Le moins qu'on puisse dire est qu'Atlus a été prolifique avec la série des Etrian Odyssey, puisque Etrian Odyssey Nexus (Etrian Odyssey X au Japon) est le 10e épisode de la série. En attendant le spin-off Persona Q2 et le premier Etrian Odyssey de la nouvelle génération (probablement sur Switch), plongeons nous dans ce titre qui a l'ambition d'être la conclusion ainsi que l'apogée de cette génération de la série.
- Genre : RPG, Dungeon crawler, puzzle
- Date de sortie : 5 février 2019
- Plateforme : Nintendo 3DS
- Développeur : Atlus
- Éditeur : Atlus
- Prix : 39,99€
Bienvenue dans le Nexus... non, attendez !
L'histoire d'Etrian Odyssey Nexus semble se dérouler quelques décennies après les premiers jeux, différents groupes d'aventuriers sont parvenus à vaincre les calamités de chaque labyrinthe d'Yggdrasil, et à présent, un pays disposant d'une ville volante, héritée d'une civilisation disparue, décide de retrouver ses racines en Lemuria. Les ruines de ce pays isolé entourent un autre arbre d’Yggdrasil, et une fois encore, les aventuriers vont accompagner les dirigeants locaux lors de l'exploration des labyrinthes, afin de découvrir les secrets et trésors du passé. Mais vous savez probablement ou tout cela va mener. En termes de narration, nous sommes quelque part entre un Etrian Odyssey classique et un Untold Story, les membres de votre groupe peuvent être créés librement, et ils n'ont pas vraiment de personnalité. Les différents PNJ que vous allez croiser et qui vous accompagneront à l'occasion se chargeront de donner un semblant d'épaisseur à l'histoire. Même si vous pouvez souvent choisir quoi répondre, cela n'aura pas un impact significatif au final, et vos actes, ou plutôt, les monstres que vous allez terrasser détermineront quelle est votre progression en tant qu'aventuriers d'élite.
Deux pas en avant, un pas en arrière
Mais avant d'en arriver là, comme à chaque fois, votre aventure démarre en ville, dans le hall de guilde. Il vous faudra créer votre premier groupe d'aventuriers de niveau 1. Vous aurez l'embarras du choix avec un total de 18 classes tirées des jeux précédents. La seule classe inédite, celle de Héros est une sorte de mélange entre tank et combattant de mêlée, dont la capacité spéciale consiste à invoquer des "afterimages" avec ses techniques de combat. Ces afterimages imitent alors l'action entreprise par le héros avant de disparaître au tour suivant. Sans surprise, la classe de Héros est nettement plus puissante que les autres, et elle peut remplir plusieurs rôles à la fois dans le groupe. Il aurait été tentant d'en prendre plusieurs à la fois, mais avec la limite de 5 membres dans le groupe, et une additionnelle occupée par une afterimage ou un invité, leurs pouvoirs entreraient en conflits. C'est d'ailleurs un des éléments frustrants de ce nouvel Etrian Odyssey, la fameuse ligne de combat dédiée aux familiers et invocations introduite dans le précédent épisode à disparue. Il est donc en pratique stupide de combiner certaines classes comme Héros et Ninja, puisque leurs images respectives n'auraient pas la place d'apparaître. Certaines classes très populaires des épisodes précédents manquent aussi à l'appel, dont celles qui utilisent des familiers, c'est bien dommage, d'autant que d'autres classes à l'utilité douteuse comme le Fermer (oui oui) sont présentes. Cette dernière permet de se faire une fortune en milieu de partie en changeant de groupe pour aller récolter dans le labyrinthe, mais cela se limite presque à cela. Sans passer toutes les classes en revues, nous résumerons la situation en disant que de meilleurs choix auraient pu être faits.
