Game of Thrones reste aujourd'hui l'une des œuvres d'heroic fantasy les plus significatives de notre siècle. Et son auteur, George R. R. Martin, est autant connu pour sa plume que pour ses déclarations sans filtres. L'homme de 75 ans n'a jamais froid aux yeux et quand quelque chose l'agace, il le fait savoir publiquement. Cela vaut pour les adaptations cinématographiques de ses livres, mais aussi pour des chefs d'œuvres iconiques plus anciens, comme le Seigneur des Anneaux.
Dans une longue interview accordée à RollingStone, l'auteur a tancé le manichéisme de la trilogie de Tolkien, ainsi que sa philosophie.
Le fantasme du "bon Roi"
Il est en réalité difficile de comparer le Seigneur des Anneaux et Game of Thrones. Ces deux œuvres majeures, même si elles appartiennent à un même genre littéraire, explorent des pans totalement distincts de l'heroic fantasy. Le Seigneur des Anneaux raconte le combat ultime du Bien contre le Mal, et les vertus chevaleresques des héros. Game of Thrones en revanche, est infiniment plus sombre et nuancé. La frontière entre le Bien et le Mal y est beaucoup plus ténue, puisque les personnages basculent souvent moralement, dans un sens ou dans l'autre.
Selon George R. R. Martin, l'œuvre de Tolkien souffre d'un manichéisme certain et d'une "philosophie très médiévale".
La "Realpolitik" de l'heroic fantasy
En créant Game of Thrones, George R. R. Martin a donc pris ses distances avec les canons de l'heroic fantasy, pleins de codes moraux stéréotypés. Ses livres traduisent un point de vue réaliste sur la politique, où les chefs doivent prendre des décisions difficiles, parfois immorales, pour servir l'intérêt de leur groupe, et la subsistance d'un ou plusieurs royaumes.
Bien évidemment, les fans du Seigneur des Anneaux sont montés au créneau pour défendre leur œuvre de référence.
Ces derniers expliquent surtout que les deux auteurs n'ont pas la même vision du storytelling. Tolkien ne se perd pas dans les détails de considérations morales et a voulu fonder une sorte de grande mythologie, de fresque héroïque.