Photo : LoL Esports
Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. La ligue européenne ne date pas d'hier et les LCS EU, ancêtre du LEC, ont ouvert en 2013. Depuis, de très nombreuses équipes ont défilé. Si certaines sont apparues, d'autres ont également disparu dans un cycle continuel de renouvellement. Aujourd'hui MAD Lions, G2 ou encore Fnatic monopolisent le feu des projecteurs, mais par le passé d'autres équipes ont également fait parler d'elles, pour le meilleur comme pour le pire. Ninjas in Pyjamas, Mysterious Monkeys ou encore Team aAa, qui sont les boomers qui s'en souviennent ?
Parmi les disparus, certains compétiteurs n'ont pas vraiment marqué l'histoire de notre ligue. Alors que les LCS EU formaient une ligue ouverte où tout le monde pouvait avoir sa chance, on pouvait aussi très rapidement se faire reléguer et mettre la clef sous la porte. Mais d'autres organisations ont quand même eu l'occasion de briller sur la durée, en remportant des titres, en disputant les Worlds et en nous offrant quelques merveilleux souvenirs. Pour rendre hommage une dernière fois à leur mémoire, voici les 5 équipes qui nous manquent aujourd'hui en LEC et qui nous manqueront toujours en 2022.
Origen, la sucess-story dont rêve la Karmine Corp
7 segments dans l'élite
3 finales
1 Worlds
Ce n'est un secret pour personne et la Karmine Corp rêve aujourd'hui d'intégrer le LEC pour disputer les Worlds. Il y a cependant un petit souci : la ligue européenne est fermée et il n'y a plus de tournoi de promotion... Il faudra donc attendre et espérer une éventuelle expansion pour obtenir son ticket ou trouver assez de financement pour racheter un slot. Mais à la bonne vieille époque, tant appréciée par Narkuss, les LCS EU proposaient deux fois par an des Up&Down où les petits poucets pouvaient espérer faire tomber des gros pour voler leur place dans l'élite européenne. La sucess story la plus connue restera sûrement à jamais celle d'Origen. Encore mieux qu'Adam, le projet monté de toute pièce par xPeke avait réussi en l'espace de moins d'un an (2015) à : se qualifier pour les Challenger Series (Division 2), monter en LCS EU, se qualifier pour les Worlds et atteindre les demi-finales du mondial. L'ascension fut incroyable et la communauté s'était prise d'affection pour cette équipe, qui avait remis au goût du jour plusieurs vétérans (sOAZ, Mithy, Amazing...) et révélé un certain Niels, qui deviendra plus tard Zven.
Mais la chute n'en fut que plus rude... Puisqu'en 2017, gangrenée par des problèmes de gestion et des choix sportifs abracadabrantesques, Origen est reléguée avant de disparaître une première fois. Mais les légendes ne sont pas faciles à tuer et la structure a fait un retour remarqué sur la période 2019-2020. Encore une fois, tout avait très bien commencé et l'équipe, avec une nouvelle fois Mithy dans ses rangs mais aussi Nukeduck et Upset, elle allée jusqu'en finale des playoffs (Spring 2019). Mais rebelote, les choses se sont gâtées par la suite et au Summer 2020 Origen finit 10e et dernière du LEC... triste sortie pour cette structure qui nous a fait tant vibrer. Suite à un rebranding, Origen est devenu Astralis. Mais que cela soit au niveau du logo, de la fanbase ou de l'identité, l'étoile rouge n'a plus rien à voir.
Gambit Gaming, les dignes héritiers des Moscow Five
6 segments dans l'élite
1 finale
1 Worlds
Plusieurs équipes se disputent le titre de roi d'Europe aujourd'hui. Les MAD Lions sont les rois de droit, puisqu'ils ont remporté les deux derniers segments. Les G2 Esports ont une réputation royale, suite aux nombreux succès en Europe comme à l'international. Enfin, Fnatic est sûrement le monarque du cœur, en tant qu'historique de la scène européenne. Mais il faut rendre à César ce qui appartient à César et les premiers rois d'Europe se nommaient Moscow Five et l'équipe comptait plusieurs stars en son sein : Diamondprox (l'innovateur), Alex Ich (l'âme de l'équipe), Darien (le swaglord) ou encore Edward (l'explorateur). Moscow Five est rapidement devenu Gambit Gaming qui a intégré les LCS EU à leur création. Et pendant 3 ans, les Russes ont pleinement fait vivre la scène européenne en intégrant progressivement d'autres talents comme Cabochard, Betsy ou encore Pinoy au fur et à mesure que les glorieux ainés prirent les uns après les autres leur retraite.
Mais Gambit Gaming n'a jamais renié ses racines russes. Et alors que l'équipe avait régulièrement des problèmes de visa pour se rendre à Berlin, la structure a fini par vendre son slot à Team Vitality avant le début de saison 2016. L'ancienne étoile rouge est retournée en Russie pour participer au développement de la LCL (la ligue russe) et nous avons eu l'occasion de revoir nos anciens frères à l'occasion de tournois internationaux. Pendant longtemps, on a espéré un retour mais celui-ci n'est jamais arrivé et n'arrivera sûrement jamais... Puisque Gambit a mis fin cette année à sa section League of Legends, refermant un chapitre fondateur de notre histoire.
