Photo : DRX
Il y a quelques jours, une jeune pépite coréenne avait défrayé la chronique. Et ce n'était ni à cause d'une performance exceptionnelle sur le terrain, ni à cause d'un drama en dehors. SOLKA, midlaner de DRX avait tout simplement décidé d'annoncer sa retraite de la compétition. Pour le grand public mais également pour les fans, cette décision a interloqué. 19 ans, c'est très tôt pour une retraite, même sur League of Legends où les joueurs continuent généralement au plus haut niveau jusqu'à au moins 25/26 ans. À titre de comparaison, Adam, le petit prince français de la toplane est à peine plus vieux (né en 2001) mais ne compte pas s'arrêter de sitôt et espère bien ajouter de nombreux titres à son armoire à trophées.
SOLKA a donné quelques éléments d'explication depuis son annonce. En stream, il a notamment partagé à sa communauté l'emploi du temps qui était le sien lorsqu'il jouait pour DRX... Et le moins que l'on puisse dire, c'est que chaque journée était aussi longue qu'intense avec pas moins de 9 heures de scrim (entraînement organisé) réparties sur 3 sessions. En sachant qu'il fallait en plus rajouter plusieurs heures de soloQ (entraînement libre) histoire de garder la forme. Pour être honnête, même si on adore jouer à League of Legends, on aurait peur de faire une indigestion en suivant un tel rythme !
On ne devient pas professionnel par hasard
Quand on parle des meilleurs joueurs du monde, on pointe souvent du doigt leur talent inné et c'est vrai que certains naissent avec des capacités supérieures à la moyenne. Mais il ne faut pas non plus écarter le travail nécessaire pour percer, briller et se maintenir au plus haut niveau. Les joueurs professionnels sont talentueux, mais ce sont aussi et surtout des acharnés de travail... Et c'est sûrement encore plus vrai pour les joueurs coréens quand on connaît un peu leur mentalité et leur culture. Si SOLKA a surpris son monde en prenant sa retraite à 19 ans, on comprend mieux le pourquoi du comment quand il nous détaille son emploi du temps... Chez DRX, il devait pendant une journée normale être à la disposition de son équipe de 13h à 5h du matin. En comptant les pauses pour manger, on arrive facilement à des journées de travail de 13h. En sachant en plus que pendant les pauses et après sa journée de travail obligatoire, les joueurs sont encouragés à jouer en soloQ pour améliorer leurs mécaniques.
Au-delà de la masse de travail énorme à fournir, le joueur professionnel en Corée du Sud ne peut pas non plus avoir de vie sociale. Il finit sa journée à 5h du matin et à cette heure là, sa famille et ses amis ne doivent sûrement pas être levés. Compliqué donc de prévoir un petit after-work en terrasse tout en sirotant un jus de fruit. On peut d'ailleurs se demander si un tel rythme n'est pas dangereux pour la santé...
Et en Europe, c'est quoi le rythme ?
Chaque équipe a son fonctionnement mais au regard des réactions de la communauté, un tel rythme semble normal en LCK. Alors qu'on est fatigué de la domination asiatique aux Worlds, on peut supposer que ce type d'emploi du temps XXL explique en partie pourquoi les Coréens sont omniprésents au plus haut niveau...
En Europe, les joueurs travaillent également beaucoup mais le rythme semble moins intense. Au gré de nos interview, les joueurs du LEC nous parlaient plutôt de deux sessions de scrim par jour (contre trois en Corée du Sud). La session de minuit ne fait généralement pas partie de la norme, sauf cas exceptionnels. Depuis plusieurs années, on privilégie l'efficacité à la quantité sur le vieux continent, pour notamment éviter le burn-out. Et comme en Corée un joueur peut-être déjà cramé à 19 ans, on préfère peut-être la méthode à l'occidentale.