Les NFTs font énormément parler d'eux depuis plusieurs mois et vous n'êtes surement pas passé à côté du phénomène — à moins, bien sûr que vous ne soyez un ermite terré au fond d'une grotte. Les “non fongible token” ou “jeton non fongible" en français sont — pour faire simple — des objets numériques, virtuels donc, uniques que vous pouvez acheter en ligne notamment grâce à de la cryptomonnaie. Chaque objet est associé à une série de chiffres unique inscrite dans la blockchain (un lieu de stockage et de transmission d’informations numériques).
Si le phénomène a d'abord fait parler de lui sur le marché de l'art, certains studios se sont bientôt positionnés sur le créneau — non sans soulever de nombreuses critiques au sein des différentes communautés de joueurs. On peut penser à GSC Game World qui proposait à la vente un NFT vous permettant de devenir un "Meta humain" dans son prochain titre, S.T.A.L.K.E.R. 2: Heart of Chernobyl. Devant le tollé provoqué, l'éditeur a finalement fait marche arrière.
Ubisoft persiste et signe
Ce n'est pas le seul studio à s'être attiré les foudres des joueurs en ce qui concerne les NFTs. En fin d'année dernière, Ubisoft annonçait la création d'Ubisoft Quartz, un système présenté comme "une nouvelle expérience pour nos joueurs, construite sur notre vision de créer une connexion toujours plus grande entre vous et les mondes de jeu que vous aimez." Grâce à cette "fameuse expérience", vous pouvez acquérir des "Digits", les premiers NFT d'Ubisoft, jouables dans plusieurs jeux de l'éditeur (le premier étant Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint) et reposant sur une technologie économe en énergie. Le discours reste similaire pour tout NFT, ils sont tous uniques, gardent l'historique de leurs anciens propriétaires et peuvent être revendus à loisir.
L'annonce n'a pas manqué de faire réagir et en mal avec un torrent d’avis négatifs sur le projet. Ubisoft a même retiré sa vidéo de présentation quelques heures après sa mise en ligne devant l'avalanche de critiques. Pour autant, le studio ne semble pas vouloir lâcher l'affaire et a envoyé deux braves soldats en première ligne : Didier Genevois, directeur technique Blockchain d'Ubisoft et Nicolas Pouard, vice-président du laboratoire d'innovations stratégiques d'Ubisoft pour affronter une communauté toute colère.
Dans une interview accordée à Finder, ils ont tenu à répondre aux critiques et aux inquiétudes de la communauté, et autant vous dire que certaines réponses sont lunaires. Premièrement, ils ne sont pas étonnés du mauvais accueil du projet expliquant que "c'était une réaction que nous attendions. Nous savons que ce n'est pas un concept facile à comprendre." On sent déjà d'ici l'erreur de communication maladroite qui va remettre le feu aux poudres, et c'est la première d'une longue liste.
"Je pense que les joueurs ne comprennent pas ce qu'un marché secondaire numérique peut leur apporter. Pour l'instant, en raison de la situation actuelle et du contexte des NFT, les joueurs croient vraiment qu'il s'agit d'abord de détruire la planète, et ensuite d'un simple outil de spéculation. Mais ce que nous [chez Ubisoft] voyons en premier, c'est la fin du jeu. Finir le jeu consiste à donner aux joueurs la possibilité de revendre leurs objets une fois qu'ils en ont fini avec eux ou qu'ils ont fini de jouer au jeu lui-même.
Donc, c'est vraiment, pour eux. C'est vraiment bénéfique. Mais ils ne comprennent pas pour l'instant."
Pouvoir revendre ses fameux NFTs une fois qu'on a fini un jeu ou qu'on en est même lassé, ce n'est pas une mauvaise idée en soi. Mais si on met en perspective qu'Ubi va fermer Hyper Scape, son Battle Royale free-to-play après seulement un an et demi d'existence, on peut être un peu plus dubitatif quant à l'avenir de ces NFT. Certes, il n'y en a pas sur Hyper Scape, mais si cela avait été le cas, autant dire que les joueurs qui auraient eu la mauvaise idée d'investir sur le jeu l'auraient eu clairement dans l'os.
Bien évidemment, nous ne sommes pas tous des experts en NFTs, cryptomonnaie ou encore économistes de renom, mais baser sa communication sur la limite de compréhension des joueurs, on aura déjà vu mieux. Une chose semble certaine, Ubisoft n'abandonnera pas son projet, gageons que le studio reste cependant à l'écoute de ses joueurs s'il ne veut pas se prendre un violent retour de bâton.