Unicorns of Love, loins des yeux mais proches du cœur
8 segments dans l'élite
2 finales
En parlant de frère perdu, la Russie nous a aussi arraché une autre équipe de cœur avec Unicorns of Love. Les licornes de l'amour se sont révélées sur la scène européenne en obtenant fin 2014 leur ticket pour les LCS EU, en battant lors d'un match dantesque une certaine équipe nommée Millenium avec l'aide d'une Poppy qui nous fait encore cauchemarder. Dans ses rangs, on retrouvait des joueurs qui ont par la suite marqué durablement l'histoire des LCS EU et du LEC comme Hyllisang, PowerOfEvil ou encore Vizicsacsi. Pendant 4 ans, UOL a joué le haut de tableau. Même si la structure n'a jamais représenté l'Europe durant les Worlds, elle a quand même porté les couleurs de la région à plusieurs reprises lors de tournois internationaux : 1 Rift Rival et 4 IEM (dont une victoire). L'histoire fait généralement la part belle aux vainqueurs en oubliant les malheureux vaincus. Mais le bilan d'UOL en Europe est loin d'être ridicule avec deux titres honorifiques de vice-champion et surtout une tonne de souvenirs laissée aux fans.
Mais en 2018, Unicorns of Love n'a pas réalisé une grande saison. Surtout, au moment où la ligue européenne passait à un système franchisé et qu'il fallait candidater avec un dossier en béton, les dirigeants ont décidé de dire stop... UOL est sortie de l'élite européenne pour rejoindre la LCL et Gambit. La séparation fut une nouvelle fois douloureuse pour les fans, qui se consolent comme ils le peuvent depuis, lors du MSI et des Worlds avec des retrouvailles temporaires mais intenses.
Alliance, les méchants qu'on aimait bien
2 segments (+3)
1 titre de champion d'Europe
1 Worlds
Pour faire un grand film qui reste dans les mémoires, il y a plusieurs éléments indéboulonnables. Il faut un héro charismatique, un scénario bien ficelé mais aussi un méchant marquant. C'est un peu pareil sur League of Legends et Alliance est une équipe qui nous manque aujourd'hui. Si la structure n'a jamais réussi à soulever les foules, que cela soit en tant qu'Alliance ou en tant qu'Elements, on a adoré la détester à l'époque. Alors que tout le monde n'avait d'yeux que pour Fnatic, cette organisation avait commis un double crime de lèse-majesté : s'adjuger le titre de champion d'Europe (Summer 2014) et voler Rekkles. Avec des joueurs comme Wickd, Froggen ou encore Tabbz à qui le rôle de vilain sied à merveille, les médias s'en donnaient à cœur joie pour les antagoniser. Pour ne rien arranger, leur bévue aux Worlds face aux Brésiliens de Kabum, a donné encore plus d'eau au moulin pour critiquer l'équipe et se moquer des déboires de cette superteam de l'époque.
Le rôle de méchant n'est cependant pas facile à assumer et Alliance a vécu comme un feu de bois. Son entente avec Rekkles n'a absolument rien donné et l'équipe est très rapidement rentrée dans les rangs, coincée dans le ventre mou du classement. Beaucoup n'avaient pas pardonné le coup de Trafalgar et certains priaient pour leur relégation. Mais Elements a tenu le coup pour se maintenir, avant de finalement disparaître en vendant son slot à Schalke 04.
Millenium, le petit kiff personnel
2 segments dans l'élite européenne
On ne pouvait enfin pas faire un article sur MGG sans parler de Millenium. On vous l'accorde et l'équipe ne fait clairement pas partie des structures historiques qui ont marqué la ligue européenne. Pour autant, on s'est accordé un petit plaisir en la mentionnant, et si sa présence ne manque pas au plus grand nombre, elle nous manque au moins à nous ! Millenium n'est restée qu'une seule saison en LCS EU (2014) en reprenant le slot de ATN (Team Alternate). L'année ne fut cependant pas de tout repos et avec un roster un peu faiblard par rapport à la concurrence (kev1n, Kottenx/Aranae, Kerp, Creaton et Jree), Millenium dû par deux fois défendre sa place aux Up&Down. La première fois, l'équipe a tenu bon (3-2 face à NIP), mais la deuxième fut fatale à l'équipe (2-3 face à Unicorns of Love). Millenium eu bien une deuxième chance en participant à l'exceptionnel tournoi de promotion avant la saison 2015 lors du passage de 8 à 10 équipes. Mais elle a encore loupé le coche en se faisant éliminer par Giants Gaming (1-2). Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas...
Par la suite, Millenium a surtout fait parler sur la scène française, avec des rosters à forte domination francophone (Kaze, Djoko, Hans Sama, Yuuki60, Gob, Shaunz...) même si plusieurs pépites européennes sont aussi passées par là (Perkz, Humanoid, Neon, Tabzz). Et entre deux tournois français (Challenge France, Lyon e-Sport, Gamer Assembly...) l'équipe a eu une ultime chance de rejoindre l'élite européenne. En 2016, elle a participé au tournoi de promotion pour obtenir sa rédemption. Mais cette fois, elle a subi la loi de Team Roccat (2-3)... L'histoire, aurait pu être différente en cas de victoire, mais depuis les années ont passé et chez Millenium on restera sur ce triple échec. RIP.