Rean Schwarzer tout en spoilant le moins d'éléments possibles.
- Genre : J-RPG
- Date de sortie : 22 octobre 2019
- Plateforme : Playstation 4
- Développeur : Nihon Falcom
- Éditeurs : Nihon Falcom, NIS America, Nippon Ichi Software
- Prix : 59.99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : Playstation 4
Le destin d'un héros
Plusieurs années se sont déroulées depuis la fin de la guerre civile. Rean Schwarzer, fraîchement diplômé et désormais reconnu comme le héros "Chevalier cendré", devient instructeur sur le Campus n° II de l'Académie de Thors fondé par le prince Olivert. À sa grande surprise, la directrice de cette école n'est autre que la "Rakshasa étincelante". Lors de la formation des différents groupes formant les classes, Rean se voit attribuer la responsabilité de 3 élèves qui intégreront la Classe VII : Opération spéciale qui n'est autre que son ancienne promotion. Ces recrues se composent de Juna, ancienne de l'école de Police de Crossbell, Kurt, de l'école d'Arts Martiaux de Vander et d'Altina, ancienne ennemie de Rean durant la guerre civile.
Ces différents éléments, plutôt fortes têtes, ont des caractères sensiblement identiques à ceux de l'ancienne Classe VII et dans ce sens, le nouveau professeur désigné leur fait passer un test d'entrée afin de prouver leur valeur et de rassurer ses élèves quant à ses capacités. Le Chevalier cendré se rendra bien vite compte que son rôle ne consistera pas seulement à former les nouveaux venus et que le Campus n°II ne rassemble pas des éléments aussi importants pour maintenir la paix. L'ombre d'Ouroboros plane toujours sur le continent qui n'est en paix seulement en apparence, menaçant constamment le territoire de son retour et d'une menace plus grande sous fond de complots politiques toujours très présents.
Difficile d'en dire plus sur l'histoire de Trails of Cold Steel 3 sans spoiler d'avantage. Si au départ, on peut se demander si cet aspect n'est pas traité d'une façon trop simple, on se rendra vite compte du travail effectué sur les différents éléments de narration. Nihon Falcom a vraiment mis le paquet sur l'histoire pour ce troisième opus. Durant les événements des deux premiers, on avait bien sûr le droit à un univers déjà très développé avec des personnages dont on découvrait toutes les facettes et le passé tout au long de l'aventure, et ce, jusqu'au dernier moment. Mais avec cet épisode, un cap est passé, l'univers est encore plus riche qu'auparavant. En plus d'en découvrir encore plus sur les anciens protagonistes et sur les événements qui sont arrivés pendant la période se déroulant entre Trails of Cold Steel 2 et 3, beaucoup et le mot est faible, de nouveaux arrivants sont introduits qui ont eux-mêmes droit à un développement très poussés. On pense notamment à la nouvelle Classe VII qui va, comme les trailers l'ont déjà plus ou moins révélés, s'étoffer avec de nouveaux membres qui trouveront facilement leur place dans ce groupe déjà bien garni.
La narration, qui justifie également le temps qu'à pris la localisation, se fait lors de nombreux et longs dialogues, la liste de lignes de textes présente dans le jeu est réellement impressionnante. Attention, même si on aura très fréquemment droit à des explications, dans la majorité des cas, le terme "long" n'est absolument pas péjoratif, les dialogues sont bien amenés et servent toujours l'histoire en apportant la touche de révélations essentielles. Quelques mises en scènes sont cependant parfois très poussives, notamment lors de l'introduction des personnages importants avec l'affichage de leurs noms et qui sont comme figés, le temps de laisser le temps au joueur de découvrir le chara design.
Alors oui, le titre est une suite aux événements des premiers épisodes et ne pas les avoir terminé est handicapant pour la bonne compréhension du lore global. Mais heureusement, dès le menu principal, un résumé détaillé classé par jeu et personnage est disponible. Un bon point que l'on peut souligner car indispensable.
La générosité à la japonaise
Trails of Cold Steel 3 est généreux à souhait, que ce soit en terme de contenu, d'intrigue ou de gameplay. Offrant une multitude de personnages déjà bien connus, mais aussi venant d'autres licences se déroulant dans le même univers comme Trails in the Sky ; la multitude des équipes possibles de créer est tout simplement jouissive et impressionnante. Pour composer avec cette liberté, le troisième épisode propose un système de combat retravaillé en profondeur, proposant de nombreuses améliorations et nouveautés. Les combats sont en tour par tour avec un système de déplacements libres sur l'arène, en échange d'un tour d'action.
Les PC et les PE, toujours permettant de gérer les Crafts et les Arts sont encore de la partie. Il faudra composer avec les forces et faiblesses des ennemis pour leur faire atteindre un point de Rupture, que l'on peut comparer au système de plus en plus popularisé de Break de Final Fantasy XIII, laissant l'ennemi vulnérables à vos attaques et lui faisant perdre un tour d'action. À cela, se rajoutent les BP, points cruciaux permettant d'utiliser entre autres, les Ordres, composants essentiels du gameplay. Cette fonctionnalité permet d'activer des bonus pendant un certain nombre de tours octroyant des bonus d'attaque ou de défense à tous les membres de l'équipe. Ce qu'il faut également savoir, c'est que tous possèdent des Ordres différents permettant de retourner complètement l'issue d'un combat, certains en possèdent même plusieurs afin de s'adapter plus facilement aux situations.
