Bethesda avait sorti fin 2017 trois de ses titres phares en réalité virtuelle : Doom VFR, Fallout 4 VR et Skyrim VR (PSVR). Ce dernier n'avait toutefois été décliné que sur PSVR, mais, depuis le 3 avril 2018 The Elder Scrolls V : Skyrim VR est enfin disponible sur Steam au prix de 59,99 €, les DLC Dawnguard, Hearthfire et Dragonborn étant compris dans le prix, ce qui est un moindre mal pour un titre qui accuse tout de même déjà 7 ans. Une bonne nouvelle donc pour les joueurs PC, que ce soit sur HTC Vive bien sûr, mais aussi sur Oculus Rift ou Windows Mixed Reality qui sont cette fois-ci officiellement supportés.
Il est donc temps pour les fils de dragon de retourner à Tamriel pour affronter son destin et voir ce que la version PC du RPG à succès de Bethesda a à offrir en réalité virtuelle (testé sur Oculus Rift).
- Genre : RPG
- Date de sortie : 3 avril 2018
- Plateforme : HTC Vive, Oculus Rift, Windows Mixed Reality
- Développeur : Bethesda Game Studios
- Éditeur : Bethesda Softworks
- Prix : 59,99 €
La prophétie (ou là-bas)
On ne vous fera pas l'affront ici de revenir en profondeur sur la présentation de ce qu'est Skyrim, tout un chacun doit aujourd'hui avoir connaissance de ce dont il retourne s'il s'intéresse un tant soit peu aux jeux vidéo. La déclinaison VR du titre est en effet en tout point identique à sa version initiale, si ce n'est qu'elle a été adaptée à la VR et que du coup, cette fois-ci, on se retrouve plongé en plein cœur de l'univers des Elder Scrolls. Et il faut avouer que ce n'est pas rien.
On ne sera donc pas étonné de commencer l'aventure en tant que prisonnier des impériaux, aux côtés d'Ulfrik Sombrage et de ses sbires, dans un chariot en direction d'Helgen où nous sommes destinés à être exécutés. Mais le jarl de Vendeaume est rendu impuissant, car bâillonné pour éviter qu'il utilise le pouvoir de la voix. Bien que nous ne fassions pas partie des Sombrages et que nous ayons simplement été arrêté alors que nous tentions de franchir la frontière, le général Tulius n'aura pas pitié de nous pour autant. Le voleur nordique à nos côtés qui se retrouve également ici par hasard tentera bien de s'enfuir, mais les flèches des elfes Thalmors ne lui permettront pas d'aller bien loin.
Résigné à notre sort, nous nous agenouillerons donc sur le billot jusqu'à ce qu'un dragon vienne interrompre l'exécution et détruise la ville. Ceux-ci avaient pourtant disparu depuis des siècles, comment se fait-il qu'ils réapparaissent aujourd'hui ? Et se pourrait-il que ce dragon soit à la botte des Sombrages et venu libérer leur chef ? Ce sera en tout cas pour nous l'occasion de prendre la fuite en traversant un passage souterrain qui nous permettra de récupérer nos premiers équipements (armures, armes, potions, livres…) avant de rejoindre Rivebois, tout en croisant les premières Pierres Gardiennes. L'aventure se déroule en effet dans la province de Bordeciel, 200 ans après les évènements d'Oblivion.
Nous pourrons alors décrocher nos premières quêtes, principales comme secondaires, ainsi que découvrir que Bordeciel, qui est gouverné par les empereurs enfants de dragon, descendants d'Alessia, depuis des siècles, vient d'entrer dans une guerre civile suite à l'assassinat de son Haut Roi par Ulfrik Sombrage. Celui-ci souhaite en effet libérer Bordeciel de l'emprise de l'Empire qui a interdit le culte de Talos suite au traité de paix signé par l'Empereur avec les Thalmors pour sauver l'Empire, à moins que son seul objectif soit de conquérir le trône. Votre première mission sera de rejoindre la Châtellerie de Blancherive pour prévenir le jarl du retour des dragons. En tant qu'étranger, chacun essayera de vous convaincre de sa bonne foi, alors libre à vous de choisir de rejoindre la Légion Impériale pour défendre la paix ou les Sombrages pour lutter pour la liberté, mais la prophétie a annoncé la venue du Dernier Enfant Dragon (le Dovahkiin) et celle-ci est sur le point de s'accomplir. Mais Alduin, le Dévoreur de Mondes n'a pas l'intention de se laisser faire.
