Paradox et The Chinese Room n'ont pas choisi le meilleur moment pour dévoiler plus de dix minutes de Vampire The Masquerade : Bloodlines 2, à quelques heures du State of Play de Sony. Mais c'est le moindre de leurs problèmes pour l'instant, dans ce qui a déjà été une production tortueuse. À en juger par l'accueil réservé au jeu par les fans de l'original, considéré comme un jeu culte du début du siècle, l'engouement ne semble pas être au rendez-vous.
Différents studios, différents styles
Au cas où vous ne connaîtriez pas toute l'histoire, voici un bref récapitulatif : Paradox a choisi Hardsuit Labs pour créer cette suite tant attendue du jeu de rôle de vampires sur papier. Le studio a été rejoint par les principaux architectes du jeu original : le concepteur narratif principal Brian Mitsoda et le directeur créatif Ka'ai Cluney. Peu de temps après, des désaccords avec Paradox (qui restent encore un mystère plein de spéculations) ont conduit la société de production à d'abord renvoyer ces deux créatifs, puis à changer radicalement d'approche pour un nouveau studio : The Chinese Room.
Il est important de connaître ce contexte pour mieux comprendre l'avis des fans de la première heure qui attendaient un jeu comme le premier opus avec une simulation immersive, la façon de traiter une situation avec de multiples solutions comme dans Baldur's Gate par exemple ou d'entrer dans un lieu (furtivité, action, charisme etc). Ce nouveau Bloodlines semble un peu plus concentré, linéaire et centré sur la narration et les pouvoirs de chaque clan que nous pouvons choisir. Il ne sera possible de contrôler qu'un seule personnage, un ancien vampire nommé Phyre.
Ne plus être solo : un mécanisme critiqué par les fans
The Chinese Room suit la tendance moderne qui consiste à trouver une formule pour que le protagoniste ne soit pas seul dans l'aventure. C'est un phénomène que l'on observe depuis plus d'une décennie. Les jeux vidéo ont tendance à être solitaires, et le fait d'avoir un compagnon avec lequel le protagoniste peut interagir permet d'exprimer les émotions (et aussi l'exposition de l'intrigue) de manière plus naturelle que la situation classique des jeux d'aventure qui consiste, par exemple, à écouter une personne parler toute seule.
Cette mécanique a été très critiquée par les fans de l'original. Dans Bloodlines, la solitude du vampire était non seulement très justifiée, mais le fait que le jeu soit un peu plus calme, sans bavardage constant entre les personnages, a permis au jeu de suggérer davantage ses thèmes plutôt que de vous les jeter à la figure. Et il est vrai que, à en juger par la vidéo, ce personnage accompagnateur appelé Fabien est parfois trop présent, tombant dans la surexposition et ne permettant pas au joueur de les déduire.
L'art est également critiqué : les fans le trouvent moins gothique et classique de la franchise qu'il représente, ainsi que sur le nom du protagoniste, Phyre, qui peut être un peu générique. Cependant, avec une courte vidéo, il ne faut pas tirer de conclusions hâtives.