Nous avons eu l'opportunité d’interviewer en exclusivité Harrison "Kruise" Pond, le main healer et shotcaller de Paris Eternal, juste avant le All-Star Weekend et le début du Stage 3. Nous lui avons posé des questions sur l'Overwatch League, le rythme qu'elle lui imposait mais aussi sur son intégration au sein de l’équipe parisienne.
Qu’as-tu pensé de la finale des Playoffs du Stage 2 ?
J’ai adoré. Je suis content que les Shocks aient gagné. Ils jouent très bien depuis quelques temps et donc ils le méritaient vraiment.
Es-tu impatient que le weekend des All Stars arrive ?
Oui, je pense que les All Star vont être sympas même si le timing n’est pas le meilleur. Cela ne permet pas d’avoir une très grande pause mais je suis tout de même pressé d’y être.
Tu es le seul anglais dans une équipe représentant Paris et les couleurs de la France.
Comment ton intégration au sein d’une équipe composée majoritairement de joueurs français s’est-elle faite ?
Pour moi, j’ai juste intégré une nouvelle équipe, sans faire attention au pays d’où mes coéquipiers venaient. Il faut juste tisser des liens amicaux et être présents les uns pour les autres. Cela se fait avec le temps, comme c’est le cas avec n’importe quelle équipe.
As-tu une synergie particulière avec l’un des ces joueurs ?
Probablement HyP. Nous parlons beaucoup ensemble. Nous sommes colocataires donc forcément nous partageons énormément de choses. Nous sommes plutôt proches.
Qu’est-ce que cela fait de jouer avec des joueurs qui ont été des adversaires lors de la World Cup de 2019 ?
C’est plutôt cool. J’aime bien jouer avec des gens qui ont, auparavant, été dans l’équipe adverse. Cela reste des personnes avec qui j’ai déjà joué, peu importe de quel côté ils ont été. Ce n’est pas un problème et je dirais même que cela fait que nous avons plus de respect les uns pour les autres car nous savons d’où nous venons et de quoi nous sommes capables.
Au sein de cette toute nouvelle équipe, nous savons que tu es le shot caller. J’imagine que cela t’apporte énormément de pression avant chaque match. Comment la gères-tu ?
J’imagine que c’est en n'y pensant pas, d’une certaine façon. Si vous commencez à penser à la pression, c’est à ce moment là que vous allez le plus la subir. Vous devez juste rester concentré sur ce que vous avez à faire. C’est plutôt facile de laisser la pression de côté. Nous nous entraînons pendant des semaines avant les matchs donc normalement, si vous êtes prêt et que vous êtes confiant, ce n’est pas difficile de rester concentré pour ne pas la ressentir. J’essaye juste d’y penser le moins possible, c'est tout.
As-tu naturellement l’âme d’un leader ou as-tu appris à en devenir un avec le temps ?
Je pense que c’est un peu des deux. Je n’ai jamais cherché à devenir le leader de l’équipe, ça s’est fait naturellement. Féfé et KyKy (l'assistant coach) m’ont guidé et m’ont aidé à m'améliorer dans ce rôle.
De plus, tu es un joueur constant dans la line-up qui joue tous les matchs de l’équipe.
Comment arrive-tu à gérer le rythme et le planning que cela implique ?
J’apprécie ce côté-là. Je ne vois pas cela comme un problème, ce n’est pas si difficile. J’adore jouer à un niveau aussi haut, je trouve cela beaucoup plus sympa. Du coup, je suis impatient chaque semaine à l’idée de monter sur scène et de jouer, tout en essayant à chaque fois de faire mieux, de m’améliorer et d'échanger mes ressentis avec l'équipe. J’adore la compétition donc je suis plutôt content de cette situation. La pression et tous les à-côtés qui vont avec ne sont vraiment pas un problème pour moi.
Le All-Star Weekend va réduire ton temps de pause entre le Stage 2 et le Stage 3.
Comment vas-tu gérer cela tout en débutant le Stage 3 dans un bon état d’esprit?
Je pense qu’il ne faut pas trop s’en préoccuper. Il y a des joueurs qui sont dans des situations bien plus compliquées que la mienne. Certains ont participé aux Playoffs et vont également participer aux All-Star. Ils auront donc encore moins de temps de pause que moi. Pour ma part, j’ai réussi à en profiter. Je suis rentré en Angleterre pour une semaine et cela m’a fait du bien. Quoi qu’il en soit, il faut faire avec, jouer quand on nous le demande et rester professionnel.
daemoN est parti de Paris Eternal pour rejoindre l’équipe de Dallas Fuel. Féfé a pris sa place en tant que Head Coach juste avant le début du Stage 2. Quel est l’impact que ce changement a eu sur l’équipe et notamment sur toute la préparation pour le Stage 2 ?
Lorsque daemoN était au sein de l'équipe, il n’y avait pas réellement de hiérarchie. Tous les coachs étaient mis sur le même pied d’égalité. Les choses n'ont pas énormément changé puisque Féfé est un excellent coach, tout comme daemoN l’était aussi avant de partir. Féfé en fait juste un peu plus, ce qui est une bonne chose. Il arrive à maintenir une bonne ambiance, à nous garder tous unis et nous montre le droit chemin. Il vient d'un milieu sportif, et c'est super sympa qu'il soit capable de faire tout ça et plus encore. Mais il l'a aussi fait même quand daemoN était là, parce que tous les entraîneurs étaient égaux. Il n'y avait aucune lutte de pouvoir ou de hiérarchie, et je pense que nos entraîneurs ont bien géré ce point là.