Sky rime avec écaille (de dragon)
Le fait de se retrouver immergé en Bordeciel au milieu de ses montagnes abruptes et de ses paysages à couper le souffle, en plein jour ou sous le ciel étoilé éclairé par les immenses lunes qui planent au-dessus de notre tête, ainsi que de côtoyer tout le bestiaire de Skyrim, les dragons en tête, est indéniablement quelque chose de fort. Mais il faut bien reconnaître malgré tout, aussi beau qu'il soit, le jeu accuse tout de même son âge et ça se voit (3D anguleuse, personnages qui manquent de souplesse, textures fades…). De plus, il s'agit-là d'une adaptation d'un titre qui n'était pas initialement destiné à la VR. Et si le travail réalisé est de très bonne facture, cela n'empêche pas la limitation technique des casques actuels qui, avec leur définition, génèrent un flou regrettable sur tout ce qui se trouve un peu éloigné de nous. On a pu observer aussi de-ci de-là quelques bugs temporaires d'affichage ainsi que des effets de lag dans l'affichage, mais rien de grave, l'ensemble reste très fluide. On ne boudera pas pour autant notre plaisir d'arpenter les terres sauvages de Bordeciel, mais c'est tout de même dommage.
Dès le départ, on nous propose de choisir entre le déplacement libre ou par téléportation. Le premier reprend la technique de la réduction du champ de vision déjà entrevue dans Fallout 4 VR. Bien que le fait d'avoir l'impression de jouer avec un masque de plongée sur la tête n'est pas ce que l'on fait de mieux, c'est très efficace pour éviter le motion sickness et donc pouvoir profiter à fond du déplacement libre qui se fait de manière très intuitive avec les joysticks du Rift. Certains préféreront malgré tout la téléportation, mais ce n'est pas non plus ce que l'on fait de mieux pour l'immersion. Pour notre part, nous avons préféré un déplacement naturel, mais, en revanche, nous avons opté pour une rotation par cran plutôt que fluide, car cette dernière n'a pas été très apprécié par notre estomac. Un menu VR permet à tout moment de tout paramétrer à notre guise : mode de déplacement et de rotation, angle de rotation, vitesse… Chacun pourra donc y trouver son compte sans problème et définir les meilleures options pour bénéficier d'une expérience de jeu optimale. De même, six niveaux de difficulté sont proposés pour s'adapter à tous les profils de joueurs.
- Précision technique : Un petit bug nous ayant bien embêté, nous vous en faisons part, histoire que vous ne viviez pas la même fâcheuse expérience. Si, au lancement du jeu, celui-ci retourne systématiquement sur la SteamVR Home et que vous ne pouvez donc pas y jouer, sachez que cela vient de la version beta de SteamVR. Mais attention, pas de la SteamVR Home ou même du Rift Core 2.0 comme nous l'avons cru au départ, mais bien de SteamVR, dans votre bibliothèque Steam, en dehors de la VR donc. Faites en sorte que SteamVR soit lancé en version classique et tout rentrera dans l'ordre.
La bande sonore, quant à elle, est toujours aussi agréable et le titre est entièrement doublé en français, mais le jeu d'acteur serait bien souvent perfectible. Un petit bémol doit également être mis sur l'inventaire dans lequel il n'est pas toujours facile de s'y retrouver parmi la multitude d'objets que l'on peut transporter (il faut d'ailleurs toujours être aussi attentif à la gestion celui-ci pour éviter de se retrouver ralentit par un surpoids, et des choix devront donc sans cesse être faits). Mais sur PC, contrairement à la version PSVR, nous pouvons bénéficier des nombreux mods proposés pour Skyrim, y compris pour améliorer l'interface ou le rendu graphique, un gros plus par rapport à la version destinée à la console de Sony puisque l'on peut alors peaufiner le jeu à notre envie.
La réalité virtuelle apporte en tout cas une grosse plus-value au titre de Bethesda. Se déplacer au sein de ses cités ou en pleine nature, affronter les différents ennemis, des plus petits aux plus gros, n'a jamais été aussi réaliste. Rien que pour vivre cette expérience, le jeu vaut le détour. Son prix est sans doute un peu élevé pour un titre de 2011, surtout si vous possédez l'original et que vous l'avez déjà écumé en long et en large, mais quel pied de se sentir partie prenante de cet univers. Même pour la nage une astuce d'immersion a été réalisée. En surface, vous vous mouvez comme sur terre, mais sous l'eau il vous faudra tendre les mains en avant puis, en appuyant sur les gâchettes, écarter les bras sur les côtés, comme si vous nagiez, une idée sympathique. Il en est de même pour passer en mode furtivité où l'on peut soit utiliser la manette, soit se baisser réellement, ce qui est bien plus immersif. Sans aller jusqu'à reproduire tous les mouvements de son personnage comme Elliotttate qui dit sur Reddit avoir perdu 5 kilos en 10 jours, il y a moyen de vraiment rentrer dans la peau de celui-ci. Et Skyrim VR se doit d'être joué debout en roomscale pour être le plus réaliste possible, un autre gros atout par rapport au PSVR. On peut même répondre avec notre propre voix aux PNJ en lisant la réponse choisie grâce au mod Dragonborn Speaks Naturally disponible sur NexusMods (on peut modifier la langue dans le fichier ini).
