Test Asgard's Wrath sur Oculus Rift

Sorti le 10 octobre 2019 en exclusivité Oculus Rift, Asgard’s Wrath est un titre qui avait été annoncé en février 2019 par Oculus. Développé depuis 3 ans par Sanzaru Games, que l'on retrouve déjà derrière plusieurs titres VR non négligeables comme Marvel Powers United VR, Ripcoil ou encore VR Sports Challenge, ce RPG en réalité virtuelle inscrit dans la mythologie scandinave avait été présenté comme très prometteur par Facebook. Et sans rien vous cacher, il faut bien reconnaître qu'il a su tenir ses promesses, à tel point que certains vont même jusqu'à le qualifier de meilleur jeu VR de tous les temps. Alors voyons tout de suite ce qui peut amener à de telles conclusions.

• Genre : RPG
• Date de sortie : 10 octobre 2019
• Plateforme : Oculus Rift
• Développeur : Sanzaru Games
• Éditeur : Oculus Studios
• Prix : 39,99€
• Testé sur : Oculus Rift

De la Terre au Ciel et du Ciel à la Terre

Asgard's Wrath commence là où aucun humain ne peut mettre les pieds : sur le Bifrost, le pont arc-en-ciel tricolore reliant Midgard, le monde des humains, à Asgard, celui des Dieux. Ce chemin tout aussi scintillant que resplendissant nous initie aux bases du déplacement, avant que l'on franchisse le portail qui nous emmène dans la Mer des Serpents sous forme divine. Loki, Dieu de la discorde et traître notoire, s'y débat contre le Kraken avant d'être interrompu pour des affaires plus urgentes, et de nous confier son épée pour finir le travail. Après avoir survécu aux drakkars et rochers que le kraken nous envoie au visage, sans compter les poissons agressifs, et rempli la mission après avoir tranché la langue du poulpe, nous récupérons alors la pierre de folie de Rognwald que Loki convoitait et que nous devons lui amener à Asgard.

C'est à Aegir Hall, une auberge tenue par le géant des mers Aegir qui y sert sa fameuse bière et où les dieux et les déesses aiment à venir passer du bon temps, que nous le retrouvons parmi différentes créatures comme des orks, des grenouilles, des elfes ou encore des nains, dont un groupe de musique hétéroclite chargé d'assurer l'ambiance sonore. En échange de la "fool stone", Loki nous offre une rune divine et décide de nous prendre sous son aile en assurant notre formation de divinité. Mais avant de devenir un véritable Dieu, encore faut-il que nous fassions nos preuves auprès de lui. Pour cela, il nous confie une première mission dans laquelle il viendra régulièrement nous épauler pour nous expliquer deux ou trois rudiments bien utiles.

La mission consiste à retourner à Midgard pour venir en aide à une jeune guerrière au bouclier portant le doux nom d'Ingrid Gunnarsdottir. Alors qu'elle naviguait avec ses compagnons d'armes, Tyr, le Dieu de la Guerre, a surgi du fond des eaux et a fait couler tous les drakkars, entraînant ainsi la mort des camarades d'Ingrid, au premier rang desquels se trouvait son frère Hreidar. Seule survivante, elle souhaite donc assouvir sa vengeance et implore les Dieux de lui venir en aide. Et le Dieu en question, ce sera nous. Loki nous apprend alors à prendre possession de cette humaine pour l'aider à mener à bien sa quête. Mais nous pouvons passer à tout moment de l'état humain à celui de divinité une fois la rune que nous avons récupérée placée dans un autel. Nous pouvons ainsi à la fois guider la guerrière et lui apporter notre support à partir d'une autre dimension parfois bien plus pratique.

Un autre pouvoir bien utile est celui de transformer les animaux en compagnons humanoïdes venant nous porter main forte. On apprécie par exemple la compagnie d'Egil, le requin blanc qui aime la bagarre, mais aussi de Hulda, la tortue qui nous protège des pièges de flamme, ou encore de l'aigle Astrid et du courant d'air que peuvent créer ses ailes. La première chose à faire est d'équiper Ingrid de l'équipement nécessaire à sa survie face aux forces corrompues de Tyr. Pour cela, elle doit se résoudre à aller piller les tombes de ses ancêtres, lieux qui se présentent comme des donjons au bout desquels nous attendent les récompenses de rigueur. En tant que nouveau dieu des animaux, nous assisterons ainsi non pas un, mais cinq héros mortels dans leurs quêtes personnelles et récupérerons à chaque fois une pierre représentant leur vertu (comme la folie de Rognwald ou l'honneur d'Ingrid) dont Loki semble avoir besoin à des fins qui nous échappent encore.