La possibilité de choisir entre différentes races aux statistiques et capacités spécifiques introduites dans Etrian Odyssey 5: Beyond the myth n'est pas non plus de retour, c'est encore une fois dommage. Le système de classes avancées et spécialisées manque aussi à l'appel, ainsi que les grimoires de compétences. À la place, vous finirez par débloquer la possibilité de choisir une classe secondaire parmi les 18 existantes pour chacun de vos personnages. Cela ouvre des possibilités de combinaisons intéressantes, même s'il n'est possible de déverrouiller que la moitié de leurs talents. Cela s'avère néanmoins complexe, et trop souvent, la classe secondaire ne sert qu'à obtenir autant de bonus passifs que possibles et à utiliser des pièces d'équipement spéciales, comme les boucliers. Une fois encore, les limitations de place dans le groupe interdisent d'exploiter pleinement certaines classes comme le Ninja et le Héros. Ces complaintes de vétérans de la série mises à part, les possibilités ne manquent pas. Des centaines de compositions de groupe sont possibles, vous pourrez tenter de relever les défis qui vous attendent de bien des manières, que cela soit avec des combinaisons d'attaques (link), des techniques de contrôles, des afflictions, du tanking pur et dur ou basé sur les esquives etc. Le fait de pouvoir créer et stocker 60 héros permet théoriquement d'avoir plusieurs membres de chaque classe en stock. Si on y ajoute le fait qu'il est possible de trouver rapidement un anneau qui partagera l'expérience gagnée avec tous vos personnages en ville, il s'avérera toujours possible de faire des rotations ou de changer d'avis plus tard. Pour les plus enragés, refaire le jeu avec des groupes et un gameplay radicalement différents est aussi un des charmes particuliers de la licence. Une fois votre groupe constitué, le moment est venu de partir à l'aventure.
5 en 1
Pour la progression générale, EON adopte une approche assez similaire à EO4, c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir un seul immense labyrinthe divisé en strates verticales, nous avons une carte du monde sur laquelle sont éparpillés de nombreux labyrinthes plus ou moins grand. On nous épargne cette fois les déplacements en navire et en dirigeable, ce qui est une excellente nouvelle. Vous serez donc rapidement libre d’arranger votre progression entre les labyrinthes obligatoires, et ceux facultatifs, généralement bien plus courts mais plus difficiles. L'objectif étant de progresser dans l'histoire tout en mettant la main sur des matériaux rares pour l'équipement de haut niveau, et en réalisant des quêtes confiées par l'insupportable gérant du bar en ville. Le fait d'avoir plusieurs dizaines de labyrinthes différents permet de varier les environnements, les ennemis, les boss et les puzzles rencontrés, au lieu d'en avoir 6 comme dans un EO typique, il y en a des dizaines, ce qui est une excellente chose. Là ou le bat blesse est que la majorité de ces environnements, ennemis, boss et puzzles sont empruntés aux titres précédents. Quelques petites altérations ont été effectuées à l'occasion, mais si comme nous, vous avez fait tous les jeux précédents, cela va nuire au plaisir de la découverte et induire rapidement une grande lassitude. C'est incontestablement le plus gros point noir du jeu, un dont il faudra tenir en compte en fonction de votre profil de joueur. Quelques nouveaux environnements ont été introduits, mais le principal d'entre eux, celui du temple est utilisé ad nauseam, puisque vous allez traverser un total de plus de 20 niveaux de ce type. Leur élément le plus remarquable, les murs bas qui deviennent en pratique des passages sur lesquels progresser sont pleins de potentiels, et ils peuvent en théorie doubler la surface d'un labyrinthe. Il est dommage que cela soit le seul véritable ajout, et qu'il soit sur-utilisé. En contrepartie, le jeu est nettement plus long que ses prédécesseurs. Si on omet les DLC payants d'Etrian Odyssey 2 Untold, Etrian Odyssey Nexus est facilement moitié plus long que les autres, avec pas moins de 14 labyrinthes à niveaux multiples, et plus de 10 labyrinthes facultatifs sur un seul niveau, chacun avec son propre boss. Autant dire que vous aurez du pain sur la planche, ou plutôt sur l'écran tactile.