La vérité sort de la bouche des enfants (de dragon)
Au début de l'aventure, en descendant de la charrette, il nous est demandé de décliner notre identité. C'est l'occasion de choisir notre race, notre sexe, ainsi que nos caractéristiques physiques que l'on peut peaufiner à notre guise, comme dans le jeu original. Cela n'a toutefois guère d'importance ici puisqu'en réalité virtuelle nous ne verrons que nos mains. Une étape à laquelle on peut donc s'adonner avec minutie ou bien sauter sans états d'âme. La seule chose qui importe, finalement, c'est la race qui nous octroiera des caractéristiques particulières. Pour rappel, on a le choix entre 10 races différentes : Argonien, Bréton, Elfe des bois (Bosmer), Elfe noir (Dunmer), Haut Elfe (Altmer), Impérial, Khajiit, Nordique, Orque, et Rougegarde. La remarque concernant notre aspect physique s'applique également à nos tenues, nous ne verrons aucune différence visuelle (à part sur les mains) entre porter telle ou telle armure, ce qui enlève un des charmes du jeu, tout RPG qui se respecte accordant de l'importance au look du personnage que l'on construit. Cela est inévitable en VR mais on regrette tout de même de ne pas pouvoir admirer la super tenue que l'on vient d'acquérir.
Niveau gameplay, on retrouve tout l'aspect exploration du titre, ainsi que les combats, en passant par le craft et les dialogues avec les PNJ pour en apprendre davantage sur le lore. Sur ce dernier point, on dispose également de nombreux livres à feuilleter. Le jeu étant un portage, on retrouve ici des manipulations pas très VR comme saisir des objets par une touche ou le choix des réponses dans une liste, mais on peut toujours se tourner vers les mods pour régler cela. Tout au long de l'aventure, des objectifs nous sont assignés pour faire avancer la trame principale, mais aussi de très nombreuses quêtes annexes que l'on peut choisir d'honorer ou de délaisser. Remplir celles-ci permet toutefois d'acquérir de l'expérience ainsi que du butin qui nous permettront d'être plus fort pour affronter les ennemis de plus en plus coriaces qui jalonneront notre aventure. De nombreux donjons sont également au rendez-vous. Et pour nous orienter dans cet immense monde ouvert, on peut recourir à la carte que l'on visionne sous forme de vue aérienne dans laquelle on peut se déplacer pour observer les différents points. Pour ce qui est des compétences, celles-ci pourront être sélectionnées dans 3 arbres : mage, guerrier et voleur.
Le choix de la voie que vous emprunterez dépendra du style de combat que vous voudrez privilégier. Le corps-à-corps est l'option qui nous a paru la moins intéressante. On peut ici alterner entre attaques simples en reproduisant le mouvement avec les contrôleurs et attaques puissantes en opérant de même, mais en maintenant la gâchette enfoncée. Il est également possible de bloquer les coups ou encore de déséquilibrer l'adversaire à l'aide du bouclier. Même si les contrôleurs du Rift (ou du Vive) sont bien plus efficaces que les PS Move du PSVR, on n'a toutefois pas été convaincu par ce type de combat qui nous a donné l'impression de faire de grands moulinets un peu aléatoires avec une immense hitbox permettant de toucher l'ennemi sans faire preuve de grande précision et parfois même en restant assez éloigné. De plus, si les armes à deux mains empêchent de s'équiper d'un bouclier, ce qui semble normal, elles ne sont maniées qu'à une main et laissent donc l'autre libre mais stupidement inutile. Enfin, aucune différence n'est ressentie entre le maniement d'une petite dague légère ou d'une grosse hache bien lourde. En revanche, l'utilisation des arcs ou des arbalètes est bien plus convaincante, et cette fois-ci, il va falloir apprendre à viser correctement. Mais notre coup de cœur reste la magie qui donne vraiment un sentiment de puissance. Utiliser nos mains pour lancer des sorts, chaque main étant indépendante, est vraiment jubilatoire.
Skyrim VR nous offre un terrain de jeu formidable où nous pourrons nous amuser durant de très nombreuses heures, ce qui n'est pas courant en VR, surtout que les trois DLC du jeu sont inclus. Entre la trame principale soignée et les multiples quêtes secondaires, on a vraiment de quoi faire. Bethesda nous montre qu'il est possible de jouer à de vrais jeux en VR, et rien que pour cela, on a envie de leur dire merci. Alors ce n'est certes pas un titre nouveau, mais cela devrait, espérons-le, ouvrir la voie à des projets plus ambitieux développés spécifiquement pour la VR. En tout cas Skyrim VR, démontre le potentiel de la VR dans ce domaine et c'est déjà beaucoup.
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