L'ARCUS est au cœur du gameplay et de la personnalisation des protagonistes sous une forme améliorée : l'ARCUS II. Les Quartz s'obtiennent par dizaines et très fréquemment et laissent libre court au désir du joueur pour transformer ses équipes en véritable maître du sabre, en passant par un soigneur, un mage ou les rendre complétement polyvalentes. L'optimisation de ce système pour son équipe prend un temps considérable, mais le résultat est jouissif. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les Super Craft font leur grand retour. Ces derniers sont toujours aussi efficaces pour reprendre l'avantage facilement et splendides d'inventivité visuelle. Contre les ennemis les plus imposants, Valimar fait bien sûr son grand retour et il faut bien avouer que le mécha en impose. Ces affrontements d'une autre dimension sont d'autant plus plaisants que Rean pourra désormais compter sur ses compagnons pour l'aider au combat puisque tous peuvent disposer de Panzer, moins mythiques que le Chevalier Divin, mais qui s'intègrent parfaitement au paysage. Trois endroits pourront être ciblés : la tête, les bras/pattes et le reste du corps permettant de faire passer l'ennemi en Rupture et d'effectuer de puissantes Dual Attacks et à force d'accumulation de BP, d'effectuer des team attacks particulièrement efficaces et il faut le dire, toujours plus chorégraphiées. Les machines ont elles aussi droit à leur personnalisation et il sera plus qu'important d'y accorder quelques longues minutes.
Certaines armes seront plus efficaces que d'autres contre un certain type d'ennemi. En fonction du personnage utilisé, il sera possible, parfois, d'une simple pression sur un bouton de changer de type d'arme, au corps à corps ou à distance, tout dépendra de la situation à laquelle il faudra faire face. Plus un ennemi sera sensible à une arme et plus il sera aisé d'utiliser les links attacks permettant à un autre personnage sur le terrain de venir en renfort. Ces liens, interchangeables à tout moment, entre les différents protagonistes jouables peuvent être améliorés lors des jours de cours ou de repos ce qui débloquera de plus en plus d’interactions disponibles en combat, comme par exemple la défense automatique d'un allié au seuil de la mort. Pour améliorer ces liens, il sera tout naturellement nécessaire de passer du temps, de discuter et d'avoir des rendez-vous. Ce n'est évidemment pas à chaque fois une partie de plaisir de courir après tel élève ou tel ancien compagnon d'armes seulement pour obtenir ces étoiles, mais c'est un mal indispensable afin de faciliter et diversifier les affrontements.
Le rang du désormais instructeur Rean est également améliorable, partant du rang G pour aller jusqu'au plus haut, le rang S. L'utilité vient du fait que certaines récompenses rares ne s'obtiendront qu'en fonction de ce grade, mais les quêtes secondaire pour y accéder peuvent être réellement barbantes, surtout qu'il s'agit parfois d'effectuer des quêtes purement Fed Ex. Mais ce n'est pas tout ce que le contenu annexe contient puisque la pêche fait son retour et il est maintenant possible de pêcher avec d'autres personnages. Enfin, le jeu de cartes a complétement été revu et s'appelle Vantage Masters. Plus stratégique d'auparavant, l'influence du Gwent se fait ressentir sans être aussi profond et bien illustré que ce dernier. Toute cette diversité et cette richesse se payent tout de même au début du jeu par de nombreuses heures de tutoriel, parfois frustrantes bien qu'essentielles, durant lesquelles on se demande quand le vrai début d'aventure arrivera.
Le passé nous rattrape
Le studio nous avait proposé deux approches pour les aînés de Trails of Cold Steel. Le premier était totalement linéaire lorsque le second opus laissait plus de liberté dans l'exploration. Ici, nous avons affaire à un retour en arrière total, la linéarité est bel et bien de retour. Bien que le jeu date officiellement de 2017, il est frustrant de constater qu'un J-RPG avec de telles ambitions propose une structure comme celle-ci. Les chapitres eux-mêmes restent très schématiques sans aller chercher plus loin. En effet, le titre impose un temps conséquent sur le Campus n°II en assistant à différents cours, proposant des activités et montrant la façon dont la vie est régie au sein de l'école.
Suite à cela, du temps libre avec des sorties dans la ville de Leeves avec des quêtes annexes plus ou moins intéressantes ainsi que des entraînements divers sont proposés. Au sein du Campus, il est également possible d'avoir des conversations qui viendront approfondir l'histoire de chacun ainsi que la relation qu'ils entretiennent. Dans un second temps, les classes devront aller sur le terrain effectuer des missions principales ponctuées de quêtes secondaires. Ces passages sont très agréables, car ils permettent aussi de faire plus ample connaissance avec les nouveaux arrivants, mais aussi de revoir beaucoup de visages familiers. Cependant, en avançant dans l'histoire, il ne sera plus possible d'assister à des événements précédemment mis de côté.
Le passage à la nouvelle génération de console n'a malheureusement pas réussi au titre. Trails of Cold Steel 3 est propre, les textures sont nettes, tout est maîtrisé, mais il ne brille clairement pas par sa beauté. Le moteur du studio est à la ramasse et ne rend pas honneur à ce que pourrait rendre les textures avec ce que peut proposer la concurrence. Une nette amélioration est à noter depuis les épisodes précédents, la modélisation des personnages est détaillée, les visages affichent désormais des émotions visibles, mais le développement des environnements est très pauvre. Les décors sont vides et n'ont presque pas de personnalité. Du côté des animations, ici aussi, même constat. En 2019, constater une telle rigidité des déplacements et des mouvements dans la globalité nous font clairement faire un retour en arrière.