Après plusieurs annonces colossales visant à offrir un second souffle à celui qui s'était imposé comme grand maître du genre Battle Royale, Epic Games chercherait désormais à rentabiliser son produit le plus important, Fortnite. Parmi les solutions envisagées figure évidemment la célèbre plateforme de Valve, Steam, mais les choses sont plus complexes qu'il n'y paraît...
Epic Games et Valve, un souci de revenus
Si Fortnite semble être au meilleur de sa forme depuis quelques semaines après une période que l'on jugerait aisément de "difficile", cela ne signifie pour autant pas que les revenus générés par les productions d'Epic Games sont suffisants pour maintenir le navire à flot. En effet, cet éditeur avait choisi de s'engager dans une guerre ouverte avec Valve cinq ans plus tôt, en 2018, en lançant sa propre plateforme de distribution : l'Epic Games Store.
L'objectif de "déclaration de guerre" était purement et simplement de dire à Valve que sa plateforme, Steam, se réservait une part trop importantes des revenus générés par les jeux accessibles sur celle-ci. Pour celles et ceux qui l'ignoreraient, Steam garde 30% des revenus générés par chaque jeu présent sur sa plateforme, et rend les 70% restants à l'éditeur. Dans cette optique, l'Epic Games Store visait à rééquilibrer cet échange en gardant seulement des 12% des revenus de chaque jeu et en rendant les 88% restants aux éditeurs.
Seulement voilà, après moult tentatives infructueuses pour attirer éditeurs et joueurs l'Epic Games Store n'est malheureusement toujours pas rentable cinq ans après son déploiement (source). Son objectif de croissance n'est évidemment pas abandonné, loin de là, mais la stratégie agressive de cet éditeur n'a toujours pas porté ses fruits malgré ses récents succès vidéoludiques (Fortnite, Alan Wake 2...).
Un duel de colosses sans issue ?
C'est sur X (ou Twitter) que Tim Sweeney, le fondateur et directeur d'Epic Games a récemment réaffirmé sa position à l'égard d'un éventuel portage de Fortnite sur d'autres plateformes que l'Epic Games Store. Pour lui, Fortnite est à même d'être publié sur n'importe quelle plateforme à condition que celle-ci garantisse une rémunération juste des développeuses et développeurs publiant leurs jeux sur celle-ci. Parmi les noms mentionnés il n'a évidemment pas manqué de citer Steam, tout en appuyant sa volonté implacable de mettre un terme à "ces 30% de taxes ridicules" qu'impose la plateforme à tous les éditeurs.
Le problème majeur résidant dans cette nouvelle attaque à peine cachée c'est qu'elle ne mènera probablement à rien avant un bon bout de temps. Malgré le poids immense que sont Fortnite et certaines productions d'Epic Games dans l'industrie vidéoludique, cela demeure presque risible à côté du catalogue monstrueux et en perpétuelle expansion de la plateforme de distribution de Valve. Tant que les développeuses et développeurs, y compris indépendants, continueront d'accepter le partage des revenus imposé par Steam alors les choses ne bougeront sans doute pas.
D'autres éditeurs ont par le passé déjà tenté de s'opposer à la politique de Steam de la même façon, Bethesda en tête de file qui avait même déployé sa propre plateforme de distribution... avant d'abandonner l'idée en 2022 et courber l'échine. Activision Blizzard a également choisi de publier une partie de ses jeux depuis cette année sur la plateforme de Valve après une dizaine d'années à ne compter que sur Battle.net envers et contre tout.
Des alternatives existent à Steam, bien sûr. Reste cependant à savoir si elles sont réellement intéressantes tant la portée de la plateforme de Valve est immense, un argument de poids en sa faveur qui attire énormément d'indépendants comme des mastodontes de l'industire : malgré la part énorme des revenus réclamés par Valve, la portée dont bénéficie chaque jeu est si grande que la part du gâteau restant aux éditeurs demeure plus importante à terme. Ainsi, en dehors d'un virage majeur de la part de Valve il semble pour le moment plus probable que Tim Sweeney se plie à terme aux exigences de Steam que l'inverse !