Au croisement de la mythologie et du folklore

Si pour construire les différents personnages de l'histoire, l'équipe de Sanzaru Games a du s'imprégner des représentations culturelles de la mythologie nordique parmi lesquels nous retrouvons notamment Loki, Thor, Hel, ou encore Freyja, elle a également incorporé à celle-ci le folklore scandinave afin de donner un petit côté fantasy au titre. Comme l'explique Morales Lingad, le designer principal du jeu, l'huldufólk, un personnage qui vient soumettre des devinettes à déchiffrer pour trouver le bon objet à lui rapporter afin d'obtenir une récompense permettant d'agrandir l'espace de stockage de notre sacoche, a par exemple été inspiré par les tomtes et les gnomes. Les Anciens qui nous soumettent des challenges de combat proviennent eux des esprits gardiens connus sous le nom de landvættir.

Comme annoncé, Asgard's Wrath nous plonge dans de fantastiques environnements très détaillés et dignes d'un jeu AAA, bien loin des propositions épurées que l'on trouve bien souvent en réalité virtuelle. On a vraiment la sensation d'appartenir à ce vaste univers dans lequel on se promène, dommage seulement que les ennemis comme les dieux ou les humains que l'on croise finissent par tous se ressembler. La contrepartie de tout cela est en revanche une taille conséquente sur le disque avoisinant les 130 Go et des temps de chargement un peu longs entre deux zones. Même si un écran agrémenté d'une astuce ou d'une tranche de lore nous est proposé pour patienter, il y a toujours aussi un petit moment désagréable où l'on se retrouve dans le noir complet. La représentation de notre corps sous forme humaine est intégrale, mais le rendu est tout de même un peu étrange avec de curieuses positions des membres, sans que cela n'interfère toutefois avec l'action.

Si les animations sont également de qualité, on regrette simplement une gestion des collisions qui n'est pas intégrale, ce qui permet de passer ses mains à travers les personnages ou certains objets. Après avoir trinqué avec Loki, voir notre chope traverser le bar alors que nous souhaitions la reposer virilement sur le comptoir était par exemple assez déstabilisant. L'effet ragdoll lorsque l'on périt au combat manque parfois aussi d'un peu de crédibilité. De même, le découpage des ennemis ne se fait pas toujours dans le sens du coup porté, étrange. Enfin, nous déplorons que nos compagnons puissent quelques fois se coincer dans le décor. En dehors de cela, les contrôles sont vraiment pensés pour la VR avec de judicieuses vibrations. Le jeu a toutefois été pensé pour l'Oculus Rift, et même s'il est possible d'y jouer sur d'autres casques en passant par Revive, ce sont les contrôleurs qui poseront souvent soucis, notamment avec un Vive Cosmos où ils ne sont pas reconnus, ou un HTC Vive dépourvu de stick, et probablement aussi sur WMR du fait d'un tracking insuffisant.

Point de vue confort, chacun peut définir ses options pour éviter le mal des transports, mais il faut bien reconnaître que le titre gère très bien la chose et que le motion sickness ne se fait pas vraiment ressentir, malgré une action débridée lors des combats et un mouvement libre sans passer par la téléportation. Il n'en demeure pas moins que tout a été pensé pour prendre soin des plus sensibles à travers les réglages, y compris l'atténuation du champ de vision lors des déplacements. Sanzaru a mis à profit ici le travail effectué sur Marvel Powers United VR. Pour ce qui est de la musique composée par Rob Westwood de Blue Oak Audio, qui a aussi déjà opéré sur Marvel Powers United VR, on ne peut qu'applaudir le travail réalisé. La musique épique transcrit parfaitement le côté épopée fantastique du jeu. De même, le doublage vocal est de qualité bien qu'entièrement en anglais, ce qui risque de déplaire aux plus frileux envers la langue de Boris Johnson, surtout lorsqu'il faut décoder les devinettes des huldufólks, d'autant plus qu'aucun sous-titre n'est proposé, même pas en anglais, et que tous les textes sont également en anglais. Aucune traduction ne semble être pour l'instant prévue.

Parer, parer, esquiver, parer, parer, frapper, recommencer

Asgard's Wrath nous entraîne dans des phases d'exploration, entrecoupées d'énigmes à résoudre pour trouver comment accéder à certaines zones, et de combats de mêlée. Comme nous l'avons déjà dit, des donjons sont au rendez-vous, mais tout ne peut pas être parcouru lors du premier passage. Il manque en effet bien souvent un pouvoir à posséder ou un compagnon pour pouvoir accéder à certains secteurs. Un peu comme dans un Metroidvania, le jeu nous invite en effet à revisiter les lieux parcourus pour découvrir des passages et des éléments auparavant inaccessibles, d'autant plus qu'une fois que l'on a revitalisé une zone, de nouveaux challenges et de nouveaux trésors nous y attendent, comme les défis des Anciens. Si l'on peut donner des ordres à nos dix compagnons pour résoudre les énigmes et débloquer des passages, ils sont également des soutiens parfois bien utiles en combat, chacun avec sa spécificité. Egil le requin est par exemple très agressif et peut même déchiqueter les boucliers une fois sa frénésie activée, Astrid l'aigle un bon soutien avec sa précision à l'arc, et la puissance de Steinar le taureau pourra être indispensable pour certains passages.