Récemment, lizlin, votre team manager, a également quitté Paris Eternal. Elle avait pour rôle de prendre soin de vous. Comment se passe votre quotidien ? Avez-vous un chef qui fait attention à la partie nutrition ? Devez-vous régulièrement faire du sport afin de rester en forme ?
Je ne suis pas sûr à 100 % de comment cela va se passer à mon retour. Je suis juste certain qu’ils auront trouvé une solution, je le découvrirai quand je rentrerai à Los Angeles. Quand nous avions lizlin, qui est aussi coach personnelle, nous nous entraînions deux fois par semaine avec elle. Un chef cuisinier nous fait également à manger. En gros, il y a le lever puis une séance de sport, ensuite nous nous entraînons à jouer puis nous rentrons chez nous. Il ne se passe rien d’autre durant nos journées de travail.
Et est-ce que cela vous aide à améliorer vos performances?
Je pense que le fait de faire du sport aide, c’est certain. J’en fais moins maintenant, mais quand je m’entraînais plus régulièrement je sentais que j’avais plus d’énergie. Le fait de se lever et de faire du sport, cela aide à bien démarrer la journée. On se sent plus en forme, moins lent. Et bien évidemment, manger sainement est aussi quelque chose de très important.
Vous avez affronté l’équipe canadienne des Toronto Defiant récemment. C’est cette même équipe que vous allez de nouveau rencontrer le 7 juin prochain lors de votre premier match du Stage 3. Selon toi, que vous faut-il pour renverser la balance et pouvoir prendre votre revanche face à eux ?
Je ne peux pas personnellement parler au nom de toute mon équipe. Mais de mon point de vue, je ne pense pas que nous avons perdu contre Toronto. Je pense plutôt que nous nous sommes perdus nous-mêmes. Récemment, nous ne nous sommes pas autant entraînés par rapport à ce qu’on aurait dû. Nous n’étions plus sur la même longueur d’ondes. Tout le monde voulait faire ce qu’il voulait de son côté. Nous avons donc perdu notre identité. C’était un peu le désordre au sein de l’équipe. Nous devons donc travaillé sur ce point précisément afin de retrouver notre identité et revenir en étant meilleurs.
Sur quels points travaillez-vous afin d’aborder ce Stage 3 de la meilleure des manières ?
S’entraîner jour après jour et suivre un programme. Par cela, j’imagine n’avoir qu’un seul plan de jeu sur lequel on travaille pendant une journée entière de sorte à ce que durant chaque entraînement, nous travaillions dur afin de nous améliorer et d’apprendre de nos erreurs.
Es-tu nerveux sur scène ou est-ce devenu une habitude maintenant ?
Je pense être habitué maintenant. Tous les joueurs ont des moments durant lesquels ils sont nerveux, mais une fois sur scène, tout cela disparaît. Vous ne pensez plus à autre chose qu’à ce que vous devez faire. Vous voulez juste gagner et il y a tellement de choses qui se passent dans votre tête que vous n’avez pas le temps de penser à être nerveux.
En mars dernier, Blizzard a sorti un patch avec la sortie de Baptiste. Il rééquilibre plusieurs personnages et tout particulièrement le speed boost de Lucio. Que penses-tu de l’état actuel du héros ?
Quand le patch est sorti, les gens étaient très inquiets à dire que le nerf allait rendre Lucio très mauvais. Pour moi, cela n’a pas changé grand-chose. Lucio peut toujours aller à la même vitesse et il n’y a que sa team qui va légèrement moins vite. Il n’en reste pas moins un très bon héros et il le restera jusqu’à qu’un nerf beaucoup plus fort l’affecte. Il reste trop important car il est le seul à pouvoir donner de la vitesse et c’est quelque chose d’essentiel sur Overwatch.
Blizzard a également fait une autre annonce, celle de la World Cup Overwatch 2019 qui se déroulera les 1er et 2 novembre prochains à la Blizzcon. Vas-tu, pour la troisième année de suite, te présenter pour être le main healer de l’équipe anglaise ?
Oui, j’adorerais ! Je l’ai été les années précédentes et j’ai beaucoup aimé faire partie de la World Cup. C’est vraiment sympa d’y participer et on ne perd jamais vraiment durant la compétition. J’aimerais beaucoup y contribuer à nouveau.
Que penses-tu des changements apportés à la World Cup en termes d’organisation par rapport à l’année dernière ?
Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas sûr à 100 % d’avoir vu tous les changements. Je sais que tout se passe à la Blizzcon désormais, il n’y a plus de groupes et le classement est basé sur les performances et ce genre de choses. Je n’en sais pas assez pour avoir une réelle opinion sur le sujet. Je sais juste que la Grande-Bretagne y sera et c’est déjà une bonne chose.
Y’a t-il quelque chose que tu voudrais dire à tes fans français ?
Merci beaucoup de nous soutenir. Je sais que nous n’avons pas été bons et que c’est très décevant notamment en ce qui concerne le Stage 1, là où on nous attendait le plus. Nous avons été nous aussi très déçus de nos performances, plus que quiconque, et nous avons été très durs avec nous-mêmes. Cela a été un réel problème pour nous, mais si nous arrivons à surpasser tout cela, que nous travaillons dur pour rectifier nos erreurs et que nous devenons l’équipe que tout le monde a vu en nous, persévérante, dévouée et bourrue de travail, j’espère que les résultats se feront vite remarquer. Et encore merci pour votre soutien, cela compte beaucoup pour nous.
(Bonus) Pour finir, je me dois de te poser cette ultime question : que penses-tu du prénom du royal baby ?
Il porte mon nom, Harrison, du coup je trouve ça plutôt incroyable !