Quand la mante religieuse décolle vers le septième ciel.
Sans structure fixe depuis leurs débuts sur la scène pro de Rainbow Six, les Coréens de Mantis FPS se sont vus remettre les clefs de l’une des plus belles maisons de l’esport : la baraque des Cloud9. À vrai dire, il n’y a rien de surprenant à ce que la puissante structure basée à Los Angeles décide de poser l’un de ses tentacules en Asie - tant le roster prometteur se trouve lui-même au sein d’une région extrêmement attrayante, florissante et pourvue d’opportunités. Ubisoft, par l’intermédiaire de François-Xavier Deniele, n’ayant d’ailleurs pas caché son enthousiasme à propos de ce continent, lorsque notre micro s’était glissé sur une table du salon presse du Six Invitational, à Montréal.
« Je pense que c’est un marché qui a pris l’esport dès le départ comme une consommation du jeu vidéo quotidienne, donc à nous de savoir nous renforcer là-bas. Et bien sûr, on va dire la Rolls-Royce de l’esport qui est la Corée du Sud : à nous d’investir dans ce marché-là, parce que c’est aussi un marché qui démontrera la maturité de notre jeu. » Aussitôt dit aussitôt fait, puisque quelques mois plus tard, la meilleure organisation esportive de 2018 (récompense attribuée par les Esports Awards) décide de recruter les représentants fétiches de la partie sud de l’Hanguk.
De quoi se positionner au timing propice et booster une zone qui ne compte que 3 équipes actives au sein de la Pro League ? Peut-être bien. Mais ce qui est sûr, c’est que l’organisation de Jack Étienne n’a en rien innové avec ce transfert. Puisque comme Mousesports, elle s’est expatriée de la zone nord-américaine - après avoir lâché ses premiers pas sur R6:S. Et comme l’a fait Fnatic, un an auparavant, elle devient le deuxième groupe de grande envergure à poser ses valises dans la région Océano-Asiatique.
Fnatic, une source d’inspiration ? Sans aucun doute. Il faut dire qu’avec des moyens déployés assez amples, les Australiens du « F jaune » ont depuis réalisé d’incroyables prouesses : battre le grand Evil Geniuses en quart des Finales de la Pro League S8, se payer Faze Clan au Six Invitational et se qualifier dans le Top 8 de ces mêmes « Worlds »... Tout un tas de retours sur investissement qui n’ont sûrement pas échappé à un Cloud9 rêvant d’un parcours similaire pour ses nouveaux hommes de main.
Plus que le fait de s’installer chez les voisins du Chef suprême, Kim Jong-un, Cloud9 sait que sa nouvelle branche asiatique peut lui rapporter gros. Sans avoir eu besoin de casser des clauses libératoires, elle met dans sa poche une formation qui a su monter en puissance au fil des saisons et qui est aujourd’hui capable de remporter haut la main des titres nationaux, des gros sous, voire une lutte régulière pour se qualifier dans les plus grandes compétitions.
Les Ex-Mantis dominent outrageusement la Corée du Sud, à l’image du Six Challenge Korea, le dernier rassemblement régional en date, qu’ils remportaient en mars. Soit 22.000 Dollars qui ont plus que facilement atterri dans le portefeuille du nouveau gamos de Cloud9. En plus d’une participation aux différents Majors organisés pour la discipline, le roster asiatique s’est aussi toujours bien placé dans les starting-blocks des APAC Finals - le tournoi qui départage les futures émissaires de l’Asie et du Pacifique lors des phases finales de chaque saison de Pro League.
Reste à savoir si ces derniers parviendront justement à se hisser pour les Finales mondiales (S9) de Milan, lors d’une Lan à Sydney rassemblant les grandes pontes de la zone, le week-end prochain. Dans le même côté de l’arbre que Fnatic, les nouveaux Cloud9 auront à coup sûr tous les projecteurs braqués sur leur front. Ce qui est un peu normal, étant donné l’enjeu et le prestige de ces deux géants de l’esport.
Sûrement une bonne occasion pour Jack Étienne de mettre un coup de propre sur la calandre de sa nouvelle Rolls-Royce. Et faire briller parfaitement le Spirit of Ecstasy.
Crédits photo : Bruno Alvares