D'ici quelques temps, il est possible qu'avoir assisté aux dernières éditions des Championnats du Monde Hearthstone en "physique" à Los Angeles, Taipei ou encore Amsterdam fasse de moi un vieux de la vieille qui a "connu la bonne époque". C'est du moins ce que laisse présager — à demi-mots — Tony Pettiti, le President of Sports & Entertainment du groupe Activision Blizzard.
Dans un entretien avec le Sport Business Journal publié ce 16 mars, il admet que 50 personnes de la section esport vont perdre leur travail dans les plus brefs délais. Il ajoute, pour commencer, que "cela est la conséquence d'un groupe entier qui doit se réinventer au milieu d'une pandémie". L'objectif concret, en particulier pour les divisions qui gèrent les modèles économiques compétitifs de Overwatch et de Call of Duty, c'est d'aboutir à une dépendance moins importante aux events offline. "La quasi intégralité du staff esport a été conservée en 2020, mais maintenant, il est l'heure de procéder à des changements" : cette phrase est lourde de sens, et devrait indiquer largement le cap à suivre pour Activision Blizzard dans les mois et années à venir.
De notre côté, ce cap, on le voit venir depuis les derniers mois et les dernières décisions en date : la valeur quasi ridicule des cashprizes et de l'accompagnement global des joueurs pros sur World of Warcraft (PvP et PvE), mais aussi sur Hearthstone (qui a aussi dû encaisser l'annulation du cast français des Masters Tour, mais c'est un vaste sujet).
Overwatch et Call of Duty pas si mal lotis au final ?
Tony Pettiti le précise tout de même : "Activision Blizzard Esports ne se retire pas à 100% des events offline et, au contraire, en organisera de nouveau dès que possible". Mais plusieurs questions se posent aussi : quid des autres licences ? Verra-t-on de nouveau des events live pour les Mythic Dungeon Invitational et les Arena World Championship ? Pour les Worlds Hearthstone ? Les circuits Starcraft et Warcraft sont sous-traités et ne prennent du coup pas de ressources au groupe — et ne rentrent sûrement pas dans les calculs — pas plus que les HGC (l'esport Heroes of the Storm) qui avait été stoppé à la surprise générale il y a quelques années.
Et puisque l'on ne sait pas encore avec précision les rôles des 50 salariés licenciés, il est d'autant plus difficile de prédire ce qui se passera pour l'aspect compétitif de World of Warcraft et Hearthstone, des licences qui sont, il faut bien l'avouer, davantage axées sur les aspects PvE et communautaire que ne le sont Overwatch et Call of Duty.
Pour ces deux-là, Tony Pettiti avoue qu'il est "possible que le mode online soit de plus en plus présent dans l'Overwatch League et la CoD League à l'avenir". Puis il ajoute : "Nous avons beaucoup appris durant cette année passée en ce qui concerne la structure de nos ligues, sur ce qu'on peut en faire en mode online, et nous allons mettre tout ça en place du mieux que l'on peut. En terme de timing, c'est une réponse à ce qui se passe dans les ligues et aux ressources que nous devons allouer pour satisfaire du mieux possible les ligues, les propriétaires, les équipes et les fans."
Selon lui, il y a des choses encourageantes à noter dans les paysages de ces deux compétitions, comme l'arrivée de 100 Thieves ou le rebranding de Chicago par Optic Gaming (en CoD League), ou encore la relocalisation de certaines franchises en Asie (pour l'Overwatch League). "Les équipes et le groupe sont optimistes et sont sûrs d'avoir quelque chose à creuser, ils veulent faire grandir les deux ligues. Tout le monde est optimiste et sait que cette croissance va finir par arriver" finit-il par dire. Un scénario potentiel parmi tant d'autres. A moindre coût, sans doute. Et avec beaucoup moins de ferveur populaire, assurément. Si cette dernière donnée pèse réellement dans la balance ? Rien n'est moins sûr.
Comme on dit souvent dans ces cas-là... Stay tuned !