Alors qu'Intelligent Systems semble avoir abandonné la licence des Advance Wars depuis plus de 10 ans (le dernier en date, Dark Conflict, étant sorti en 2008), pour se concentrer sur la saga des Fire Emblem, c'est un petit studio et éditeur du nom de Chucklefish, auquel nous devons déjà quelques perles comme Starbound, qui a décidé de prendre la relève et de proposer son approche de ce genre bien particulier aux joueurs avec Wargroove.
- Genre : Stratégie, Tour par tour, Indépendant
- Date de sortie : 1er février
- Plateforme : PC, Switch, Xbox One, PS4
- Développeur : Chucklefish
- Éditeur : Chucklefish
- Prix : 16,99 €
- Testé sur PC
Advance Wargroove
Petit cours de rattrapage pour ceux qui n'auraient pas eu le plaisir de jouer aux Advance Wars, étant donné que cela remonte à loin. La recette est simple mais efficace, nous avons une grille rectangulaire et des unités militaires diverses et variées dont l'objectif est généralement de détruire l'ennemi ou de capturer des bâtiments, le tout au tour par tour. Cela diffère de la série des Fire Emblem dans la mesure où vos unités sont génériques, elles ne sont pas uniques ni irremplaçables, et vous ne pouvez pas modifier leur équipement. Les gains d'expérience sont au mieux limités, et totalement absents dans Wargroove. Retirez l'aspect RPG de Fire Emblem, et à la place, introduisez une gestion simple des ressources, dans le cas présent de l'or afin de recruter de nouvelles unités.
Le terrain a une influence non négligeable sur les dégâts subis, mais le facteur le plus important à prendre en compte sera l'extensif système de "Pierre-ciseaux-papier" des unités. L'infanterie de base est peu coûteuse et mobile, de plus elle peut capturer les bâtiments, mais elle se fait piétiner par tout ce qui passe. Les chevaliers sont puissants mais faibles face aux lanciers. Les golems de combat écrasent tout au sol, mais l'artillerie et les unités aériennes vont les ravager. Lesdites unités aériennes vont être tuées instantanément par les mages que des golems ou les chevaliers auraient pu tuer sans difficulté. Vous devriez l'avoir compris, il est impossible de gagner avec un seul type d'unité, il faudra bien gérer ses ressources, le terrain et prendre en compte la composition de l'armée ennemie afin de le contrer et remporter la victoire. C'est simple en théorie et les mécanismes de jeu sont faciles à prendre en main, mais leur profondeur n'est pas à sous-estimer.
Il existe 4 factions dans Wargroove, mais nous n'allons pas nous étaler sur ces dernières car en dehors de leur aspect unique et plein de caractère, toutes leurs unités sont parfaitement identiques en termes de statistiques ainsi que de fonctionnalités. Les soldats humains sont similaires aux squelettes par exemple. Cependant un immense travail a été fait par les développeurs pour animer chaque unité d'une manière unique. Chaque fois qu'il y a un combat ou une prise de bâtiment, une petite fenêtre cinématique s'ouvre afin de nous offrir une vision claire du déroulement du combat, le terrain et les dégâts sont aussi fidèlement reflétés. Cette fenêtre pop-up était d'ailleurs l'élément qui donnait probablement le plus d'identité visuelle aux Advance Wars, et il faut bien dire que cela fonctionne toujours très bien. Ce ne sont plus de vulgaires pixels que vous observez de haut, mais les héros et victimes du moment. Vous pouvez d'ailleurs la désactiver ou la passer une fois que vous vous en serez lassé.
Pour revenir à nos moutons, les fans de gameplay aux factions radicalement différentes (dont StarCraft est un bon exemple) risquent d'être un peu déçu. C'est probablement le seul reproche majeur qu'on puisse faire à Wargroove, et c'est davantage une question de préférences personnelles qu'autre chose. Cela a cependant le mérite d'équilibrer les choses, en particulier en multijoueur. Signalons au passage qu'il est possible d'être jusque 4 à jouer, en local ou en ligne. Les choses vont devenir un peu plus compliquées et variées avec les commandants.
Il faut rendre son os à César...