Les combats utilisent un système assez commun dans les jeux Atlus (comme Shin Megami Tensei), avec des affrontements au tour par tour à la première personne. Chaque personnage du groupe choisi l'action qu'il va effectuer durant chaque tour, puis elles sont accomplies avec celles de l'ennemi dans un ordre déterminé par la vitesse de chaque action et les modificateurs. Cela demande donc de bien prendre en compte la vitesse d'exécution de chaque technique, et surtout, d'anticiper les actions de l'ennemi. Le boss ne vous donnera pas forcément jusqu'au tour suivant pour vous soigner, en particulier dans les modes de difficulté élevé. Il faudra être particulièrement méthodique dans l'organisation de votre groupe, les choix de son équipement et de ses sorts si vous espérez atteindre le bout de l'histoire. Il n'est d'ailleurs pas impossible de rencontrer un "Game Over" au premier tour sur certains boss et FOEs, il faudra vous préparer psychologiquement et apprendre de vos erreurs pour progresser, surtout dans la section "post game" du titre.
Le stylet est plus fort que l'épée
Tous les éléments listés précédemment sont importants, mais c'est surtout pour sa partie exploration que la série Etrian Odyssey se démarque. Contrairement à beaucoup de jeux, EON ne vous fournira pas de carte ni de mini-carte pré remplies pour vous aider à vous repérer. Il faudra utiliser votre stylet et les différents outils de dessin afin de tracer le sol, les portes, murs, pièges, points de récolte et monstres. Une partie plus ou moins importante de la chose peut-être automatisée, comme le sol et les murs, mais cela ne sera jamais suffisant pour venir à bout des obstacles les plus retords. Le fait d'explorer en vue à la première personne y fait pour beaucoup, sans un point de vue surélevé, s’orienter est plus difficile. Comme leur nom l'indique, les labyrinthes ont souvent une structure complexe, pleine d'impasses ou de zones dangereuses. Parfois, il faudra résoudre des énigmes afin de passer un obstacle, le plus souvent cela consistera à trouver comment contourner les FOEs. Ces énormes ennemis sont les seuls affichés automatiquement sur la carte et visible hors combat. Leur particularité est que lorsque vous débarquez dans un labyrinthe, ils sont généralement trop puissants être tués en combat à votre niveau par exemple. Ou ils sont trop nombreux, et en engager un en combat va attirer les autres à l'infini et finir par vous noyer sous le nombre. Chaque labyrinthe dispose de plusieurs types de FOEs, qui peuvent être présents en plus ou moins grand nombre. Il vous faudra étudier leurs particularités et leur comportement afin d'apprendre à les esquiver pour progresser dans le labyrinthe, ne serait ce que parce que tous les affronter viderait votre barre de mana avant d'arriver au boss (barre qui ne se régénère pas naturellement). Certains FOEs vont vous poursuivre dès que vous entrez dans leur pièce, d'autres suivent un itinéraire de patrouille fixe et vous ignoreront tant que vous n'entrez pas en collision avec eux (ce qui est plus facile à dire qu'à faire en général). Il faudra généralement se reposer sur une carte très précise, une bonne compréhension de chaque FOE présent, et sur une méthode efficace pour passer, c'est ce qui fait vraiment le charme d'Etrian Odyssey. Mais si vous ne trouvez pas la solution, vous pouvez aussi utiliser la force brute, si votre groupe est bien pensé cela sera presque toujours une solution viable. Après tout, la violence peut résoudre tous les problèmes.
Au fur et à mesure de votre progression en jeu, les labyrinthes se feront plus grands et complexes, les FOEs plus dangereux et les énigmes plus retorses. Même s'il faut bien dire qu'en la matière, Etrian Odyssey Nexus n'est clairement pas le plus difficile de la série, et qu'il est même très peu inspiré. La faute incombant peut être au fait que la majorité des obstacles et ennemis soient des choses déjà rencontrées dans les titres précédents. Il n'en demeure pas moins que même le nouvel environnement semble reposer davantage sur la surface presque doublée du labyrinthe pour nous ralentir, plutôt que sur de véritables obstacles. Nous faire progresser des couloirs durant des heures sans véritables défis, en nous offrant de temps à autre un raccourci pour notre prochaine expédition donne l'impression d'avoir souvent à faire à des labyrinthes ayant pour but de remplir le jeu, de le meublé, plutôt que de nous offrir des casses-têtes à relever en se creusant les méninges. Heureusement que les nombreux labyrinthes optionnels offrent une bouffée d'air frais en la matière.
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