Tout est parti d'un tweet, comme souvent dans les débats communautaires. La personne faisait part de sa surprise concernant certains encouragements, qu'elle assimilait à du coaching. Il n'en fallait pas plus pour qu'un débat soit lancé, qui dépassa vite la problématique de base.
La différence entre un encouragement et du coaching
Pour celles et ceux qui seraient peu familier avec les différentes scènes des jeux de combat, sachez qu'il n'est pas rare que les joueurs et spectateurs ne soient séparés que de quelques mètres, et donc à portée de voix même sans que le public ne doive hurler. La première partie consiste à différencier encouragements et coaching. Il est évident que des phrases comme "T'es le meilleur !" "Let's go, Gluto/Raflow/Toto" etc, ne sont pas du coaching à proprement parler. Elles peuvent néanmoins avoir des fois un impact négatif sur certains joueurs, qui ont du mal à se concentrer quand 50 personnes encouragent leur adversaire tandis qu'eux n'ont aucun soutien. Un joueur témoignait en racontant que lors d'un de ses premiers tournois, il était en train de gagner contre un joueur plus connu, et qu'une personne s'est exclamée : " Oui xxx est en train de se faire battre par un noob" ce qui l'a déconcentré. Il n'est pas certain que cette phrase ait été prononcée dans le but de déconcentrer le joueur, mais la formulation maladroite, sans doute due à l'excitation du moment, lui a fait perdre ses capacités. Après savoir être imperméable à la pression est également une qualité demandée pour performer en offline, car après tout le public a bien le droit de se manifester à condition de respecter les participants.
En revanche certains encouragements peuvent vite devenir des conseils, et la frontière à ce niveau peut très vite devenir floue. Si cela est évident pour une partie d'entre eux ( Attention son pet est chargé ! contre Glutonny par exemple), d'autres, plus génériques au premier abord, ont la possibilité de changer le déroulement d'un set (Gaffe au temps / Arrête de bourrer etc...). Bien qu'ils soient parfois donnés sous le coup de l'émotion, par des spectateurs qui vivent le match comme si la manette était dans leurs mains, ils peuvent aider un joueur à prendre conscience de certaines choses qu'il n'aurait pas remarquées, à cause de sa concentration sur d'autres aspects du jeu. La pertinence des conseils ne rentre pas en compte, car l'adversaire peut tout autant être perturbé. Cela impose un mindgame supplémentaire (le joueur va-t-il suivre cette recommandation ? L'opposant jouera-t-il différemment ?), et fait rentrer une troisième personne dans un affrontement censé être un 1v1. La communauté reste assez divisée à ce sujet, certains défendant le fait que ça fait partie du offline, tandis qu'une autre portion l'assimile purement et simplement à de l'anti-jeu.
Le coaching pendant un set est-il une bonne chose ?
La tradition des jeux de combat veut qu'il soit interdit de coacher un joueur pendant un set, surtout si l'observateur se révèle très compétent dans le domaine. Avec une analyse juste, il est possible d'adapter facilement son plan de jeu, et de trouver des solutions grâce au regard extérieur plus neutre, alors que le joueur est concentré sur son set. Avec la professionnalisation de l'esport, ce débat pourra être relancé, surtout que le coaching en direct est autorisé sur d'autres jeux (pas des jeux de combat, où les infos techniques sont généralement interdites). Certains prennent même l'exemple de certains sports où les entraîneurs sont autorisés à s'exprimer pendant l'action. Une évolution en ce sens pourrait donc apparaître dans la FGC.
Si cette option peut sembler séduisante pour la professionnalisation de l'esport Smash ou FGC, à terme elle pourrait créer encore plus d'inégalités. Aujourd'hui, les joueurs sponsorisés sont quand même avantagés par rapport au commun des mortels. Cela n'est pas dû à leur seeding, qui dépend généralement de leurs résultats et pas du sponsor, mais plutôt au niveau de l'encadrement. Dans les plus grosses structures, ils peuvent avoir accès à des préparateurs mentaux, nutritionnistes et autres coachs, qui peuvent les aider à aborder un tournoi dans des conditions optimales. De plus ces joueurs ont la possibilité de voyager autour du monde, d'affronter les meilleurs compétiteurs des autres nations, et donc de progresser plus vite qu'une personne "bloquée" dans sa ville/son village, qui ne peut faire qu'un ou deux gros événements nationaux par an pour des raison budgétaires (précisons quand même que la France n'est pas la plus à plaindre dans ce domaine, grâce au travail incroyable des TO sur Smash, et d'autres jeux combat. Merci à eux). Ajouter un coach compétent par dessus, ce serait demander au challenger d'affronter deux cerveaux à la fois, ce qui lui compliquerait grandement la tâche. Les tournois ouverts à tous sont l'une des forces de la FGC, permettant à chacun d'affronter ses idoles et de progresser. Pour que ces tournois restent intéressants, il faut s'assurer une certaine égalité des chances, et un coaching en direct irait probablement contre cet idéal.