Il y a un total de 12 commandants uniques dans Wargroove, soit 3 par faction. Présents sur le terrain sous la forme d'unités puissantes, leurs caractéristiques sont toutes identiques, comme pour les unités. De plus, contrairement à ceux d'Avance Wars ils n'ont pas de bonus ni de malus passifs, mais à la place, ils possèdent chacun un pouvoir unique, le fameux "Groove". Ce pouvoir fera souvent toute la différence, et déterminera certainement quels sont vos commandants préférés. Mercia, la principale héroïne du titre, possède un puissant soin de zone ce qui va l'aider à garder ses unités en vie (elle comprise) ce qui, par extension, va aussi préserver sa capacité à maintenir l'offensive. Emeric, son fidèle conseiller, va quant à lui poser un cristal qui va activer une puissante zone défensive sur une large zone. Cela peut sembler moins bien qu'un soin, mais quand on prend en compte le fait que certaines unités sont capables d'infliger un coup critique dans certaines conditions, par exemple lorsqu'elles bénéficient d'un bonus défensif important, cela donne matière à réflexion. César, le chien en armure de la bande, permettra tout simplement aux unités proches de jouer une seconde fois durant le même tour, ce qui peut s'avérer dévastateur avec des trébuchets bien placés. Découvrir les grooves et la meilleure façon de les utiliser au combat est un élément-clé durant la campagne. Signalons au passage que chaque commandant a son propre thème musical, généralement très réussi.
Tout n'est cependant pas si simple, les grooves se chargent lentement, et il faudra envoyer votre commandant au combat et lui faire achever des unités adverses afin de le charger bien plus prestement. Cela ne manque pas d'exposer votre précieux commandant aux coups de l'ennemi, et s'il vient à périr, vous serez alors immédiatement vaincu. Bien que résistant, le commandant est loin d'être invincible, en particulier s'il est exposé à des attaques coordonnées de l'armée et du commandant ennemi. Il faut donc trouver un subtil équilibre entre attaque et défense. L'IA n'a d'ailleurs pas manqué de nous le faire comprendre en nous infligeant quelques défaites surprises de cette manière. Plus d'une fois nous avons été surpris par son efficacité, elle n'hésite pas un instant à placer ses unités juste à la limite de portée de vos unités à distance afin de sniper les unités vulnérables par exemple. Elle a presque un comportement humain par moments. Elle est cependant un peu trop frileuse dans l'utilisation de son commandant, probablement afin d'éviter que les joueurs ne puissent expédier toutes les missions avec une seule embuscade en début de partie. Elle en fait tout de même un peu trop quand elle va planquer toutes ses unités au fond des montagnes alors que sa défaite est déjà scellée.
Groove toi
Wargroove propose une campagne solo bien étoffée qui vous permettra de découvrir en douceur les mécanismes du jeu, puis d'incarner chacun des commandants. L'histoire est on ne peut plus classique, et elle pourrait sortir droit d'un Fire Emblem, mais ce n'est pas ce qui compte. De nombreuses petites scènes pleines d'humour (le tout disponible en français, entre autres) permettent de suivre la progression et les relations entre personnages, qui se résument souvent à se faire la guerre pour apprendre à mieux se connaître. La boucler entièrement vous demandera déjà un moment, obtenir la note maximale sur chaque mission sera un défi, même pour les meilleurs joueurs. Les bonnes choses ne s'arrêtent cependant pas là. Vous allez rapidement débloquer le mode arcade, une série de 5 combats avec chacun des 12 commandants (soit 60 au total) sur des cartes aléatoires, mais avec un adversaire fixe. Cela permettra de découvrir pleinement leurs pouvoirs et leurs contres. Vient ensuite le mode énigme, riche de 25 cartes, qui vous demandera de gagner une bataille casse-tête en un seul tour. Tout cela rien que pour le solo, il est aussi possible de jouer en multijoueur ou contre l'IA sur des dizaines de cartes différentes.
Quand il y en a plus, il y en a encore
Les éléments listés plus haut auraient déjà été plus que suffisants dans un jeu normal, mais il semble que Chucklefish voulait offrir une expérience aussi complète que possible aux joueurs. Un créateur de cartes et même de campagnes très complet est mis à disposition en jeu, et il est simple d'utilisation. Les plus motivés et minutieux pourront même monter leurs propres scénettes et dialogues et obtenir quelque chose d'encore plus ambitieux que la campagne principale si le cœur leur en dit. Le tout peut ensuite être partagé en ligne. À l'heure où nous écrivons ces lignes, les développeurs ont déjà mis à disposition une campagne additionnelle et quelques cartes spéciales additionnelles. Cela paraît étonnant après tous ces éditeurs qui en auraient profité pour vendre tout cela sous la forme de DLC payants. Il ne fait dans tous les cas aucun doute que vous ne manquerez jamais de contenu pour peu que vous n'ayez pas peur de vous tourner du côté de la communauté. Nous avons hâte de découvrir quels défis nous proposeront de relever certains esprits malades. Il convient de signaler que le multijoueur est cross-platform entre le PC, la Switch et la Xbox One (cela devrait aussi inclure le contenu communautaire).
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