Mais il faut surtout s'engager personnellement dans les combats et apprendre à parer les coups pour augmenter la fureur des ennemis et les pousser à enclencher une puissante attaque signature. Si celle-ci est parée correctement, ils sont étourdis et il est alors possible d'enchaîner avec une contre-attaque, seul moyen de briser les boucliers runiques des adversaires d'élite, tout au moins au départ, pour pouvoir ensuite leur faire enfin des dégâts. Trois niveaux de difficulté liés à la parade sont proposés. Les attaques rougeoyantes, quant à elles, sont si dévastatrices qu'il vaut mieux les esquiver. Et s'il est surtout possible de frapper au corps-à-corps, la magie est également au rendez-vous et certaines armes de lancer sont également accessibles avec une assistance à la visée réglable, tout particulièrement une arme capable de revenir lorsqu'on la rappelle, à l'image du marteau de Thor. Les combats, qui se rapprochent beaucoup de ceux d'Until You Fall, sont une véritable réussite et sauront vous faire bouger aux risques et périls de votre entourage. Le seul regret est le constat d'une certaine répétitivité et le fait que les ennemis se réinitialisent si l'on sort de leur zone d'effet. Cela dit, les rencontres les plus importantes se déroulent dans des arènes fermées souvent circulaires et bien intégrées au jeu, ce qui résout le problème. Et que dire des combats entre dieux, juste éblouissants.

Les casse-têtes sont également d'excellente facture et permettent de souffler entre deux combats. Bien souvent, les compagnons sont ici indispensables pour activer des mécanismes ou dégager le passage, et il faudra alterner entre chacun d'entre eux, en fonction des besoins. Il s'agit aussi parfois de basculer du statut de héros à celui de dieu pour changer de perspective et agir sur le décor avec nos immenses mains afin de déplacer un objet ou un compagnon, lui permettant d'accéder à un commutateur qu'il ne pourrait atteindre sans notre aide divine. Un principe que l'on avait déjà vu dans A Fisherman's Tale et qui a déjà fait ses preuves, surtout qu'il est délectable de regarder de haut la scène comme dans une maison de poupée. C'était d'ailleurs la seule vision initialement prévue par les développeurs avant de se raviser en voyant tout le potentiel des combats. Seules les zones disposant d'un autel dans lequel insérer notre rune de dieu permettent toutefois de passer à l'état de divinité.

Les compagnons étant essentiels et apportant également une aide non négligeable lors des affrontements, il faut en prendre soin en leur donnant à manger (chacun a ses préférences) pour qu'ils récupèrent leur santé, mais aussi en célébrant les victoires avec eux par un high-five. Plus ils sont satisfaits et plus ils découvriront des ressources dans l'environnement, ou pourront nous régénérer en combat. À l'inverse, leur humeur se détériore quand on les laisse mourir, même si on les ressuscite ensuite. Pouvoir leur lancer de la nourriture ou des potions pour qu'ils les prennent est une idée plutôt sympathique. À côté de tout cela figurent également une multitude d'autres activités dignes des plus grands RPG AAA. On compte bien entendu la possibilité de crafter des armes ou des armures ainsi que de faire du commerce, mais il y a aussi de nombreuses quêtes secondaires entrant dans la narration, des challenges à relever (tirs sur cibles ou torches à enflammer en un temps limité, objets cachés dans le décor, devinettes des huldufólks...) ou encore les arènes des Valkyries où il faut tenir le plus longtemps possible en tuant le maximum d'adversaires.

Et bien entendu, il ne faut pas oublier de récolter et fouiller tous les tonneaux et autres caisses qui se trouvent sur notre route pour récupérer les ressources indispensables au craft. Il y a également des mini-jeux proposés dans la taverne (lancer de hache et rebond de pièces) ou encore une quête de mini héros avec Rognwald, le voyageur autoproclamé roi des océans. On peut aussi rajouter une fonctionnalité de pseudo-multijoueur permettant d'entrer dans des arènes spirituelles, là où un joueur est tombé au combat, afin de venger celui-ci en se défaisant des adversaires l'ayant vaincu et apparaissant sous forme d'esprits. Le producteur exécutif d’Oculus Studios, Mike Doran, décrit cela comme un «multijoueur asynchrone». Et nous pourrions encore citer beaucoup d'autres choses.

Il est en effet difficile de tout décrire d'Asgard's Wrath tant celui-ci regorge de contenu. Des dizaines d'heures de jeu vous attendent : rien que pour venir à bout du scénario principal qui se décompose en six sagas, il faut compter 25 à 30 heures, alors si l'on rajoute tout le reste, on dépasse allègrement les 30 heures initialement annoncées par Sanzaru et Oculus. En poussant le concept de RPG en VR le plus loin possible, Asgard's Wrath représente une formidable avancée dans ce domaine et constitue à ce titre la nouvelle référence en la matière. Bien qu'imparfait, il a su dépasser le stade d'expérience VR pour proposer un véritable jeu complet et intelligemment réfléchi et adapté aux exigences de la réalité virtuelle d'un bout à l'autre. Beaucoup rêvaient d'un jeu de cet acabit depuis l'avènement de la VR, Sanzaru l'a fait.

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