C'est en se servant d'une liste comptabilisant les salaires et augmentations de nombreux employés de Blizzard que Bloomberg rapporte aujourd'hui l'existence d'une disparité de salaire de plus en plus forte chez l'éditeur Californien. Sur cette liste, on trouve le PDG Bobby Kotick, qui a touché entre 30 et 40 millions de dollars l'année l'année dernière (majoritairement en bonus) côtoyant un nombre croissant d'employés ne parvenant plus à boucle leurs fins de mois.
Le constat semble raccord avec les témoignages de plusieurs vétérans de l'industrie vidéoludique, les autres béhémoths du secteur (Riot Games, Amazon, EA) payent mieux à compétence et expérience équivalente.
Les développeurs roulent rarement sur l'or et nombreux sont ceux qui n'ont obtenu une situation financière stable qu'après avoir abandonné le secteur, lui préférant la Tech. Mais chez Blizzard, le problème semble être exacerbé, peut-être à cause du prestige dont l'éditeur a bénéficié ces 15 dernières années. Le créateur de Warcraft, Starcraft, Diablo, et plus récemment Overwatch n’ayant certainement jamais eu de mal à attirer jusqu'à lui les cerveaux de l’industrie.
Blizzard n’est pas l’unique société à monnayer son image pour négocier plus rudement ses salaires, mais le phénomène a atteint un point tel que certains salariés déclarent avoir du mal à boucler leurs fins de mois. Et ce n'est pas tout, pour nombre d'entre eux, les augmentations sont également en deçà des attentes. Non seulement ces salariés gagnent moins que leurs homologues, mais voient aussi l'écart se creuser d'année en année.
La grogne ne date pas d’hier, l’année dernière la direction avait promis une étude des salaires et augmentations en apprenant que plus de 50% de la masse salariale se déclarait insatisfaite sur ce plan. Les résultats ont été publiés récemment, des résultats qui n’étaient clairement pas au goût de tous puisque c’est suite à leur publication que la fameuse liste a commencé à circuler.
Blizzard affronte donc une double problématique : d’un côté l’image peu flatteuse d’un PDG qui empoche des dizaines de millions de dollars pendant qu’une partie de ses salariés frôlent la pauvreté. Et de l’autre une comparaison désavantageuse avec les autres grands studios qui pourrait entraîner une fuite des talents de Blizzard. Il y a quelques mois la direction affrontait déjà la colère de ses salariés suite à la censure du joueur Blitzchung qui avait soutenu la révolution Hongkongaise sur un stream officiel. Encore quelques mois auparavant l'entreprise annonçait la suppression de plusieurs centaines de postes malgré une année 2018 record.
Nul doute qu'à Irvine en ce moment, le travail s'effectue dans un climat de fortes tensions.
- Sources : Bloomberg.